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Elanco & Proplan

17 juin 2020

Pancréatite féline : doser la lipase (fPL) est utile pour renforcer la suspicion mais pas pour l'écarter

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Résultats des dosages sériques de l'activité de la lipase pancréatique féline (fPL) chez les 274 chats de l'étude en fonction du diagnostic final établi. D'après Lee et al., JVIM, 2020.
Résultats des dosages sériques de l'activité de la lipase pancréatique féline (fPL) chez les 274 chats de l'étude en fonction du diagnostic final établi. D'après Lee et al., JVIM, 2020.
 

Confirmer un diagnostic de pancréatite chez le chat est malaisé. Les signes cliniques ne sont pas spécifiques. Les examens habituellement pratiqués (échographie, analyses sur prélèvement de sang ou de tissu) manquent chacun de spécificité et de sensibilité pour pouvoir valider seuls la suspicion.

Le dosage de la lipase pancréatique féline (fPL) fait partie de ces examens. Des cliniciens du Royal Veterinary College (université de Londres) ont évalué son intérêt au travers d'une étude rétrospective. Car ils rappellent que divers tissus organiques sécrètent des lipases, d'où l'absence de véracité d'un dosage de l'enzyme totale dans le sang. La lipase pancréatique serait spécifique de l'organe. Mais selon eux, si la démonstration en a été faite chez le chien (avec la lipase pancréatique canine, cPL), ce n'est pas le cas chez le chat. Ils ont donc souhaité le vérifier, et évaluer également l'éventuel intérêt d'autres marqueurs sanguins des pancréatites du chat.

Moins de 10 cas confirmés et 50 probables

Les cas étudiés – 274 sur une période de 4 ans – sont les chats reçus à l'hôpital universitaire (en première intention ou référés), présentant des signes cliniques évocateurs de la maladie (léthargie, anorexie, vomissements, perte de poids…), chez qui une analyse de sang incluant le dosage de la fPL a été effectué, ainsi qu'un examen échographique du pancréas et, parfois, le prélèvement d'une biopsie pour analyse (cytologie, histologie), voire un examen nécropsique. Ils ont été répartis rétrospectivement en quatre groupes selon les conclusions des résultats obtenus (indépendamment de ceux du dosage de la fPL) :

  1. Pancréatite confirmée (9 cas, 3 %),
  2. Pancréatite probable (49 cas, 18 %),
  3. Pancréatite possible (139 cas, 51 %),
  4. Pancréatite improbable (77 cas, 28 %).

Chez plus d'un chat sur 2, le diagnostic reste ainsi très incertain (pancréatite « possible »), ce qui démontre bien sa difficulté.

Différences significatives pour la fPL

Les seuils retenus pour l'interprétation du dosage de la fPL étaient les suivants :

  • > 5,3 microg/l : résultat « positif » ;
  • < 3,6 microg/l : résultat « négatif ».

Entre les deux, le résultat est équivoque (ininterprétable).

Aucune différence significative n'est constatée entre les valeurs mesurées chez les chats des groupes 1 et 2. Ceux-ci sont donc réunis pour former un groupe de 58 chats considérés comme présentant une pancréatite (probable ou confirmée) ; la suspicion est écartée a priori pour 77 (groupe 4).

Et les résultats sont significativement différents entre les 3 groupes, avec des valeurs de fPL supérieures chez les chats malades (et inférieures chez ceux ne présentant pas de pancréatite).

Un quart de faux-négatifs

En termes de performances toutefois, l'analyse reste imparfaite. Ainsi, la proportion de faux-positifs, c'est-à-dire de cas où la valeur de la fPL est élevée (au-dessus du seuil de positivité) alors que l'animal ne présente vraisemblablement pas de pancréatite est ici d'environ 10 % (8 cas sur 77). Un pourcentage « faible » selon les auteurs, et probablement surestimé en lien avec le caractère incertain, malgré tout, des cas de pancréatite improbable.

En revanche, la proportion de faux-négatifs, à savoir des chats présentant une valeur basse (fPL « négative ») mais qui sont pourtant atteints de pancréatite s'élève à 24 % (14 cas sur 58), voir tableau en illustration principale.

S'appuyant sur ces observations, les auteurs de l'étude concluent que le test fPL est intéressant pour le diagnostic des pancréatites félines, mais que si un résultat positif conforte la suspicion clinique, un résultat négatif est insuffisant pour l'écarter. Multiplier les examens à visée diagnostique reste indispensable lors de suspicion clinique.

Pas d'autre candidat sanguin

Leur analyse des résultats des autres paramètres du bilan biochimique (PAL, ALAT, albumine, bilirubine totale, calcium) ne permet pas non plus de dégager un marqueur sérique d'intérêt pour le diagnostic de la maladie chez le chat. Seule la bilirubinémie montre des différences significatives entre certains groupes de chats, mais pas entre ceux des groupes 1 et 2 combinés (pancréatite probable ou confirmée) et ceux du groupe 4 (improbable). Et aucune corrélation n'est mise en évidence entre les concentrations en fPL et en bilirubine dans le sang.