19 mai 2016

Ces auteurs en sont à leur troisième article scientifique reposant sur l’exploitation de la base de cas cliniques de l’hôpital vétérinaire de l’université de Davis, Californie (USA) (50 000 cas par an). Dans les trois cas, ils ont tenté de mesurer rétrospectivement l’effet de la castration (pour les mâles) et de la stérilisation (femelles) sur la santé des trois races les plus populaires : Labrador retriever, golden retriever et berger allemand. C’est la publication relative à cette dernière race, datant du 12 mai, qui boucle ce travail – les deux précédents datant de 2013 et 2014.

Contrairement à l’Europe

Dans les cas de race berger allemand extraits de la base, la période à la quelle la castration/stérilisation était réalisée est prise en compte : avant 6 mois, entre 6 et 11 mois, entre 12 et 23 mois, ou entre 2 et 8 ans. Les auteurs précisent que, « contrairement à l’Europe », la castration des jeunes chiens est fréquente aux USA. La survenue de troubles articulaires (dysplasie de la hanche, élongation ou rupture du ligament croisé antérieur) ou de cancers (ostéosarcome, lymphome, hémangiosarcome, mastocytome) a été prise en compte lorsqu’ils se produisaient au cours des 8 premières années de vie de l’animal (plus pyomètre et incontinence urinaire pour les femelles). Pour les tumeurs mammaires cette durée était portée à 11 ans.

Au moins un trouble articulaire

La période couverte par l’étude sur les bergers allemands va de 2000 à la mi-2014 : 1 170 cas ont été recensés, dont 705 mâles (245 castrés) et 465 femelles (293 stérilisées). Chez les mâles, la fréquence de survenue d’au moins un trouble articulaire à 8 ans au plus est triplée si la castration a eu lieu avant 6 mois d’âge (p=0,0025), et le risque a presque quintuplé (risque relatif de 4,5). Pour une castration au cours du 2^e semestre de vie, la fréquence reste double (p=0,0015) et le risque triplé (RR = 3,5).

Risque x 26

Plus spécifiquement, c’est la fréquence de pathologie du ligament croisé antérieur qui est augmentée de façon hautement significative par une castration réalisée sur la première année de vie (9,5 %, contre 0,7 % chez les bergers allemands non castrés, p<0,001), correspondant à un risque multiplié par 26. Il n’y avait pas de différence significative pour les dysplasies (hanche et épaule) en relation avec la castration. Les auteurs n’identifient pas d’association entre la castration et le risque de survenue de cancers.

Ligament croisé et incontinence

Chez les femelles, la même association entre stérilisation dans la première année de vie et survenue d’une pathologie du ligament croisé antérieur est observée (7,0 et 0,6 %, respectivement, p=0,03). Et le risque est quasiment décuplé (RR=9,5). En revanche, aucune autre association n’est observée pour les pathologies articulaires. Sur les cancers, aucun sur-risque n’est trouvé significativement associé à la stérilisation, mais aucun effet protecteur non plus, pas même pour les tumeurs mammaires. En revanche, la fréquence de l’incontinence urinaire était significativement plus élevée chez les femelles dont la stérilisation a été réalisée entre 6 et 12 mois d’âge (7,2 %, contre aucune chez les femelles non stérilisées, p<0,05), avec un âge moyen d’apparition du trouble à 5,2 ans. Enfin, aucune association n’est trouvée non plus avec le pyomètre.

Au bilan, alors que la dysplasie de la hanche est le trouble articulaire dominant dans cette race, c’est la pathologie du ligament croisé antérieur qui apparaît comme associée à une castration/stérilisation – en particulier si elle est réalisée sur la première année de vie. Les auteurs proposent donc « de conseiller de repousser la castration/stérilisation après un an d’âge ».

Retrievers

Enfin, les auteurs rappellent que les retrievers se comportent différemment des bergers allemands. Chez les golden retrievers, la fréquence d’au moins un trouble articulaire est quadruplée à quintuplée, chez les mâles comme les femelles, par la stérilisation. Et la fréquence d’au moins un des types de cancers cités ici est triplée à quadruplée. Chez les Labrador retrievers, seules les femelles sont concernées : doublement de la fréquence d’occurrence des troubles articulaires pour les femelles stérilisées.