18 avril 2025
6 min

Bienvenue sur LeFil.vet
L'accès au site web nécessite d'être identifié.
Merci de saisir vos identifiants de connexion.
Indiquez votre email dans le champ ci-dessous.
Vous recevrez un email avec vos identifiants de connexion.
17 avril 2025
La peur n'est pas synonyme de danger : enquête sur la terreur que déclenchent certains animaux
Depuis des millions d'années, l'homme a appris à se méfier des animaux potentiellement dangereux, mais les humains expriment également des réactions négatives irrationnelles à l'égard d'espèces inoffensives. Des chercheurs français en anthropologie ont tenté d'identifier les animaux les plus « effrayants » pour l'homme, en tenant compte de l'influence de facteurs géographiques et socioculturels.
Une enquête internationale en ligne a ainsi été ouverte d'avril 2020 à septembre 2021 ; les 17 353 participants (62 % de femmes, 38 % d'hommes) ont sélectionné les images des animaux qu'ils craignent le plus, en les hiérarchisant. Ils vivaient sur tous les continents, leur âge moyen était de 35,7 ans (extrêmes : 3 à 100 ans) et la majorité (56 %) n'avait déclaré aucune phobie animale particulière.
Les participants étaient d'abord plongés dans un récit où ils imaginaient être perdus dans la nature. Chaque fois que des animaux apparaissaient à l'écran, ils devaient cliquer sur l'animal qui les effrayait le plus et atteindre un poste de secours où ils fournissaient des informations pour être secourus. Le profil socioculturel des participants était dressé en renseignant le sexe, l'âge, le lieu de résidence, l'origine géographique des parents, le niveau d'études, les connaissances naturalistes, les principaux centres d'intérêt et le genre de film préféré.
Des images de 184 espèces animales reconnaissables par des non-spécialistes ont ensuite été présentées. Chaque participant devait choisir l'image qu'il trouvait la plus effrayante parmi 25 paires sélectionnées au hasard dans une collection de 221 photos en couleur. Le temps pour choisir a été enregistré.
Les résultats de l'enquête ont permis d'établir une « échelle de la peur », incluant 184 espèces animales différentes.
Ils montrent que le niveau de danger potentiel des animaux présentés a influencé le temps de décision des participants. Ainsi, le temps de réponse était plus long quand il s'agissait de deux prédateurs que lorsque le choix devait se faire entre un prédateur et un animal « inoffensif ».
Les animaux suscitant le plus de peur sont les crocodiles, sélectionnés très rapidement par les participants (en 2,9 sec. en moyenne). La probabilité de sélection des crocodiles augmente avec l'âge, allant de 50 % pour les enfants de 6 à 12 ans, à 81 % pour les personnes de plus de 65 ans.
La peur des crocodiles varie aussi avec le lieu de résidence : la probabilité qu'ils viennent en tête des animaux jugés effrayants est de 75 % en Europe contre 65 % en Amérique latine et dans les Caraïbes. Étonnamment, la probabilité de sélection des crocodiles par des Européens est similaire à celle des Africains, alors qu'il n'y a pas de crocodiles sauvages en Europe.
Les crocodiles sont jugés beaucoup plus effrayants que les grands félins, mais le jaguar figure quand même dans le haut de la liste des animaux les plus craints, avec les serpents et l'hippopotame.
Par ailleurs, des animaux a priori inoffensifs pour l'homme, tels que les chauves-souris et les lézards, ont été plus souvent sélectionnés que des animaux objectivement plus dangereux pour l'homme, tels que les félins, les hyènes ou les ours.
Parmi les 184 espèces présentées, les lapins sont considérés comme les plus inoffensifs.
Les participants à l'étude ont aussi dû choisir l'animal qui les effrayait le plus dans un groupe de 8 espèces classées par les auteurs selon leur niveau de danger potentiel : 2 prédateurs (le tigre et l'ours noir américain), 2 animaux jugés « potentiellement dangereux pour l'homme » (l'aigle des Philippines et le drill, un primate proche du babouin), 2 animaux jugés « non-dangereux pour l'homme » (le loup roux et la chauve-souris de Schneider), et 2 animaux faisant souvent l'objet de phobies : une araignée (l'araignée-loup) et un serpent (la vipère du Gabon).
L'araignée-loup et la vipère du Gabon ont toutes les deux été choisies par 26,7 % des participants, suivies par le tigre (20,4 %), l'ours noir (13,3 %), la chauve-souris (6 %), le drill (6 %), le loup (0,5 %), la chauve-souris (0,5 %) et l'aigle (0,4 %). Les participants associaient les animaux dangereux, tels que la vipère du Gabon, à « la peur d'être tué ou blessé ». Ils ont également mentionné « la peur d'être mangé » à propos du tigre ou de l'ours noir.
La variété des espèces animales présentées a mis en évidence que le fait d'être un prédateur ou un animal dangereux ne suffit pas à expliquer la peur engendrée.
Seulement 0,5 % des araignées recensées sont classées comme potentiellement dangereuses pour l'homme, et seules des araignées inoffensives avaient été incluses dans cette étude. Elles ont pourtant été classées très haut sur l'échelle de la peur, en particulier par les participants âgés de moins de 18 ans. Les répondants originaires d'Asie, où la consommation d'insectes et d'arthropodes est coutumière, ont cependant moins souvent mis l'araignée en tête de la liste.
La majorité des répondants ayant placé l'araignée en tête des animaux effrayants n'avaient pas peur d'être mangés par elle mais 14 % déclaraient avoir quand même « peur que cela arrive », 30 % avaient peur d'être tués, et 66 % peur d'être blessés. Cette crainte des araignées pourrait donc être alimentée par une perception exagérée des risques qui leur sont associés, un manque de connaissances biologiques et un sentiment de dégoût.
Les auteurs de cette étude avancent l'hypothèse que la déconnexion croissante avec les environnements naturels contribuerait à creuser l'écart entre les niveaux réels de danger représentés par certains animaux (comme les araignées ou les chauves-souris) et les émotions négatives qu'ils déclenchent. Nos réactions ancestrales d'évitement du danger se transformeraient progressivement en peurs irrationnelles et inadaptées, plus connues sous le nom de phobies.
La prévalence et l'intensité de ces phobies ont d'ailleurs tendance à augmenter, notamment dans les populations urbaines. Elles sont influencées par des facteurs environnementaux et socioculturels. Il a également été prouvé que les attitudes et les comportements négatifs des parents à l'égard des animaux influencent le niveau de peur et de phobie des animaux chez les enfants. Outre le mal-être qu'elles peuvent induire chez les personnes concernées, les phobies vis-à-vis des animaux peuvent nuire aux efforts de conservation de certaines espèces peu charismatiques. Il est donc important de contribuer à rétablir la vérité à propos du caractère dangereux, réel ou supposé, de certains animaux pour l'homme.
18 avril 2025
6 min
16 avril 2025
5 min
15 avril 2025
4 min
14 avril 2025
5 min
11 avril 2025
3 min