13 janvier 2025

Les crises sanitaires se déclenchent souvent à la veille du weekend… Celle-ci ne fait pas exception : la dernière émergence en santé animale dans l'UE27 est la fièvre aphteuse, dont un foyer a été confirmé dans l'est de l'Allemagne le 10 janvier au matin.

Sérotype O sur des buffles morts

L'élevage est localisé dans l'ouest du Land du Brandebourg, juste au-dessus de la région de Berlin, à quelques kilomètres de la frontière entre les deux Länder (voir la carte en illustration principale). Il s'agit d'un élevage dont la déclaration du foyer à l'Organisation mondiale de la santé animale (ex-OIE) indique qu'il était « de basse-cour », et qui comprenait 14 buffles d'eau. Trois d'entre eux sont morts dans la pâture où se trouvait ce petit troupeau, et c'est à partir de ces cadavres que la suspicion de fièvre aphteuse a été établie. Le laboratoire allemand de référence (l'Institut Friedrich-Loeffler, FLI) a confirmé le diagnostic de fièvre aphteuse le vendredi matin, alors que les services vétérinaires locaux étaient déjà sur place. Samedi en fin de journée, le sérotype du virus était déterminé par le FLI : il s'agit du type O, qui est prévalent au Moyen-Orient et en Asie. Mais hors de ces données, aucune information sur l'origine possible du virus et son mode d'introduction en Allemagne n'est disponible (et peut-être connue).

Abattages total, préventif et clôture

Au fil de la journée de vendredi, un nombre croissant d'informations a toutefois été diffusé par la presse professionnelle agricole en ligne en Allemagne. Ainsi, la délimitation des zones réglementées de 1, 3 et 10 km a été réalisée dans la matinée, avec installation des rotoluves et arrivée des équipes d'intervention : services vétérinaires, de coordination, experts du FLI, forces de l'ordre et pompiers. L'abattage des 11 buffles restants a été réalisé sur la pâture, en début d'après-midi. Cette pâture est partiellement bordée par des bois, et la neige est de rigueur. « Après un examen préliminaire des vétérinaires sur place, il semblerait que les onze buffles d'eau restants ont également présenté des symptômes de fièvre aphteuse ». Toujours dans l'après-midi, la cellule de crise indique qu'une ferme proche (plus à l'ouest, à Schöneiche, canton d'Oder-Spree) a acheté des fourrages à la ferme cas index. Elle élève ovins et bovins. Puis, en fin d'après-midi, un abattage préventif des ongulés présents dans un rayon de 1 km autour du foyer est décidé : cela concerne un élevage de 200 porcs et 4 moutons, dans le canton de Barnim (à Mehrow). Le samedi 11 janvier, il est décidé d'étiger une clôture pleine autour de la pâture contaminée, travail confié aux pompiers. L'objectif est qu'aucun ongulé sauvage n'y pénètre.

Virus présent depuis « plusieurs semaines »

À midi, le responsable local des services vétérinaires est cité indiquant que « le fait que certaines inflammations dans la bouche des buffles étaient déjà guéries plaide en faveur d'une longue période d'infection [tout comme le fait que le diagnostic a été porté sur des cadavres et non sur des animaux en phase clinique]. Aucune anomalie n'a été constatée au niveau des onglons. La période d'incubation de la fièvre aphteuse est de deux à sept jours. Selon les connaissances actuelles, on peut exclure que les buffles aient été en contact avec d'autres animaux du troupeau. Cela ne peut pas être exclu pour les animaux sauvages ». L'abattage préventif de l'exploitation de Schöneiche (Oder-Spree) est annoncé pour lundi ; cela devrait concerner 55 chèvres et moutons ainsi que trois bovins qui ne présentent aucun signe clinique. Au dimanche soir 12 janvier, aucune suspicion clinique n'est annoncée dans un autre élevage, ce qui est contre-intuitif, pour un virus sensé être présent depuis plusieurs semaines…

Pays-Bas sur le qui-vive

Le dernier foyer de fièvre aphteuse en Allemagne remonte à 1988. Le dernier foyer dans l'UE28 (à l'époque) remonte à 2011. L'arrêt de la vaccination anti-aphteuse dans l'UE date de 1991. Avec ce foyer, l'Allemagne perd donc son statut officiel indemne de fièvre aphteuse sans vaccination, et des marchés export, y compris en viande porcine, se sont déjà fermés, comme pour la Corée du sud. Aux Pays-Bas, la ministre en charge de l'Agriculture a adressé une lettre à son parlement dans lequel elle détaille qu'aucun veau n'a été importé directement de l'état du Brandebourg depuis début décembre. Toutefois, plus de 125 exploitations néerlandaises ont reçu plus de 3 600 veaux en tout en provenance d'Allemagne, et à titre de précautions, ces exploitations sont mises sous surveillance : les visites (hors visites vétérinaires) y sont interdites et les mouvements (hors abattoir) aussi. L'agence de sécurité sanitaire (NVWA), qui a aussi fonction d'inspection, se rendra dans chacun de ces 125 élevages. Enfin, tous les sérums de bovins et ovins analysés ces dernières semaines au regard de la FCO et trouvés négatifs seront repris pour recherche de la fièvre aphteuse.