30 janvier 2025
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Alors que l'activité des officines évoluait peu entre 2015 et 2020, elle s'est accélérée en 2021 et 2022, note l'Insee dans une analyse publiée fin janvier (voir l'illustration principale). La crise sanitaire a « redynamisé » les pharmaciens.
En 2022, le chiffre d'affaires du « commerce de détail des produits pharmaceutiques » s'élevait à 47 milliards d'euro. Cela représente 8,6 % du chiffre d'affaires du commerce de détail. Entre 2015 et 2020, la progression du CA de ce secteur était < 2 % par an (en euro courants en moyenne). L'accélération – attribuable au Covid – « s'élève à plus de 8 % sur chacune des deux années [2021 et 2022], avant de ralentir à moins de 3 % en 2023 », ce qui reste tout de même supérieur à la croissance pré-crise. C'est la baisse du prix des médicaments remboursables qui est à l'origine de la faible croissance sur 2015-2020, qui n'a pas été nettement compensée par « une augmentation de la consommation de médicaments et l'essor de produits récents et onéreux ». Le Covid n'est pas seul en cause dans l'accélération de 2021 et 2022, il y a aussi eu « une régulation des prix des médicaments moins forte que les années précédentes, la poursuite de la progression des produits innovants », et bien sûr « l'élargissement des missions des pharmaciens liée à la pandémie de Covid-19 (tests, vaccination, etc.) ». La fin de la pandémie, synonyme de nette réduction de ces activités, explique le ralentissement de 2023, signant du même coup la part importante que la crise sanitaire a pu jouer sur l'évolution du chiffre d'affaires des officines. L'Insee évalue la rémunération des officines à « plus de 3 milliards d'euro sur » 2021 et 2022 pour ces missions.
Au bilan, le taux de marge commerciale est estimé par l'Insee à 27,6 % en 2022, « soit un niveau proche de l'ensemble du commerce de détail (29,2 %) ». Avec une forte variation : « un dixième des officines ont un taux de marge commerciale de moins de 18 % et un dixième de plus de 34 % en 2022, soit 1,9 fois plus ». Le revenu moyen des pharmaciens titulaires (et donc non-salariés) était en recul avant la crise, à -3 % par an en moyenne. Or la forme d'exercice a également évolué sur la période : alors que 32 % des officines étaient des entreprises individuelles en 2015, elles ne sont plus que 16 % en 2022. Cela s'est accompagné de la progression des sociétés d'exercice, et en particulier des SEL (passées de 35 à 63 % des modes d'exercice sur la durée). Logiquement, la part des officines soumises à l'impôt sur les sociétés a atteint 78 % en 2022, alors qu'elle était de 49 % en 2015. Or « le développement de l'exploitation sous forme de société entraîne une baisse mécanique du revenu comptable, sans que cela ne reflète une diminution réelle de la rémunération ». Pour mieux appréhender l'évolution du revenu des pharmaciens titulaires, l'Insee a calculé les revenus de ceux présents deux années de suite sous un même régime fiscal. Et la crise sanitaire s'est donc soldée par une « forte hausse des revenus, pour l'ensemble des pharmaciens titulaires et de façon encore plus marquée pour ceux présents deux années de suite dans le même régime fiscal (respectivement +6,6 % et +10,5 % par an en moyenne entre 2020 et 2022) » (voir le graphique ci-dessous).
Le nombre d'officines a lui aussi évolué, mais dans l'autre sens : en 2022, l'Insee en dénombre 22 700, « contre 23 400 en 2015, soit une baisse de 3 % ». Mais cela correspond à des structures présentant un plus grand effectif salarié (4,9 salariés ETP par officine en 2022, contre 4,2 en 2015) et – logiquement, un chiffre d'affaires accru. Si une sur trois emploie au plus 3 salariés ETP, une sur dix en emploie au moins 9 en 2022. Et près de la moitié des officines réalisent alors plus de 2 millions d'euros de CA en 2022, (elles étaient un quart en 2015). Les 10 % d'officines ayant le CA le plus élevé (> 3,4 millions d'euro) représentent ensemble près de 30 % du chiffre d'affaires total du secteur.
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