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Elanco & Proplan

10 mars 2022

L'exérèse chirurgicale d'un mastocytome n'est pas plus à risque de complication que celle d'une autre tumeur

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

 

Le traitement de choix des mastocytomes est une exérèse chirurgicale large, en ménageant lorsque possible, et selon le grade de la tumeur, des marges jusqu'à 3 cm en tissu sain latéralement, et l'inclusion en profondeur d'un plan de fascia sain (environ 4 mm). Une chimiothérapie et une radiothérapie adjuvantes s'envisagent pour les tumeurs de haut grade ou lorsque l'exérèse est incomplète. Ces interventions favorisent la dégranulation des cellules tumorales, libérant des composés bioactifs (histamine, héparine, protéases, cytokines…) dont les effets vasodilatateurs ou sur d'autres cellules environnantes pourraient compromettre la cicatrisation.

Cette hypothèse n'est pas clairement établie cliniquement, et les résultats d'une nouvelle étude, publiée en libre accès dans le JAVMA, ne la confirment pas.

Mastocytome versus sarcome des tissus mous

L'objectif de l'étude, rétrospective, était de comparer l'incidence des complications au niveau du site chirurgical survenant après l'exérèse d'un mastocytome ou d'un sarcome des tissus mous, celui-ci ne comprenant pas de cellules susceptibles de libérer des composés pro-inflammatoires, mais dont l'exérèse doit être large aussi.

Les cas inclus avaient été opérés dans le même hôpital vétérinaire universitaire (à Athens, Université de Géorgie aux États-Unis), sur une période de 6 ans (2014-2019). Un suivi sur au moins 30 jours devait être documenté.

L'étude porte ainsi sur 218 chiens et 293 tumeurs opérées : 209 mastocytomes (138 chiens) et 84 sarcomes (80 chiens). Deux chiens ont été opérés pour les deux types tumoraux.

40 cas de complications, surtout mineures

Le suivi sur 30 jours identifie au total 40 cas de complications (14 %), avec des taux de survenue similaires entre les groupes :

  • 13 % (28/209) pour les mastocytomes,
  • 14 % (12/84) pour les sarcomes.

Les complications étaient distinguées en mineures (nécessitant une antibiothérapie, le renouvellement du bandage, une nouvelle suture…) ou majeures (nécessitant une hospitalisation pour les soins voire une reprise chirurgicale), les premières étant les plus fréquentes (73 %). Et ni leur répartition ni le délai de survenue après l'intervention ne présente de différence significative selon le type de tumeur (voir tableau en illustration principale).

La taille des sarcomes, toutefois, était plus grande que celle des mastocytomes, ce qui a pu influencer l'incidence des complications. Mais l'influence de la taille de la plaie opératoire dans le risque de complications n'était pas l'objet de cette étude.

Seule une chimiothérapie augmente le risque

L'étude a également recherché les facteurs de risque de ces complications, à partir des multiples données des dossiers médicaux, concernant le chien (race, âge, sexe, poids, etc.), l'intervention (durée de l'anesthésie et de la chirurgie, molécules employées, par exemple), la tumeur (taille, grade, localisation…), les marges d'exérèse, les traitements adjuvants administrés, en pré et postopératoire (chimiothérapie, radiothérapie, corticothérapie, traitement antihistaminique, dans les 30 jours précédents ou suivants).

Pour le mastocytome, seuls trois paramètres sont initialement trouvés significativement associés au risque de complication post-chirurgicale : un grade plus élevé, une exérèse incomplète (d'après les résultats de l'histologie) et une chimiothérapie postopératoire, (mais pas une corticothérapie ici). Toutefois, dans l'analyse multivariée, seule une chimiothérapie postopératoire demeure significativement associée à un risque plus important de complication au niveau du site chirurgical.

Les auteurs conseillent donc, lorsqu'une chimiothérapie est indiquée, d'être particulièrement attentif à l'évolution de la plaie opératoire après l'exérèse d'un mastocytome si cette chimiothérapie est initiée avant la fin de la cicatrisation, un traitement rapide étant généralement mis-en-œuvre du fait du haut pouvoir métastatique de ces tumeurs.