21 février 2025
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14 février 2025
Quand des étudiants vétérinaires aident le dermatologue à diagnostiquer leur propre parasitose…
Comme dans les bon polars, le pot-aux-roses est dévoilé à la fin de la publication : « dans les deux cas décrits dans ce rapport, la [parasitose] est apparue chez des étudiants en médecine vétérinaire, qui savaient comment examiner de tels problèmes ». Car il s'agit de cas cliniques de médecine humaine, publiés ensemble par des parasitologistes écossais et un biologiste moléculaire brésilien. Ils rapportent l'identification d'un arthropode piqueur minuscule, vivant normalement de repas de sang sur rongeurs, mais ayant provoqué des lésions cutanées sur plusieurs étudiants de la Royal (Dick) School of Veterinary Studies, à Édimbourg (Royaume-Uni).
À l'automne 2021, trois étudiants d'un même « vieil appartement » ont présenté de nombreuses lésions papulaires érythémateuses et prurigineuses sur les avant-bras et les jambes, de 1 à 2 mm de diamètre. Ces lésions sont apparues début novembre ; à la mi-janvier, certaines étaient encore évidentes. La punaise des lits, initialement suspectée, s'est révélée absente du logement. Les étudiants n'hébergeaient pas non plus d'ectoparasites. Toutefois, ils ont observé « à cause de leur déplacement sur le sol de la cuisine [commune], de petits arthropodes blancs, d'environ 1 mm de long et à peine visibles à l'œil nu. Ils les ont collectés à l'aide d'un ruban adhésif transparent ». Et ils les ont amenés au service de parasitologie de leur université. En microscopie optique, le diagnostic morphologique a été établi en faveur d'un acarien gamasidé, apparenté au pou rouge des volailles (Dermanyssus gallinae) : Ornithonyssus bacoti. Ce qui faisait des étudiants des patients atteints de « gamasoïdose ».
Les nymphes et les adultes des deux sexes d'O. bacoti sont hématophages, et se nourrissant préférentiellement sur les rats et petits rongeurs dans les régions chaudes (y compris le sud de l'Europe). La détection de l'espèce en Écosse en saison froide pourrait paraître surprenante pour un ectoparasite considéré comme tropical. Toutefois, c'est aussi un parasite connu des élevages d'animaux de laboratoire… Il « se nourrit généralement la nuit et passe la plus grande partie de sa vie dans les nids de ses hôtes, ou dans des crevasses sombres ou des détritus situés à proximité ; son cycle est bouclé en une semaine ». Et les adultes peuvent survivre plusieurs mois sans repas de sang. Dans le cas présent, le biologiste brésilien, spécialiste de ce parasite, a confirmé l'identification par analyses génétiques. Quant à l'origine du changement d'hôtes pour les repas, les auteurs expliquent que « le bloc d'appartements avait hébergé des rats, qui venaient de faire l'objet d'une campagne d'éradication »…
Le second cas décrit est survenu au printemps 2024, quand une étudiante logeant dans un « appartement moderne » (différent du précédent, mais toujours à Édimbourg) a présenté le même type de lésions, prurigineuses, sur ses bras. Ces lésions sont apparues alors qu'elle venait de changer la litière de son hamster… Trois semaine plus tard, elle a observé la présence de « petites bêtes blanches sur la robe se son hamster », qu'elle a pris en photo avec son smartphone. Les mêmes parasitologistes lui ont conseillé de les collecter de la même manière que pour les cas de 2021 : avec du ruban adhésif transparent. Là encore, des gamasidés ont été identifiés en microscopie optique, et l'analyse de l'ADN a confirmé qu'il s'agissait d'O. bacoti. Les auteurs ont aussi confirmé leur présence sur les copeaux de bois de la litière. Celle-ci a été changée, sa réserve détruite, la cage nettoyée (les pièces en bois changées) et le hamster traité à l'ivermectine. Les lésions cutanées de l'étudiante ont rapidement guéri et elle n'a plus présenté de signes cutanés par la suite.
Comme, pour les premiers cas, l'inflammation cutanée étant importante et la guérison longue, les auteurs ont recherché si des bactéries pouvaient avoir été transmises par la piqûre de l'acarien, qui expliqueraient les aspects prurigineux et inflammatoires des lésions. Ils ont donc placé les acariens dans de l'eau distillée où ils les ont broyées, et ont mis le liquide obtenu (macération) en culture. Quatre types de colonies bactériennes ont poussé sur gélose au sang de mouton, qui ont été repiquées sur le même milieu, avant de faire l'objet d'une extraction de l'ADN pour identification moléculaire. Les auteurs obtiennent alors des Pseudomonas sp., Staphylococcus sp., Delftia sp. et Micrococcus sp. ainsi que d'autres espèces, endosymbiontes d'arthropodes. Ls deux premiers genres bactériens sont pathogènes opportunistes et capables de provoquer une infection localisée. Ce qui laisse suspecter un rôle de vecteur possible pour O. bacoti, mais sans démonstration expérimentale.
Ces cas pourraient « représenter un problème émergent plus répandu, qui serait associé à une augmentation des populations de rongeurs en milieu urbain », qu'ils soient commensaux ou de compagnie. La rareté des signalements « peut simplement refléter les difficultés inhérentes au diagnostic de la cause des lésions ressemblant à des morsures d'arthropodes chez les personnes » et à la petite taille et à la faible coloration des parasites en cause. Enfin, ils estiment que les cas confirmés ici ont pu l'être grâce aux études (vétérinaires) des patients, rendant familière ce type de démarche.
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