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Elanco & Proplan

16 avril 2025

Nettoyage des cages de chenil : la brosse mieux que les microfibres, surtout sur les surfaces antidérapantes

par Vincent Dedet

Temps de lecture  5 min

Protocole de l'étude suédoise ayant comparé l'efficacité du nettoyage des cages d'hospitalisation de chiens à la brosse (avec rinçages) ou à la serpillière microfibres (humidifiée). D'après Alsing-Johansson et coll., 2025.
Protocole de l'étude suédoise ayant comparé l'efficacité du nettoyage des cages d'hospitalisation de chiens à la brosse (avec rinçages) ou à la serpillière microfibres (humidifiée). D'après Alsing-Johansson et coll., 2025.
 

Pour le nettoyage des cages de chenil, et en particulier pour les surfaces antidérapantes, un nettoyage à la brosse est plus efficace qu'une serpillère en microfibres, avant la désinfection. Telle est en substance la conclusion d'une étude réalisée par des cliniciens, microbiologistes et hygiénistes vétérinaires suédois, de la faculté d'Uppsala.

Avec ou sans détergent ?

Pour limiter les rejets de molécules actives des détergents et leur impact environnemental, mais aussi pour limiter l'aérosolisation de matières organiques, en Suède, le nettoyage des cages dans les structures vétérinaires petits animaux « implique généralement l'utilisation d'une serpillière en microfibres humidifiée avec de l'eau, mais sans détergent. Cette méthode a remplacé le rinçage, l'application d'un détergent, puis le frottage avec une brosse ou une serpillière, suivi d'un nouveau rinçage et enfin de l'élimination de l'eau à l'aide d'une raclette ». Outre les serpillères, des chiffons en microfibres sont également utilisés pour le nettoyage des surfaces au sein de la structure (tables de consultation par exemple). Mais la littérature sur l'efficacité de ces techniques en médecine vétérinaire est quasiment inexistante. Aussi les auteurs ont-ils développé un protocole visant à évaluer la charge bactérienne au sein de cages pour chien d'un hôpital petits animaux, et à comparer la réduction de la charge bactérienne de ces surfaces après nettoyage :

  • soit avec une brosse avec du détergent, et un rinçage avant et après le nettoyage,
  • soit avec une serpillière en microfibres humidifiée avec de l'eau,
  • dans les deux cas, ce nettoyage est suivi d'une désinfection.

Essai randomisé parallèle

Dans l'hôpital universitaire, 1 900 patients sont admis chaque année, et des cages sont présentes dans plusieurs ailes. L'essai a été réalisé en 2022, dans quatre ailes, où 6 cages ont été tirées au sort (24 en tout, 23 utilisées 2 fois). Le format des cages est approprié pour les chiens de tailles petite et moyenne (115 cm de profondeur, 120 cm de largeur et 180 cm de hauteur). Leur sol (antidérapant) et les parois sont en époxy. Après la sortie de leur occupant, seules les cages apparemment propres ont été incluses dans l'étude (pas celles présentant des traces et des souillures, ni celles dont l'occupant était resté moins de 12 h). Au tirage au sort, la cage était nettoyée selon l'une ou l'autre des méthodes (23 par méthode), par la même personne. Le matériel utilisé (brosses et serpillères) était neuf, avait été préalablement désinfecté (les brosses autoclavées et les serpillères lavées à 95° C). Les raclettes étaient désinfectées. L'ensemble des outils était désinfecté à plusieurs reprises entre chaque nettoyage de cage. Cette opération commençait par les parois, de haut en bas, puis s'attaquait au joint paroi/sol et enfin au sol, avec un temps limité pour chaque étape de frottage (voir l'image principale). La désinfection (monosulfate de potassium) était la même dans tous les cas, avec passage d'une serpillère sur les parois puis le sol (3,5 dl/cage).

Charge bactérienne initiale comparable

Un cadre (feuille de papier A3 ajourée pour une surface constante) était posé sur les parois à prélever par le biais du passage d'une éponge sur toute la surface ainsi délimitée (624 cm2). Ces prélèvements ont été réalisés par un autre opérateur que celui du nettoyage. Ces prélèvements ont été effectués avant et après nettoyage, puis après désinfection, pour chacune des 46 opérations. Une portion de paroi comprenant la jonction avec le sol (joint) et une portion de sol étaient ainsi prélevées à chaque étape. Le laboratoire de bactériologie commençait les analyses le jour même du prélèvement (276 en tout). Il n'y a pas eu de différence significative pour la charge bactérienne initiale des surfaces entre les cages brossées et celles frottées. En revanche, plus le chien était resté longtemps dans sa cage et plus la charge bactérienne des surfaces était élevée (p=0,004).

La brosse nettoie mieux… quand c'est sale

« Avant le nettoyage, la charge bactérienne médiane était de 9 UFC/cm2 sur les sols et de 2,6 UFC/cm2 sur les murs ». Les auteurs observent que la charge bactérienne de « 15 % de tous les sols était inférieure à 2,5 UFC/cm2 », cette proportion étant de 48 % pour les murs. Ils utilisent ce seuil car c'est celui retenu en hygiène hospitalière humaine pour contrôler la désinfection des surfaces. Après le brossage, 70 % des sols avaient une charge bactérienne inférieure à ce seuil, et 100 % des murs. Après le nettoyage à la serpillière de microfibres, 35 % des sols et 70 % murs étaient inférieurs à ce seuil. Lorsqu'ils catégorisent les surfaces par niveau de charge bactérienne, les auteurs n'observent pas de différence significative pour le mode de nettoyage des sols si la charge initiale était faible (< 5 UFC/cm2) ou très élevée (> 40 UFC/cm2). En revanche, pour les charges intermédiaires (de 5 à 40 UFC/cm2), le brossage permettait une réduction significativement plus importante de cette charge que le nettoyage à la serpillère. Pour les murs, le brossage était significativement plus efficace que la serpillère microfibres dans tous les cas. Cette efficacité est liée d'une part à l'effet des rinçages et d'autre part au frottement mécanique lors du brossage. Toutefois, après désinfection, 78 % des sols et 98 % des parois étaient sous le seuil de 2,5 UFC/cm2.

Et quand c'est antidérapant

Pour les auteurs, ce travail permet de considérer que le seuil utilisé en humaine de 2,5 UFC/cm2 peut être considéré comme approprié pour mesurer la qualité du nettoyage/désinfection des surfaces en médecine des petits animaux. Ils évoquent même des études complémentaires à réaliser pour se limiter au nettoyage (par exemple des murs par brossage) et ne réserver la désinfection qu'aux surfaces à risque. Car le fait que la charge bactérienne sur les parois était plus faible avant et après le nettoyage que celle des sols montre que « les sols des cages, dotés d'une surface antidérapante, doivent être considérés comme une surface à risque pour la transmission des bactéries entre les patients s'ils ne sont pas nettoyés et désinfectés correctement ». Ils précisent que les tissus en microfibres ont une efficacité prouvée sur différents autres types de surfaces : « stratifié, acier, carreaux lisses (vinyle) et rugueux (linoléum) ». En attendant que des études complémentaires soient réalisées, « le nettoyage par brossage avec un détergent devrait être envisagé pour le nettoyage des surfaces antidérapantes comme le sol des cages ».