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Elanco & Proplan

10 octobre 2024

USA : le H5N1 se plaît chez les vaches laitières californiennes, les éleveurs nettement indemnisés, un essai vaccinal en cours

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

La Californie est devenue en un mois l'État des USA recensant le plus de foyers d'infection de vaches laitières par le virus H5N1 (93 au 10 octobre). Cela s'est accompagné de la détection de deux cas humains. Et un essai vaccinal va démarrer sur des vaches (Source : USDA, 2024).
La Californie est devenue en un mois l'État des USA recensant le plus de foyers d'infection de vaches laitières par le virus H5N1 (93 au 10 octobre). Cela s'est accompagné de la détection de deux cas humains. Et un essai vaccinal va démarrer sur des vaches (Source : USDA, 2024).
 

Le nombre de foyers bovins (vaches laitières) où l'infection par le virus influenza aviaire H5N1 a été confirmée frise les 300 ce 9 octobre (295 en tout). C'est-à-dire qu'il y a eu un peu moins de 100 cas en un mois, dont 93 en Californie. Il y a toujours 14 États des USA qui ont déclaré des cas, mais sur le mois écoulé, l'épizootie n'en a concerné que deux, le second étant l'Idaho (voir l'illustration principale). Dans ce contexte, l'annonce le 3 octobre de l'identification de deux cas humains chez des personnes exposées à des bovins infectés en Californie n'est pas une réelle surprise. Ce sont les 5e et 6e cas humains à H5N1 liés à des bovins aux USA, et les 15e et 16e au total sur 2024 (les autres cas ont été contaminés lors de la participation au dépeuplement de foyers d'influenza aviaire en élevages avicoles, sauf un cas dont l'origine animale n'a pas pu être établie).

De 3 à 93 cas en 5 semaines

Le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de Californie retrace ce court historique.

  • Les trois premiers foyers ont été confirmés ensemble le 30 août ; les premiers signes cliniques y ont été observés entre le 23 et le 25 août.
  • Le 11 septembre, il n'y avait que trois autres cas détectés, toujours dans la région de Central Valley. Ces foyers avaient un lien épidémiologique avec les précédents.
  • Le lendemain, 2 autres foyers étaient déclarés, dans la même zone et également en lien épidémiologique avec les précédents.
  • Le 17 septembre, 2 autres foyers (10 au total), selon la même histoire.
  • C'est le 19 que la dynamique change, avec 7 nouveaux foyers, et toujours la même histoire.
  • Le 23 septembre, ce sont 17 autres foyers qui sont déclarés d'emblée. Cette fois-ci, il ne s'agit plus de tracer les contacts, mais de réaliser une surveillance élargie, obligatoire… qui a donc porté ses fruits.
  • Le 25 septembre, 6 nouveaux foyers sont détectés, et le lendemain 1 autre.
  • Le 30 septembre, le décompte est à 43, le 1er octobre à 44, puis 11 autres foyers sont confirmés le 3 octobre, et le total est à 56 le 4 octobre.
  • Le 8 octobre, c'est une vague de 26 nouveaux cas identifiés, soit un total de 82 en 5 semaines. Sur le site de l'USDA, la mise à jour du 10 octobre mentionne un total de 93 cas californiens…

Les données publiée ne permettent pas d'établir que les foyers ont été récemment infectés, ou détectés à l'occasion de la mise en route de la surveillance. Les élevages trouvés infectés sont mis sous surveillance pendant un mois. Ils ne peuvent transporter d'animaux et de lait que sur dérogation, et le lait doit être pasteurisé. Dans l'élevage, les vaches présentant des signes cliniques (léthargie, anorexie, signes respiratoires, changement d'aspect du lait, hyperthermie…) doivent être isolées.

Beaucoup d'indemnités

L'État fédéral (USDA) et l'État de Californie ont mis en place des subventions pour accompagner la mise en place du dépistage et la protection des professionnels. Pour un élevage, cela concerne :

  • l'achat d'équipements de protection individuelle (EPI), qui peut bénéficier de jusqu'à 2 000 $/mois, tant que l'élevage est sous surveillance,
  • jusqu'à 1 500 $ pour l'élaboration de plans de biosécurité améliorés,
  • l'achat et l'installation d'un échantillonneur en ligne (sur le lactoduc), selon un forfait de 100 $,
  • la prise en charge d'une partie des frais de traitement thermique du lait des vaches laitières malades ou dont la séropositivité est avérée, dans des conditions de biosécurité, jusqu'à 2 000 dollars par mois, sans dépasser 8 000 dollars par élevage,
  • la prise en charge des frais vétérinaires engagés pour traiter les vaches atteintes ou pour prélever des échantillons à des fins d'analyses, jusqu'à 10 000 $ par élevage,
  • la participation aux frais d'envoi des échantillons (50 $/envoi, dans la limite de deux envois par mois).

Premiers essais d'un vaccin H5N1 bovin

Par ailleurs, au moins un essai vaccinal devrait être prochainement réalisé sur les vaches laitières, a annoncé le ministre fédéral de l'Agriculture fin août, dans un discours public repris par l'hebdomadaire professionnel Feedstuffs. Lors d'un discours à un salon agricole, il est cité comme ayant indiqué : « plusieurs firmes travaillent sur des vaccins et l'une d'entre elles a présenté suffisamment d'informations à l'USDA pour me permettre d'autoriser, comme je l'ai fait cette semaine, le premier essai terrain d'un vaccin contre le H5N1 chez les bovins, à des fins d'évaluation de l'innocuité ». De fait, la veille, l'agence des médicaments vétérinaires biologiques (CVB, de l'USDA) a publié un avis (3 p.) faisant appel à des candidats pour « des études terrain avec des vaccins vétérinaires non vivants et non réplicatifs, ciblant l'influenza aviaire hautement pathogène chez les bovins ». Elle indique avoir autorisé le lancement de cette première étude terrain et que les animaux inclus et leurs produits rejoindront la chaîne de production commerciale.