29 janvier 2025
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Un article publié par Les Échos le 9 janvier est interpellant. Les catastrophes naturelles, aggravées par le dérèglement climatique, ont entraîné des pertes économiques exceptionnellement élevées en 2024. Sur cette seule année, le montant des pertes assurées aurait atteint 140 milliards de dollars (soit environ 135 milliards d'€). Sont en cause, des événements majeurs, comme des ouragans, mais aussi des inondations, des incendies et des tremblements de terre.
140 milliards de dollars ! Ne ferions-nous pas mieux d'investir cet argent pour protéger notre planète, et finalement notre survie ? Toutefois, de réflexion en réflexion, le mot sobriété s'impose. Ce terme est associé instinctivement à une économie en berne, à un environnement triste, une décroissance fataliste… Pourquoi ne pas l'associer plutôt à la création de nouveaux modèles économiques, de nouvelles activités et services.
Dans le domaine de la santé humaine, the Shift Project, think-tank de la transition carbone, a fait l'exercice de proposer au gouvernement français trois axes d'évolution pour atteindre un système de santé durable, « soutenable ». Le développement soutenable, sustainable en anglais, fait référence à ce que l'environnement, au sens des ressources naturelles disponibles, peut supporter à long terme.
Le premier axe consiste à réduire la demande en soins en agissant sur la prévention. La prévention et la promotion de la santé permettent en effet d'agir sur la cause des problèmes de santé et environnementaux. Il s'agit d'évoluer d'un système de soins curatif à préventif (et plus globalement du « cure » au « care »).
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les facteurs environnementaux sont responsables de 23 % des décès humains et 25 % des pathologies chroniques dans le monde (voir aussi schéma en illustration principale). Des pandémies mondiales, telle que la Covid-19, génèrent une pression sur les services de santé et mettent souvent en exergue l'insuffisance des ressources humaines et financières. Ainsi, la solution à long terme serait d'intégrer la prévention et la promotion de la santé comme un axe prioritaire. En matière de prévention, cela se concrétise par exemple par :
En médecine vétérinaire, favoriser par exemple les plans de prévention pour détecter et prévenir les pathologies le plus tôt possible, ce qui limitera par la suite des soins à fort impact carbone, est une solution applicable dès à présent.
Par ailleurs, qu'il s'agisse d'épidémies infectieuses, de pics de chaleur ou d'autres aléas faisant peser un risque sanitaire sur la population, susceptibles de saturer les capacités du système de soins, tous ces risques justifient en soi, ne serait-ce que pour en limiter les conséquences, d'améliorer l'état de santé « basal » (baseline en anglais, c'est-à dire pré-crise) des populations.
La réduction des besoins de soins en agissant en amont, en plus d'être une marge de manœuvre importante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au secteur de la santé, constitue sans doute également une prise de conscience essentielle dans ce contexte environnemental de plus en plus instable.
Le deuxième axe proposé est celui de l'optimisation des soins. Il s'agit principalement d'apporter le soin approprié en évitant les investigations et traitements inutiles. La transformation de la culture actuelle des soins de santé en faveur d'une gestion responsable des ressources nécessite des soins centrés sur le patient qui privilégient sa santé et son bien-être plutôt que le diagnostic (le désir de savoir) et la guérison (l'absence de maladie). Ainsi, guérison et diagnostic deviennent des moyens parmi d'autres du bien-être.
Selon le Pr Simon Berthelot, clinicien-chercheur au CHU de Québec - Université de Laval, dont les travaux de recherches portent notamment sur l'efficience clinique, économique et environnementale des services de santé : au Canada, 30 à 50 % des antibiotiques prescrits pour des infections respiratoires, 30 % des examens d'imagerie du dos, 18 à 35 % des examens préopératoires, 30 % des tomodensitométries pour traumatisme crânien cérébral léger sont inutiles.
Cette conception est transposable à la médecine vétérinaire. Il ne s'agit évidemment pas de réduire les actes, dont la valorisation est prônée depuis des années pour être moins dépendants des ventes de médicaments. Il s'agit en pratique de proposer davantage de plans de prévention, pour diagnostiquer plus précocement les maladies, et d'éviter le « sur-diagnostic » et le « sur-traitement ».
Enfin, le dernier volet de ce cadre de la santé soutenable correspond à la décarbonation active des services de santé et de la production des soins. Les pistes proposées peuvent différer selon les pays et les modes de production. Cet axe a déjà été abordé dans un précédent Fil : Comment le secteur de la santé humaine en France a entamé sa décarbonation pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
À ce jour, ces réflexions sont probablement éloignées des préoccupations du quotidien des vétérinaires. Toutefois, les cliniques qui entameront cette transformation prendront immanquablement de l'avance face à une législation qui n'aura de cesse de se durcir du fait d'une situation environnementale de plus en plus incertaine.
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