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Elanco & Proplan

9 février 2022

Maladie parodontale canine : un candidat marqueur de l'évolution irréversible

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Une étude coréenne vient d'identifier Treponema denticola comme candidat au statut de biomarqueur de la maladie parodontale du chien. Ici, un biofilm contenant T. denticola (la bactérie la plus filamenteuse) et Porphyromonas gengivalis, en microscopie électronique à balayage (Zhu et coll., 2013).
Une étude coréenne vient d'identifier Treponema denticola comme candidat au statut de biomarqueur de la maladie parodontale du chien. Ici, un biofilm contenant T. denticola (la bactérie la plus filamenteuse) et Porphyromonas gengivalis, en microscopie électronique à balayage (Zhu et coll., 2013).
 

Treponema denticola. C'est le petit nom de la bactérie trouvée étroitement associée à des lésions parodontales irréversibles chez le chien, dans une étude coréenne solide, qui estime qu'il s'agit d'un candidat sérieux au statut de « biomarqueur pronostique » des maladie parodontale canine.

PCR quantitative

Chez les humains, la maladie parodontale a été attribuée, suivant les travaux, à une ou plusieurs bactéries, dont les praticiens de la faculté vétérinaire de l'université Gyeongsang et les spécialistes en dentisterie d'un hôpital dentaire vétérinaire de Séoul ont retenu 11 représentants : Aggregatibacter actinomycetemcomitans (Aa dans l'illustration ci-dessous), Porphyromonas gingivalis (Pg), Tannerella forsythia (Tf), Treponema denticola (Td), Fusobacterium nucleatum (Fn), Prevotella nigrescens (Pn), Prevotella intermedia (Pi), Parvimonas micra (Pm), Eubacterium nodatum, Campylobacter rectus (Cr) et Eikenella corrodens (En). Originalité de leur étude, ils ont utilisé une PCR quantitative pour évaluer la présence de chacune de ces espèces (charge génomique). Les auteurs ont ainsi prélevé 6 échantillons sous-gingivaux autour d'une même dent ; deux dents étaient concernées par chien (canine et prémolaire), sur 176 chiens référés à l'hôpital dentaire de Séoul. Tous les chiens étaient âgés d'un an au moins et tous pesaient moins de 20 kg, « un format courant en Corée ». Les interventions ont eu lieu entre janvier 2019 et février 2020.

Trois stades

Les prélèvements étaient classés selon le stade de maladie parodontale de l'animal :

  • Les sujets sains (70 prélèvements),
  • Les sujets à gingivite (120 prélèvements), ces deux groupes présentant une maladie réversible ;
  • Et les sujets à parodontite, stade irréversible, lui-même sous-divisé en parodontite précoce (n=77), modérée (n=34) ou avancée (n=35).

Il n'y avait pas de différence significative entre ces groupes pour l'âge, le poids ni le sexe des chiens. Sur l'ensemble des prélèvements, trois espèces étaient présentes sous plus d'une dent sur deux : F. nucleatums, P. micra et E. corrodens. Mais lorsqu'ils comparent les stades réversibles aux stades irréversibles, 8 espèces sont au moins deux fois plus souvent présentes dans ces derniers (Aa, Tf, Td, Pn, Pi, Pm, En et Cr).

Td sans rivale

Deux espèces se distinguent alors : Pi (x 5,95) et Td (x 5,69). Si Td qui présente la différence de prévalence la plus élevée entre sujets à affection réversible et parodontite modérée (x 7,68), pour Pi c'est un facteur x 9,31 au regard de la parodontite avancée. Mais lorsqu'ils s'intéressent à la quantité de bactéries présentes (via la charge génomique déterminée par qPCR), les auteurs observent que c'est pour T. denticola que la différence est la plus importante entre les prélèvements sur sujets à maladie réversible et irréversible (x 25,14) ; et d'un facteur x 32,06 pour le stade de parodontite modérée : « sans rivale » (voir le graphique ci-dessous). La différence au regard du stade avancé était également la plus élevée (x 23,23) pour Td. C'est aussi celle avec la corrélation positive la plus élevée (r de Pearson de 0,430, p<0,001) pour la présence d'une parodontite irréversible.

Comparaison entre groupes des différents stades de maladie parodontale pour la présence (charge génomique) de chaque espèce bactérienne (d'après Kwon et coll., 2022).

 

Prédiction d'irréversibilité ?

Si elle est donc possiblement une espèce marqueur de parodontite, Td n'est toutefois pas la seule : l'association entre prévalence et présence et stades de l'affection reste significative pour Tf, Pi, En et Ec (avec un niveau comparable de signification statistique), confirmant qu'il s'agit d'une affection polymicrobienne. Elles sont également associées (ensemble) avec le stade précoce, mais pas les suivants. Td reste la seule associée de manière hautement significative aux stades précoce et modéré, et de manière significative au stade avancé. P. intermedia pourrait être un indicateur plus spécifique du seul stade avancé. Mais en l'état, et forts du nombre de chiens et de prélèvements dans leur étude, les auteurs proposent surtout de retenir T. denticola comme « marqueur prédictif d'une maladie parodontale irréversible ».