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Elanco & Proplan

24 février 2025

Chez les teckels, cockers et bouledogues français, les hernies discales ne se présentent pas de la même façon

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Répartition de la localisation anatomique des hernies discales pour trois races chondrodystrophiques, dans une étude rétrospective britannique sur près d'un millier de cas. Les intervalles de confiance à 95 % sont figurés par les barres d'intervalle (Abouzeid et coll., 2025).
Répartition de la localisation anatomique des hernies discales pour trois races chondrodystrophiques, dans une étude rétrospective britannique sur près d'un millier de cas. Les intervalles de confiance à 95 % sont figurés par les barres d'intervalle (Abouzeid et coll., 2025).
 

Une étude rétrospective britannique sur près d'un millier de cas de hernies discales a comparé les âges, localisations et donc la présentation clinique chez trois races populaires : le teckel, le cocker spaniel et le bouledogue français. Il apparaît que chaque race présente un couple âge/localisation qui lui est propre.

Trois races chondrodystrophiques

Les trois races choisies par les auteurs, des spécialistes en neurologie de deux cliniques de référés et des facultés vétérinaires royales de Londres et de Cambridge, ont en commun la prédisposition génétique associée à la maladie discale (extrusion du disque intervertébral) : l'insertion du rétrogène FGF4 dans le chromosome 12. Cette modification génétique est associée à une fréquence accrue d'un facteur 50 de maladie discale. Or, ces trois races ont une popularité croissante et « il n'existe aucune étude comparant les caractéristiques de cette extrusion sur l'ensemble de la colonne vertébrale fonctionnelle, pour ces trois races chondrodystrophiques ».

Données de deux centres hospitaliers

Tous les cas diagnostiqués avec une hernie discale dans les hôpitaux de chacune des deux facultés, entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2020 ont fait l'objet d'une extraction de leur dossier électronique, avec une première sélection sur la race. N'étaient inclus que les cas pour lesquels une imagerie IRM ou la chirurgie avaient confirmé l'extrusion du disque intervertébral. Tous les cas avaient eu un examen neurologique par un spécialiste (note de 1 à 5, avec une note de 1 ou 2 signant un cas ambulatoire, et au-delà un cas non ambulatoire). Si un animal avait présenté deux occurrences confirmées, il était compté deux fois dans l'étude (chaque épisode de maladie discale étant considéré comme indépendant du précédent).

Hernie cervicale du jeune bouledogue…

Il y a eu 937 chiens inclus dans l'étude multicentrique, produisant 947 hernies, classées selon la localisation anatomique de la hernie (voir l'illustration principale) :

  • cervicale (C2/3 à C4/C5), avec C3-C4 le site le plus fréquent pour le bouledogue français, mais la région représente 30 % de leurs hernies (contre 54 % pour la région thoracolombaire) ;
  • cervicothoracique (C5/C6 à T1/T2), où la fréquence des hernies < 10 % dans les trois races ;
  • thoracolombaire (T2/T3 à L3/L4), avec T12-T13 le site le plus fréquent pour le teckel, et T13-L1 pour le cocker ;
  • lombosacrée (L4/L5 à L7-S1), où la fréquence des hernies n'est < 10 % que pour les teckels ;
  •  ou multifocale, si plusieurs avaient été identifiées dans plusieurs régions (un bouledogue français et un teckel).

La moitié des cas étaient des teckels (465/937), un peu plus du tiers (35 %) des bouledogues français et 15 % des cockers spaniels. La répartition des hernies selon la localisation est bimodale pour les bouledogues et les cockers, mais est quasi-exclusivement thoracolombaire pour les teckels.

Teckels plus souvent non ambulatoires

L'âge moyen à la survenue de l'épisode était significativement différent : 7,6 ans pour les cockers, presque 6 ans pour les teckels et un peu moins de 4 ans pour les bouledogues français. Il n'y a que chez le cocker que l'âge à la survenue de la hernie était comparable pour toutes les localisations. La raison pour les différences d'âge de survenue entre les races n'est « pas claire », aussi les auteurs proposent-ils un effet de la génétique, autre que via le gène FGF4. Chez le teckel comme le bouledogue, la localisation thoracolombaire correspondait aux sujets les plus jeunes. « Toutes localisations confondues, la proportion la plus élevée de chiens non ambulatoires a été observée chez les teckels (62 %) », devant le bouledogue français (52 %) et le cocker (47 %). « Dans la région thoracolombaire cependant, le bouledogue français était la race présentant la plus forte proportion de chiens non ambulatoires (76,7 %) ». Ces fréquences, notent les auteurs, ne sont pas en faveur du constat « anecdotique circulant chez les chirurgiens et neurologistes, que les bouledogues français souffriraient de hernies discales plus sévères » que les autres races.

À chaque race, sa localisation à risque

Lorsqu'ils réalisent une analyse multivariée pour la localisation de la hernie en fonction de la race, les auteurs observent :

  • que le sur-risque de hernie cervicale est, pour un bouledogue français, x 18 par rapport à un teckel et x 2 par rapport à un cocker ;
  • que le sur-risque de hernie thoracolombaire est, pour un teckel, x 10,5 par rapport à un bouledogue français et x 11 par rapport à un cocker ;
  • que le sur-risque de hernie lombosacrée est, pour un cocker, x 7 par rapport à un teckel et x 2 par rapport à un bouledogue français.

Ainsi, la présentation clinique des hernies discales est différente dans ces trois races, à la fois pour l'âge de survenue de la hernie et pour la région anatomique la plus susceptible d'être affectée.