7 janvier 2025
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Le premier point qui surprend dans cette étude norvégienne est son ampleur : les chercheurs ont mis en relation des données provenant d'une grande enquête sur la santé de la population générale et des données de production agricole collectées de manière routinière sur 2017–2019. L'enquête sur la santé des populations est une collaboration entre le centre de recherche HUNT (université norvégienne des sciences et technologies, Levanger, Norvège) et diverses institutions régionales ou nationales, y compris l'institut de santé publique. Parmi les plus de 56 000 répondants à l'étude HUNT, les réponses de 346 éleveurs ont été isolées, correspondant à 311 exploitations laitières, soit 59 % des exploitations laitières de la région. Elles ont été mises en parallèle avec les données technico-économiques des exploitations, récoltées chaque année par la structure technique de la filière laitière locale. Les critères de sélection des exploitations impliquaient un historique de données de 3 ans, dont le rendement laitier et les comptages de cellules somatiques.
Les indicateurs retenus pour la santé et le bien-être des éleveurs étaient l'état de santé général autodéclaré, les maladies ou affections chroniques de plus d'un an, les douleurs chroniques de plus d'un mois, les symptômes d'anxiété et de dépression ainsi que le niveau de satisfaction dans la vie. Pour les vaches, deux indicateurs ont été retenus : le niveau de production laitière et le comptage de cellules somatiques du tank (CCST). Plus précisément, l'indicateur était la proportion de CCST au cours d'une année civile qui contenaient plus de 200 000 cellules par ml (seuil des mammites subcliniques). Cet indicateur est jugé par les auteurs comme plus précis qu'une déclaration par l'éleveur du nombre de cas de mammites, car il résulte à la fois de la prévention des mammites et de la gestion des interventions. Les facteurs externes pouvant affecter le rendement laitier et la santé du troupeau (prix des matières premières, météo, etc. ) ont été standardisés dans l'analyse statistique, de manière à limiter les biais.
Des associations significatives ont été détectées entre la plupart des indicateurs de santé et de bien-être des éleveurs. Cependant, les symptômes d'anxiété ou de dépression n'étaient pas significativement associés à une maladie ou affection chronique, ni à une douleur chronique. Et 69 % de ceux présentant des symptômes d'anxiété ou de dépression avaient un état de santé général autodéclaré bon ou très bon. Mais surtout, l'étude met en évidence une association positive entre une mauvaise santé générale autodéclarée ou une faible satisfaction de vie et une augmentation de la proportion de CCST au-dessus du seuil de 200 000 cell./ml. Résultat plus étonnant, les auteurs signalent aussi une association significative entre une maladie chronique ou des symptômes d'anxiété/dépression chez l'éleveur et l'absence de diminution du niveau de production laitière à l'échelle de leur élevage. Une interprétation possible, selon eux, est que, lorsque la santé ou le bien-être d'un éleveur sont compromis, le maintien du rendement laitier peut devenir la priorité de gestion. Il peut également être plus facile à contenir que les mammites subcliniques. Cependant, le lien de causalité entre les deux santés reste à établir. En effet, est-ce la dégradation de la santé des éleveurs qui influe sur le CCST, ou bien la dégradation de l'état de santé du troupeau qui influe sur le bien-être de l'éleveur ? L'étude ne permet pas de conclure de manière certaine, mais développe des hypothèses dans les deux cas.
Des études antérieures ont déjà mis en évidence que les problèmes de santé des éleveurs pouvaient affecter leur travail. Le stress chronique et un épisode dépressif majeur peuvent affecter le fonctionnement cognitif : attention, mémoire et résolution de problèmes. Il est possible que lorsque leur santé ou leur bien-être sont compromis, les éleveurs soient incapables d'exécuter certaines mesures de gestion préventive, en particulier les tâches avec des exigences cognitives plus élevées, chronophages, ou perçues comme exigeantes.
Plusieurs études ont aussi mis en évidence que les changements dans la quantité ou la qualité de la production de lait ont un impact financier et peuvent être une source de stress psychologique et de travail supplémentaire pour l'éleveur. Ceci peut contribuer à une mauvaise santé ou à un mal-être de l'éleveur. Un cercle vicieux pourrait alors se mettre en place, la mauvaise santé mammaire influençant négativement le bien-être de l'éleveur, qui à son tour pénalise la santé du troupeau... Les modalités de l'étude ne permettent pas de déterminer quelle cause arrive en premier, à l'image de “l'œuf ou la poule” ! Toutefois, l'hypothèse retenue pourrait être que tout partirait de l'effort pour maintenir la production de lait à un niveau constant. Une étude portant sur 28 fermes laitières canadiennes a trouvé une association entre les symptômes d'anxiété ou de dépression et une teneur en protéines du lait plus faible au cours des 6 mois précédents, tandis qu'une étude portant sur 81 fermes laitières japonaises a conclu que l'effort visant à maintenir simultanément la quantité et la qualité du lait pourrait entraîner des niveaux plus élevés de stress chez les producteurs. L'intérêt de ce travail est d'aller jusqu'à identifier les mammites cliniques comme un enjeu dans ce “cercle vicieux” potentiel.
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