12 décembre 2024
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La transmission du virus SARS-CoV-2 est essentiellement interhumaine. Dès le début de sa circulation, en 2019, le risque zoonotique que représentent les animaux domestiques a toutefois posé question. Diverses études ont effectivement montré une sensibilité des chiens et surtout des chats. Les cas d'une éventuelle contamination de propriétaires par leurs animaux restent plus qu'anecdotiques. Néanmoins, le nombre de foyers possesseurs de ces animaux, et la proximité entretenue avec eux, méritait une évaluation plus précise de ce risque. En France, l'Agence nationale de la recherche (ANR) a donc financé une étude sérologique de grande envergure, dont les résultats sont publiés en libre accès dans Zoonoses and Public Health.
Les cliniques vétérinaires participantes sont réparties sur l'ensemble du territoire métropolitain, à l'exception de la Corse. Un total de 5613 animaux a été inclus dans l'étude : 2036 chats et 3577 chiens, sans critère d'inclusion ou d'exclusion particulier. Les prélèvements sanguins avaient été réalisés pour analyse, à l'occasion d'un bilan de santé ou à visée diagnostique.
L'étude s'est déroulée d'octobre 2020 à juin 2021, couvrant ainsi le pic de la seconde vague d'infection dans le pays, puis le début et le pic de la troisième vague, et la période d'émergence des premiers variants viraux.
La séroprévalence globale est ainsi établie à 7,1 % (401/5613).
Elle est significativement plus élevée chez les chats : 9,3 % (189/2036) versus 5,9 % chez les chiens (212/3577). Cette différence pourrait s'expliquer par des paramètres biologiques ou comportementaux spécifiques d'espèce. Les dossiers médicaux ne comportaient pas d'information sur l'environnement de vie des animaux, ce qui ne permet pas de rechercher les facteurs de variations interespèces. La présence de personnes infectées dans le foyer a été rapporté comme un facteur de risque dans d'autres études, en faveur d'une infection de l'homme vers l'animal.
La séroprévalence ne varie pas selon le sexe des animaux (globalement comme par espèce). Elle diminue en revanche avec l'âge, chez le chien comme chez le chat : odds ratio de 0,91 pour une année de plus chez le chat, et de 0,95 par année de plus chez le chien. Il est difficile de savoir si ces différences résultent d'une sensibilité supérieure des jeunes animaux, ou d'un changement de comportement avec l'âge, impactant l'exposition au virus, ou encore d'une baisse des réactions immunitaires chez les individus séniors.
Parmi les échantillons positifs, 308 ont été tirés au sort et testés pour la présence d'anticorps neutralisants. Les résultats montrent la production de tels anticorps à seulement 26,3 % (81/308), les chats étant plus susceptibles de développer de tels anticorps (34 % contre 19,5 % chez les chiens)
Dans les études précédentes, la séroprévalence chez ces animaux était très variable, selon le pays et les techniques d'analyse. Elle était très dépendante aussi de la période d'échantillonnage (1e ou seconde vague…). Ici, en ne considérant que les animaux âgés de plus de 1 an (potentiellement exposés, n=4174), les résultats ne montrent pas de différence dans le temps pour les chats, ce qui pourrait être lié à une faible persistance des anticorps et ainsi une sous-estimation de l'exposition au virus.
Chez les chiens, la séroprévalence a tendance à augmenter avec le temps, avec un pic au moment de la troisième vague d'infection (avril 2021).
Les auteurs de cette étude en retiennent que la prévalence élevée mesurée justifie une certaine prudence des propriétaires de chiens et de chats vis-à-vis du risque zoonotique qu'ils représentent en matière de Covid (éviter les contacts avec les animaux du foyer lors d'infection). La surveillance de ce risque de la part des pouvoirs publics est de mise aussi, en lien avec les possibilités de mutation du virus consécutives à la transmission interespèces.
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