titre_lefil
Elanco & Proplan

6 décembre 2024

Jouer chaque jour avec son chat. Pourquoi non ?

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

L'un des freins identifiés chez les propriétaires est la préférence de leur chat pour d'autres jeux ou jouets qu'un plumeau (cliché Pixabay).
L'un des freins identifiés chez les propriétaires est la préférence de leur chat pour d'autres jeux ou jouets qu'un plumeau (cliché Pixabay).
 

Avec la popularité grandissante des chats comme animaux de compagnie, mais aussi les recommandations à les garder à l'intérieur de l'habitation (sans accès à l'extérieur), pour les protéger mais aussi pour protéger la faune sauvage de ces (terribles !) prédateurs, la problématique de leur bien-être se pose.

Fournir un exutoire aux instincts de chasse

Pour sa santé physique et mentale, le chat a besoin d'exprimer ses comportements naturels, notamment de prédation. À défaut, il est susceptible de développer des troubles du comportement. Dans cet objectif, lui procurer des sessions interactives de jeu est supposé lui fournir un exutoire à ses instincts de chasse. Des séquences courtes mais fréquentes sont bénéfiques également à l'attachement mutuel du propriétaire à son animal.

Selon de précédentes études, une minorité de propriétaires joueraient ainsi quotidiennement avec leurs chats. Et nombre d'entre eux fournissent des jouets non interactifs, avec lesquels le chat joue seul (une balle par exemple). Inversement, ceux qui jouent de manière interactive, qui décrivent leur chat comme joueur, évalue le niveau de bien-être de leur chat comme plus élevé.

Une nouvelle étude a donc été menée par l'International Cat Care (iCatCare, association à laquelle est rattachée l'ISFM), afin de comprendre les raisons pour lesquelles certains propriétaires ne jouent pas chaque jour avec leur chat, de manière appropriée, c'est-à-dire avec un jouet interactif de type plumeau (plume ou objet au bout d'une baguette, que le chat doit attraper), qui reproduit le comportement de prédation. Ses résultats sont publiés en libre accès dans Applied Animal Behaviour Science.

Les freins selon le modèle COM-B

Pour identifier ces obstacles, les auteurs se sont appuyés sur la « roue du changement de comportement » de Michie et al., dont le cœur est le modèle COM-B : COM pour Capacité, Opportunité, Motivation, et B pour behaviour (comportement). Cet outil permet de déterminer des actions qui seront efficaces pour atteindre un objectif en changeant le comportement d'une personne ou d'un groupe de personnes. Capacité (psychologique et physique), opportunité (physique et sociale) et motivation (intention, plaisir…) sont les 3 conditions à remplir pour y parvenir, et de manière durable.

Ici, le comportement cible est de jouer quotidiennement avec son chat, avec un jouet interactif (de type plumeau), tous les jours pendant 5-10 minutes.

Surtout des répondantes, mais de divers âges et nationalités

Le questionnaire de l'enquête a été conçu d'après les données de la littérature et les résultats de réflexions préalables en focus groupes avec des propriétaires de chats et des professionnels travaillant avec des chats (vétérinaires, ASV, éleveurs).

Il était disponible en ligne de fin mai à mi-juin 2023. Il a permis d'évaluer le comportement actuel de jeu du propriétaire avec son chat (fréquence, technique…), puis ses capacité, opportunité et motivation associées, ainsi que ses connaissances de l'importance du jeu interactif, et de la nécessité de le proposer quotidiennement.

L'avis du propriétaire sur le niveau de qualité de vie de son chat ainsi que son comportement (notamment les problèmes de comportement), et sur leur attachement mutuel, a également été recueilli.

Près de 1600 réponses exploitables ont été analysées (1599 exactement), de personnes vivant dans divers pays (47), en Europe et sur le continent américain essentiellement, des femmes à 93 %, mais de divers âges. La majorité possédait 1 (39 %) ou 2 chats (31 %).

21 % des répondants ont déclaré que leur chat présentait des problèmes de comportement modérés ou graves, et 41 % des chats chassaient.

8 propriétaires sur 10 ont joué durant la quinzaine passée

Près de la moitié des répondants (47,5 %) possède un jouet de type plumeau, et l'utilise régulièrement. Et 40,5 % supplémentaires en possèdent un aussi, mais l'utilisent occasionnellement.

Ainsi, 80 % ont joué avec leur chat au cours des 2 semaines passées (n=1287). Et parmi eux, 29 % ont joué chaque jour, 53 % ont joué plusieurs fois (mais pas quotidiennement), et 18 % une ou deux fois seulement.

Les joueurs réguliers sont informés des besoins des chats

Les propriétaires qui utilisent régulièrement un jouet de type plumeau, et qui plus est ceux qui jouent quotidiennement, sont significativement mieux informés de l'importance du jeu interactif, de sa fréquence (chaque jour) et des techniques de jeu (adaptées aux besoins du chat).

Ils présentent également moins de freins à jouer quotidiennement, au moins 5-10 minutes. Ceux qui possèdent le jouet, mais ne l'utilisent pas, manquent de motivation à le faire. Et ceux qui n'en ont pas ne connaissent pas le bénéfice d'entretenir un comportement de jeu chez leur chat.

Lien entre jeu et qualité de vie

Les joueurs réguliers, et les joueurs quotidiens, estiment également bien plus souvent la qualité de vie de leur chat comme très bonne (et rarement bonne ou moyenne). Pour les joueurs occasionnels, la qualité de vie est plutôt bonne. Ceux qui ne possèdent pas de jouet interactif estiment plus souvent cette qualité de vie comme moyenne.

Enfin, un comportement agressif du chat durant le jeu (mord ou griffe le propriétaire) est moins fréquent avec des jouets interactifs.

Le comportement de chasse n'a pas de corrélation avec l'usage général de jouet interactif. Toutefois, ce jeu semble freiner ce comportement : il est moins fréquent chez ceux ayant joué durant les 15 jours précédents.

Principaux freins

Les réponses ont permis d'identifier les principaux obstacles à un jeu quotidien.

  • Capacité : fatigue physique (22 %), fatigue mentale (23 %), oubli (19 %), méconnaissance de ce besoin individuel pour les multipossesseurs (15 %).
  • Opportunité : manque de temps, pour des raisons professionnelles (23 %) ou privées (10 %).
  • Motivation : incapacité d'en faire une habitude (39 %), « la vie en a décidé autrement » (28 %), préférence du chat pour un autre jouet (23 %) ou d'autres activités (19 %).

Jouer avec son chat : mode d'emploi

Selon les auteurs, identifier ces barrières permettra aux vétérinaires ou à d'autres professionnels comme les éleveurs, les comportementalistes… de mieux conseiller les propriétaires de chats sur la conduite à tenir ou les modifications à apporter à leurs interactions ludiques avec leurs chats.

Les répondants ont également été invités à répondre à une seconde enquête, une fois mis en œuvre des changements visant à obtenir le comportement de jeu attendu. Les résultats sont à venir.