5 septembre 2023

Un lapin peut couver… une otite. Particulièrement les sujets à oreilles tombantes. Selon une récente enquête en ligne - qui n'annonçait pas sa thématique centrale, sur la santé des animaux de compagnie, 28,5 % des lapins britanniques auraient des problèmes d'oreille, selon leurs propriétaires. Les troubles signalés peuvent aller du prurit, à la douleur au toucher, une inclinaison de la tête, un excès de cérumen ou une surdité. Il faut préciser que les lapins à oreilles tombantes sont populaires au Royaume-Uni, où ils représentent entre 36 et 58 % des lapins de compagnie.

Prévalence inédite

Cette fréquence est assez élevée par rapport à d'autres études antérieures. Par exemple, une analyse des dossiers cliniques de lapins britanniques chez un praticien généraliste (n=2 506) a suggéré une prévalence annuelle d'environ 1,0 % pour des « affections auditives », ainsi que 1,6 % pour l'inclinaison de la tête, souvent indicatif d'une otite moyenne ou interne. Une autre étude rétrospective (n=1 152, États-Unis) a révélé une prévalence de 3,5 % d'otites externes, 1 % d'otites moyennes et 2 % d'infestations acariennes des oreilles. La présente étude se rapproche plutôt d'études post-mortem, qui avaient trouvé une prévalence de 32 % d'otites moyennes, ou des études rétrospectives par imagerie scanner, qui ont trouvé une prévalence de 22 % à 27 % pour des otites internes alors que l'animal semblait en bonne santé à l'examen ante-mortem. Les auteurs soulignent que les données de prévalence sont imprécises du fait de la discrétion des manifestations de douleur chez le lapin, mais aussi du coût élevé des examens complémentaires pour le diagnostic de l'otite médiane ou interne.

Qualité de vie ? Douleur, surdité et inconfort

Dans cette enquête (551 réponses à un questionnaire de 32 points, à 95,1 % des femmes), les affections les plus courantes de l'oreille dont les maîtres indiquent qu'elles ont été confirmées par le vétérinaire traitant de l'animal étaient les otites, en particulier moyenne et interne, et l'excès de cérumen. La gale d'oreille ou une perte auditive ont également été signalés chez une minorité de lapins. Bien que trop rares pour être analysés, les acariens se sont avérés plus fréquemment présents chez les lapins juvéniles que chez les adultes. Les lapins ayant une affection auditive diagnostiquée par le vétérinaire étaient plus de deux fois plus susceptibles d'être sourds, c'est-à-dire ne répondant pas à une approche par derrière, une friandise étant préparée à portée d'audition ou des sons forts ou menaçants. La douleur et le prurit associés aux maladies de l'oreille ont également un impact sur la qualité de vie.

Oreilles tombantes : plus de troubles

Environ 30 % des lapins à oreilles tombantes présentaient une indication vétérinaire d'affection de l'oreille, contre seulement 11 % des lapins à oreilles dressées. Les lapins à oreilles tombantes étaient également 19 fois plus susceptibles d'avoir une déficience auditive ou une surdité que les lapins à oreilles dressées. Les lapins aux oreilles tombantes étaient 5,5 fois plus susceptibles d'être signalés comme ayant une altération de leur qualité de vie en raison d'un problème d'oreille. Leurs canaux auditifs sont généralement sténosé et le pavillon auriculaire se replie sur le canal, empêchant le cérumen et d'autres exsudats d'être expulsés. Les lapins à une oreille dressée/une oreille “bouclée” (half-lop) avaient une prévalence similaire à celle des lapins aux deux oreilles tombantes (voir le tableau ci-dessous). Ils étaient quatre fois plus susceptibles d'avoir un problème d'oreille considéré comme altérant leur qualité de vie que ceux ayant deux oreilles dressées. Autrement dit, avoir une oreille “bouclée” peut représenter autant de risque pour le bien-être des lapins que d'avoir deux oreilles tombantes. Dans l'étude, 48,5% des lapins avaient des oreilles tombantes, 42,5% étaient à oreilles dressées ; le reste étant “half-lop” ou avait des oreilles horizontales.

Moins de sauts de joie

Les lapins qui avaient eu une pathologie d'oreille identifié par un vétérinaire étaient également moins susceptibles de faire des sauts de joie (« binkying ») que les lapins sans ces problèmes. Cela suggère que ces troubles d'oreille affecte le bien-être de ces lapins. Le binkying est considéré comme un comportement de jeu, rappellent les auteurs, suggérant qu'une « fréquence réduite du binkying reflète à la fois un bien-être amoindri (car un mauvais bien-être réduit les motivations des animaux à jouer) et provoque un mauvais bien-être parce que le jeu est agréable en soi ». Les lapins sourds manquent en outre « l'anticipation agréable d'une friandise et, s'ils sont logés socialement, peuvent être désavantagés par rapport aux conspécifiques qui peuvent entendre la friandise préparée et l'approcher plus tôt ». Face à ce constat, les auteurs « suggèrent qu'il est nécessaire d'améliorer la reconnaissance et le traitement des affections de l'oreille [des lapins de compagnie] et d'éviter la reproduction de lapins présentant des signes précoces ou des antécédents familiaux de maladie de l'oreille pour lutter contre ce problème de bien-être animal ».