28 janvier 2025

Un diagnostic et un traitement précoces de la thromboembolie artérielle féline (TEAF) sont essentiels pour limiter la nécrose ischémique et réduire le risque de lésion ischémique par reperfusion. Un moyen de statuer sur la TEAF serait utile chez les animaux où d'autres hypothèses de paralysie, tels que des lésions orthopédiques ou neurologiques, sont envisagées.

Thromboembolie artérielle féline : pas toujours facile à diagnostiquer

Un diagnostic présomptif est souvent proposé en fonction de la présence de signes cliniques, tels qu'une parésie aiguë, une douleur, l'absence de pouls fémoral ou une anémie. Confirmer la TEAF peut être difficile : l'absence de pouls ne peut qu'être suspectée chez les chats ayant une palpation difficile, y compris les chats obèses ou non coopératifs, et les pouls faibles ou absents peuvent également être dus à une hypotension systémique. Le diagnostic définitif peut être effectué à l'aide d'une imagerie avancée telle que le flux Doppler ou la visualisation directe du thrombus par échographie ou angiographie, mais ces modalités ne sont pas forcément disponibles dans un délai cliniquement pertinent. La thermographie infrarouge a également été utilisée pour le diagnostic de la TEAF, mais elle n'est pas disponible dans la plupart des structures non plus.

Les “delta-glucose” et “delta-lactate” en tant que paramètres du diagnostic

Une équipe de vétérinaires urgentistes et de soins intensifs de différents hôpitaux universitaires américains (de l'Iowa, de la Géorgie et du Colorado) a cherché à établir des valeurs seuils indicatrices d'une TEAF en comparant les taux sanguins de lactate (Δlactate) et de glucose (Δglucose) entre les membres affectés et non affectés. Ces auteurs ont également examiné une association potentielle entre le Δlactate ou le Δglucose et la présence d'une insuffisance cardiaque congestive (ICC) concomitante. Au total, 18 chats avec un diagnostic de certitude de TEAF ont été recrutés de manière prospective dans quatre structures différentes entre janvier 2015 et avril 2019. Ils avaient tous été présentés dans les 6 heures suivant l'apparition de signes cliniques compatibles avec une TEAF ; le flux Doppler était absent dans le ou les membres affectés. Ces chats ont aussi été examinés pour détecter des signes d'une insuffisance cardiaque congestive sur la base d'une radiographie thoracique avec interprétation par un vétérinaire spécialiste en imagerie médicale. Le groupe témoin était composé de 41 autres chats présentés au service d'urgence de deux hôpitaux universitaires.

Valeurs seuils pour le delta-glucose et le delta-lactate

Des échantillons de sang des membres affectés et non affectés ont été prélevés (ponction veineuse directe à l'aide d'une aiguille G22 et d'une seringue). Les analyses de lactate et de glucose ont été effectuées dans la minute suivant le prélèvement à l'aide d'analyseurs portables de lactate et de glucose, respectivement. La différence (delta) a été établie comme le résultat d'un membre affecté moins celui d'un membre non affecté chez les chats avec TEAF, et le résultat d'un membre postérieur moins celui du membre antérieur dans le groupe témoin, pour le lactate et le glucose (voir le tableau ci-dessous). Dans le groupe avec TEAF, 16 des 18 des chats (89%) étaient paraparétiques/paraplégiques à la présentation, 1 était monoparétique et 1 avait trois des membres affectés. Au total, 72 % des cas ont été diagnostiqués avec une ICC. L'utilisation de l'analyse de la courbe ROC a montré que le seuil de ∆glucose de 41 mg/dl a abouti à un diagnostic de TEAF avec une sensibilité et une spécificité de 100 %, et des valeurs prédictives positive (PPV) et négative (NPV) de 100 %. Pour le ∆lactate, le seuil a été établi à 2,2 mmol/l, avec une bonne sensibilité (100%), spécificité (95%), PPV (86%) et NPV (100%).

Δglucose : associé à un diagnostic d'insuffisance cardiaque congestive

En conclusion, un Δlactate de 2,2 mmol/L ou un Δglucose de 41 mg/dl sont des paramètres de qualité dans le diagnostic de la TEAF. Bien que le Δlactate ne soit pas associé à un diagnostic d'ICC, le Δglucose l'était. Les auteurs concluent que ces paramètres, facilement disponibles, abordables et réalisables, devraient mettre à la portée des praticiens ne disposant pas des techniques avancées d'imagerie le diagnostic de la TEAF. De plus, le Δglucose est associé à un diagnostic d'ICC et pourrait être utilisé pour une confirmation/intervention précoce de cette pathologie souvent sous-jacente.