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Elanco & Proplan

3 mars 2025

Obésité, parodontite, tumeurs : ce qui guette les beagles

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

L'obésité est fréquente chez les beagles, devenus des chiens de compagnie plutôt que des chiens de chasse (cliché Pixabay).
L'obésité est fréquente chez les beagles, devenus des chiens de compagnie plutôt que des chiens de chasse (cliché Pixabay).
 

Pourquoi le beagle ? Race créée pour la chasse, et beaucoup utilisée pour la recherche, le beagle représente désormais une race très populaire parmi les chiens de compagnie. Il est réputé pour sa bonne santé, avec peu de maladies héréditaires notamment, et des chercheurs du Royal Veterinary College de Hatfield (au nord de Londres) ont donc mené une large étude épidémiologique dans le cadre du programme VetCompass pour l'étayer scientifiquement. Ils publient leurs résultats en libre accès dans BMC Veterinary Research.

Près de 1 % des chiens britanniques

Le premier objectif de l'étude était de fournir des données démographiques sur la race.

Sur le même principe méthodologique que les autres études du programme, les dossiers médicaux des chiens suivis dans les cliniques généralistes adhérentes sur une année – 2019 en l'occurrence – ont été récoltés.

Parmi les 2,250 millions de chiens vus en consultation cette année-là, 19 906 sont des beagles, ce qui permet d'estimer que ces chiens représentent 0,88 % de la population canine dans le pays, confortant ainsi la popularité de la race.

L'analyse par date de naissance, et le calcul des proportions de beagles parmi les chiens nés la même année sur 2005-2019, montrent bien une popularité croissante, car cette proportion est de 0,41 % en 2005, puis augmente pour atteindre le pic de 1,06 % en 2012. Elle redescend ensuite doucement, s'établissant à 0,90 % en 2019.

En France, le beagle pointe à la 13e place en 2024 dans le classement des chiots de race (LOF), rang qu'il occupait déjà en 2023, voir LeFil du 29 janvier 2025).

Plus de mâles, et entiers

Ces beagles sont des mâles en majorité (66 % contre 47 % de femelles). Et ils sont significativement moins souvent stérilisés que les chiennes (à 64,5 % contre 69 %).

Ils ont près de 5 ans en médiane ; leur poids médian à l'âge adulte (18 mois au moins) est de 18,2 kg.

Les mâles sont 3 kg plus lourds que les femelles : 19,7 contre 16,6 kg. La différence persiste en incluant les chiots. L'analyse montre que les chiots grossissent rapidement la première année, mais continuent à prendre du poids jusqu'à l'âge de 3-4 ans.

Un risque important d'obésité

Les dossiers médicaux d'un échantillon sélectionné au hasard de 3 700 beagles (près de 20 % du groupe initial) ont ensuite été analysés plus spécifiquement, afin de déterminer les maladies les plus fréquentes dans la race (maladies diagnostiquées ou suivies en 2019).

Au moins une maladie touchait ici la plupart des chiens (3 072 dans la cohorte), et 2 en médiane, sans différence entre les mâles et les femelles. Car les prédispositions sexuelles étaient particulièrement recherchées par les auteurs de l'étude.

Les maladies ou troubles les plus fréquents sont ainsi :

  • L'obésité (24,27 % des chiens alors que la prévalence globale dans la population canine est estimée à 7,1 % dans le pays),
  • La maladie parodontale (17,78 %, contre 12,52 % dans la population générale),
  • Des anomalies des griffes (excroissances, 11,61 %),
  • Une otite externe (11,18 %),
  • Une impaction des glandes anales (10,59 %).

Un lipome est également fréquent (prévalence de 5,5 %), ce qui justifie, selon les auteurs, de détecter et évaluer toute masse suspecte.

Des variations significatives selon le sexe du chien sont identifiées, les chiennes étant plus sujettes à la maladie parodontale, l'impaction des glandes anales, les complications des plaies chirurgicales et les infections urinaires. Les chiens mâles sont plus souvent concernés par les complications postopératoires et les crises épileptiformes.

En groupant les maladies par appareil ou système, les maladies les plus fréquentes sont les suivantes :

  • Obésité encore,
  • Troubles dentaires (21,48 %),
  • Affections auriculaires (13,62 %),
  • Anomalies des phanères (13,14 %),
  • Maladies des glandes anales (11,10 %).

Les auteurs proposent ainsi aux vétérinaires de sensibiliser les propriétaires à ces risques, et de favoriser particulièrement le contrôle du poids (notamment chez les individus stérilisés) et une bonne hygiène buccodentaire, afin de prévenir le surpoids et la parodontite.

Les beagles sont souvent des chiens actifs (les propriétaires leur proposant généralement un bon niveau d'exercice physique). Et leur prédisposition à l'obésité est exploitée dans le domaine de la recherche, comme modèle d'étude pour l'obésité humaine.

Les chiennes vivent 1 an de plus

Enfin, les cas de décès en 2019 (n=322) ont permis d'évaluer la durée de vie et les causes de mortalité chez les beagles.

Les résultats montrent que l'âge médian au décès est de 11,28 ans, ce qui conforte aussi la relative bonne santé générale des beagles. Sur ce point, les auteurs soulignent que le beagle conserve l'intérêt des propriétaires, attirés par ailleurs par les races brachycéphales, aux nombreux troubles liés à leur morphologie, et par les croisés hybrides (chiens designers), dont la bonne santé reste à prouver.

Toutefois, la longévité des chiennes est significativement supérieure, avec un âge au décès de 11,70 ans contre 10,75 ans pour les mâles, soit environ 1 an de différence.

Sensibiliser au risque tumoral

Lorsque la cause de la mort était précisée (296 cas sur les 322), l'analyse montre que les tumeurs sont les plus souvent en cause (19,26 % des cas de décès), devant la présence d'une masse (sans précision sur sa nature tumorale ou non, 13,18 %), une dégradation de la qualité de vie (12,84 %) et des troubles cérébraux (6,76 %).

Les auteurs en concluent que bien que les maladies tumorales soient des causes courantes de décès chez les chiens indépendamment de la race, les propriétaires de beagles pourraient être informés de ce risque en particulier pour leur chien.