15 janvier 2025
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Est-ce un pavé lancé dans la mare ? Un petit pavé tout du moins, car cet effet indésirable des médicaments antiépileptiques était déjà rapporté : une augmentation de l'appétit. Le risque d'obésité chez les chiens traités au long cours pour une épilepsie idiopathique, qui ressort d'une nouvelle étude, vient donc le confirmer, et révèle les difficultés des propriétaires à le gérer. Car l'objectif des chercheurs (britanniques) de ces travaux était d'évaluer les effets indésirables des antiépileptiques mais également leur prise en charge par le propriétaire.
Cette nouvelle étude, publiée en libre accès dans VetRecord, a été menée sur 222 chiens atteints d'épilepsie idiopathique (groupe épilepsie, recrutés en 2018) et 7086 chiens témoins, de divers âges et races mais en augmentant la proportion des races les plus représentées chez les cas (le border collie par exemple), afin d'éviter le biais lié à la race (l'appétit pouvant dépendre de ce critère). La répartition par sexe et statut sexuel était identique dans les deux groupes, de même que l'âge moyen (environ 5 ans et demi).
D'autres maladies ou d'autres traitements pouvant affecter le poids, l'appétit ou le niveau d'activité (une corticothérapie par exemple) étaient des critères d'exclusion. Les animaux maigres (note d'état corporel [NEC] de 3 ou moins sur une échelle de 1 à 9) étaient également écartés, car probablement atteints d'autres morbidités.
Dans le groupe épilepsie, 3,6 % des chiens n'étaient pas (encore) traités, 36 % étaient traités avec un antiépileptique (monothérapie) et 60,4 % avec plusieurs molécules (polythérapie).
Les traitements étaient administrés depuis plus ou moins longtemps : 15,6 mois en moyenne pour le lévétiracétam et 86,1 mois pour le phénobarbital, les durées moyennes pour les autres molécules se situant entre les deux.
Les chercheurs se sont appuyés sur un questionnaire d'évaluation de l'appétit des chiens (qui établit le score d'intérêt pour la nourriture) et des pratiques du propriétaire (alimentation et exercice du chien), mesurant alors le risque d'obésité (questionnaire DORA pour dog obesity risk assessment).
Outre le questionnaire DORA, la récolte des données démographiques et l'historique médical du chien, les répondants faisaient une estimation de la NEC de leur animal et, pour le groupe épilepsie, ils renseignaient leur perception de l'impact des antiépileptiques sur le comportement et l'appétit de leur chien.
Les résultats montrent que les chiens du groupe épilepsie ont davantage d'embonpoint que les témoins (NEC significativement plus élevées), mais aussi davantage de comportement de recherche de nourriture, et montrent des différences significatives par comparaison aux témoins sur les composants de ce critère : intérêt pour la nourriture, satiété… Ces différences sont globalement retrouvées aussi au sein du groupe épilepsie, entre les chiens traités ou non, ce qui confirme que ce n'est pas la maladie mais son traitement qui augmente la sensation de faim. Il est possible que cet effet diminue avec le temps, ce qui n'était pas évalué ici.
En tenant compte du sexe et du statut sexuel, qui influencent le comportement de recherche de nourriture, celui-ci reste significativement associé au traitement antiépileptique.
Pour les chiens épileptiques, le propriétaire est plus interventionniste (il restreint l'accès à la nourriture). Il fournit plus d'efforts, mais qui ne sont donc pas nécessairement payants.
Le médicament est le plus souvent administré avec une friandise (toutes les 8 à 12 heures), mais l'apport calorique de cette dernière n'est pas compensé par une réduction de la ration journalière. Potentiellement, les propriétaires distribuent aussi des compléments alimentaires à visée neurologique, contenant des acides gras, très caloriques.
La plupart des répondants considèrent la hausse d'appétit comme un effet indésirable du traitement.
Selon de récentes études, une ataxie, une léthargie – qui peuvent ainsi favoriser aussi la prise de poids –, une augmentation de la soif et, comme évoqué, de l'appétit, sont identifiées comme effets secondaires des antiépileptiques, notamment lors de polythérapie. Ici, les auteurs avaient donc émis l'hypothèse d'une polyphagie plus marquée lors de polythérapie. Mais leurs résultats ne le confirment pas.
Toutefois, en prenant en compte le nombre de médicaments administrés (entre 0 et 5), une corrélation positive est observée avec la perte d'énergie et de coordination du chien, les signes de faim, la NEC (mais pas les autres paramètres comme l'intérêt pour la nourriture par exemple).
Les auteurs constatent ainsi que les chiens épileptiques présentent un surrisque d'obésité. En effet, une prise excessive de nourriture, liée aux médicaments mais probablement aussi au stress chronique associé à la maladie, et associée de surcroit à la baisse d'activité du chien – en lien avec l'effet sédatif des médicaments et confirmé aussi ici dans les réponses des propriétaires –, entraîne une prise poids voire une obésité. Chez l'homme, épilepsie et obésité sont souvent liées. Des mécanismes hormonaux pourraient aussi être impliqués.
Cette polyphagie est à l'origine d'une frustration (du chien qui réclame sans obtenir), et ainsi d'une altération de la qualité de vie. Elle affecte également émotionnellement le propriétaire et entraîne des comportements indésirables (chien qui quémande, qui vole), lesquels ont un impact délétère sur le lien chien-propriétaire.
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