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Elanco & Proplan

22 avril 2025

Antibiothérapie des infections urinaires des chiens et chats : quelle durée ?

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude de l'ensemble de la littérature consacrée au traitement des infections urinaires des chiens et des chats espérait pouvoir désigner une durée de traitement antibiotique scientifiquement fondée. Ses auteurs, déçus par la paucité des études vétérinaires sur le sujet, s'accordent au final avec les recommandations de l'ISCAID : de 3 à 5 jours de traitement. Cliché : DR.
Une étude de l'ensemble de la littérature consacrée au traitement des infections urinaires des chiens et des chats espérait pouvoir désigner une durée de traitement antibiotique scientifiquement fondée. Ses auteurs, déçus par la paucité des études vétérinaires sur le sujet, s'accordent au final avec les recommandations de l'ISCAID : de 3 à 5 jours de traitement. Cliché : DR.
 

L'adage « utiliser les antibiotiques aussi peu que possible et autant que nécessaire », qui sous-tend la communication vétérinaire sur les usages « prudents et responsables » de ces molécules trouve parfois sa limite. C'est en particulier le cas pour les infections du tractus urinaire (ITU) du chien et du chat, comme vient de le montrer une « revue systématique avec méta-analyse » publiée ce mois d'avril. Au terme de ce volumineux travail, les auteurs ne disposent en effet pas d'assez de données pour recommander une durée de traitement… laissant la place au consensus des experts – qui recommandent depuis 2019 une antibiothérapie de trois à cinq jours.

Vers des traitements plus courts

Leur objectif était de pouvoir fournir des recommandations, en termes de durée de traitement, pour les ITU des chiens et des chats. Car pour ces pathologies (ITU simples ou cystites sporadiques), « les recommandations reposent souvent sur des études d'humaine, et il existe peu de données spécifiques aux chiens et aux chats ». Ils expliquent avoir choisi ces pathologies car les recommandations de l'International Society for Companion Animal Infectious Disease (ISCAID) ont nettement évolué en la matière :

Pour les auteurs, cette dernière mise à jour « a surtout mis en évidence l'absence de preuves vétérinaires à l'appui des durées recommandées ». Aussi se sont-ils lancés dans la revue de la littérature en espérant pouvoir répondre à la question : « les traitements antibiotiques de courte durée sont-ils aussi efficaces pour traiter les infections urinaires simples (mesurées par la guérison clinique ou microbiologique) chez les chiens et les chats, que les traitements antibiotiques de plus longue durée ? »

Plus de 2 000 publications…

Pour leur revue systématique, ces auteurs, des spécialistes de la bibliométrie, de la santé publique et d'infectiologie, ont passé au crible quatre bases de données de références scientifiques (Medline, Scopus, Embase et CAB abstracts). Ils n'ont pas limité l'ancienneté des publications (mais leur travail porte sur les travaux publiés à octobre 2024), ni la langue. Ils ont exclu les travaux qui n'ont pas été publiés dans des revues scientifiques avec relecture par les pairs, les séries de cas, les cas cliniques, et les publications où le résultat du traitement n'était pas clairement évalué (mention de la guérison, clinique ou microbiologique). Ils obtiennent au final 2 324 références, mais une fois que les critères d'exclusion leur ont été appliqués, il n'en restait plus que… quatre. Pour l'une d'elles, les données publiées étaient incomplètes. Ses auteurs ont été contactés, mais faute de réponse de leur part, elle a été écartée…

… mais 54 animaux !

Au bilan, leur méta-analyse porte donc sur trois études (deux sur les chiens et une sur les chats) qui, prises ensemble, portent au total sur 54 animaux. Ce qui fait peu pour bâtir des recommandations scientifiquement fondées… Même si elles portent toutes trois sur des inoculations expérimentales, sur chiens et chats de laboratoire. Et toutes trois datent d'avant 1990. Les molécules utilisées (amoxicilline, sulfamides potentialisés, amikacine) et les durées (de 1 à 21 jours) étaient variables. Toutes trois ont comparé, pour une même molécule donnée, deux durées de traitement (1 et 3 jours, 3 et 14 jours, 1 et 21 jours). Et comme il s'agit d'inoculations expérimentales, le risque de biais (ne pas refléter les conditions naturelles d'occurrence des ITU) est élevé. C'est donc sans réelle surprise que, lorsqu'ils appliquent rigoureusement les modes de calculs de la méta-analyse à ces données, les auteurs observent « des taux de guérison d'autant plus faibles que la durée de l'antibiothérapie est brève, mais sans atteindre de signification statistique » par rapport aux durées prolongées.

Pour les auteurs, « ces résultats ne contredisent en rien les lignes directrices actualisées de l'ISCAID, qui recommandent une antibiothérapie de 3 à 5 jours pour traiter les infections urinaires sporadiques chez les chiens et les chats », et qui rejoignent les recommandations de la médecine humaine, solidement documentées. Ils proposent tout de même que, « afin de formuler des recommandations cliniques claires pour les vétérinaires, [soient] men[ées] des études supplémentaires de haute qualité en milieu vétérinaire ».