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Elanco & Proplan

25 février 2025

Une dystocie touche 15 % des chattes sans variation significative selon les races

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

Les résultats de cette enquête peinent à identifier des races plus à risque de dystocie et de césarienne, ou de malformations congénitales (cliché Pixabay).
Les résultats de cette enquête peinent à identifier des races plus à risque de dystocie et de césarienne, ou de malformations congénitales (cliché Pixabay).
 

Une dystocie peut résulter de diverses causes, fonctionnelles ou obstructives. Et dans l'espèce féline, sa prévalence est rapportée comme plus élevée chez les chats de race. Compte-tenu de la popularité croissante du chat comme animal de compagnie, et de la demande croissante en chaton de race qui en résulte, des chercheurs de l'école vétérinaire d'Édimbourg en Écosse, ont mené une étude pour évaluer la prévalence de la dystocie selon les races, et ses facteurs de risque.

Une large enquête internationale a ainsi été réalisée auprès d'éleveurs félins, et ses résultats sont publiés en libre accès dans le JFMS.

Près de 500 répondants et 900 mises-bas

Le questionnaire d'enquête a été largement diffusé en ligne, et promu notamment par l'International Cat Care (association à laquelle est rattachée l'International society of feline medicine, ISFM). Il était réservé aux éleveurs professionnels et est resté ouvert sur une longue période : avril 2020 à décembre 2021. Il portait sur toutes les mises-bas survenues en 2019. Une précédente enquête, du même format, datait de 2006.

La présente enquête a récolté 484 réponses d'éleveurs de divers pays (à 28 % du Royaume-Uni), souvent expérimentés (plus de 15 ans d'expérience à 38 %), ayant décrit 892 mises-bas.

Seules les races totalisant au moins 10 portées ont été retenues pour les analyses comparatives, soit 18 races (sur les 45 représentées), lesquelles rassemblent 768 portées et 3215 chatons.

Naissance assistée à 34 %

Dans plus d'un tiers des cas (34 %), une assistance a été nécessaire pour la mise-bas, réalisée par l'éleveur ou par un vétérinaire. Une dystocie au sens strict, c'est-à-dire nécessitant une intervention vétérinaire, a concerné 127 mises-bas, soit près de 15 % des cas.

La prise en charge vétérinaire de la dystocie est principalement médicale (administration d'ocytocine, de glucose, de calcium) ou chirurgicale (césarienne). Ici, une intervention chirurgicale a été la plus fréquente : 91 cas soit 10,2 % de l'ensemble des mises-bas. Ce taux était de 8 % en 2006.

Le taux de césarienne varie beaucoup selon les races, de zéro chez le korat ou le neva masquerade (un variant du sibérien) à 22,2 % chez le cornish rex. Le taux est également élevé chez le burmese (20,8 %) et le siamois ou races sœurs (20 %), mais il est très faible chez le persan ou le ragdoll (moins de 3 %). Toutefois ces différences ne sont pas significatives.

3 facteurs de risque de césarienne

Plusieurs facteurs augmentant le risque de césarienne ont été identifiés :

  • L'âge de la chatte avec une diminution linéaire, le taux de césarienne étant de 6,5 % chez les 5 ans et plus contre 15 % chez celles âgées de moins de 3 ans ; toutefois, les reproductrices sujettes à dystocie sont susceptibles d'être réformées plus tôt, ce qui peut expliquer en partie la différence ;
  • La taille de la portée selon une diminution linéaire aussi, avec 10 % de césariennes lorsque la portée compte plus de 6 chatons contre 18 % lorsqu'il y en a moins de 3, potentiellement en raison de la taille des fœtus (mais le taux est de 8,7 % pour les portées moyennes de 4 ou 5 chatons, ce qui est cohérent avec les résultats d'autres études) ;
  • La durée de gestation suivant une courbe non linéaire, mais avec un risque minimal à 64 jours qui augmente ensuite progressivement.

L'expérience de l'éleveur n'en est pas un.

Bien que la race ne soit pas un facteur de risque, la durée de gestation peut varier selon elle (65 jours en moyenne) ; elle est prolongée chez le ragdoll, le siamois, le cornish rex, et raccourcie chez le korat, le sacré de Birmanie, le bengal.

De même, le nombre de chatons par portée varie aussi ; il est plus élevé chez le burmese ou le norvégien et plus faible chez le persan ou l'abyssin. La moyenne se situe à 4,5 chatons.

L'obésité est un facteur de risque selon d'autres travaux, mais il n'a pas été évalué ici.

Les malformations, plus fréquentes dans les grandes portées

Des troubles congénitaux, notamment des malformations, sont rapportées au sein de 11 % des portées (contre 14 % en 2006), le plus souvent chez le devon rex (près de 23 %) ou le sphynx (21 %) et peu chez le ragdoll (2,6 %) ou le persan (4,5 %). Mais ici encore, les différences selon les races ne sont pas significatives.

Les anomalies les plus fréquentes sont la fente palatine, l'omphalocèle, les malformations des membres.

La taille de la portée représente le principal facteur de risque de troubles congénitaux, leur taux passant de 9 % sous 5 chatons à 14 % pour les plus de 6 (ce qui était déjà observée dans l'étude précédente). Il est alors possible que les races aux portées plus nombreuses soient indirectement plus à risque.

L'association avec la durée de gestation n'est pas linéaire, et aucune association n'est observée avec l'âge de la chatte ou l'expérience de l'éleveur.

L'expérience de l'éleveur ne réduit pas la mortalité

Une dystocie augmente le risque de décès des chatons in utero (par hypoxie), mais aussi des nouveau-nés. L'enquête s'est intéressée au taux de mortalité des chatons jusqu'à l'âge de 12 semaines (en incluant les chatons mort-nés).

Des différences sont observées selon les races. Le taux de mortalité est ainsi le plus élevé chez le bengal (23 %), le sphynx (22 %), le sacré de Birmanie (19 %). Il est le plus bas chez le cornish rex et le ragdoll (7 % environ).

Le taux est de 15 % chez le persan, en diminution par comparaison avec les données de 2006, potentiellement en lien avec le dépistage de la polykystose rénale et l'élimination des reproducteurs à risque. Cette sélection a pu également influencer le risque de dystocie, en baisse aussi dans cette race.

Quelques différences significatives sont observées, montrant un taux plus bas chez le ragdoll et le norvégien (9,5 %) par comparaison au bengal et aux british shorthair et longhair (18 %).

Le plus souvent, le décès survient à la naissance ou durant la première semaine de vie. Des mortalités tardives (8 à 12 semaines) n'ont été observées que dans 5 races : ragdoll, norvégien, maine coon, british shorthair/longhair, siamois (ou races sœurs).

La mortalité des chatons est d'autant plus faible que la mère est âgée. Elle est en revanche significativement supérieure lors de césarienne, ou lors de troubles congénitaux, ce qui n'est pas une surprise et est indépendant des risques infectieux qui touchent les chatons plus tard sauf défaut de prise colostrale.

L'association avec la taille de la portée est inégale. L'expérience de l'éleveur n'influence pas non plus la mortalité, contrairement à ce qui aurait pu être supposé.

Pour affiner ces observations, l'étude comparative de gestations et portées de chats sans pedigree serait intéressante à mener.