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Elanco & Proplan

19 décembre 2019

Le département de l'Indre est touché par la dirofilariose

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

L'Indre, au centre de la France, est éloigné du périmètre dans lequel les cas autochtones de dirofilariose cardiopulmonaire sont généralement rapportés, comme le montre la répartition géographique publiée par l'ESCCAP (www.esccap.fr).
L'Indre, au centre de la France, est éloigné du périmètre dans lequel les cas autochtones de dirofilariose cardiopulmonaire sont généralement rapportés, comme le montre la répartition géographique publiée par l'ESCCAP (www.esccap.fr).
 

L'originalité de ce foyer de dirofilariose n'est pas relative à l'espèce touchée (des chiens) ni au nombre de cas (6/17), mais bien à sa localisation au centre de la France. Les rares cas diagnostiqués au-delà du pourtour méditerranéen sont en effet le plus souvent décrits chez des animaux ayant séjourné en zone d'enzootie, où ils ont vraisemblablement été infestés.

Ici, il s'agit de cas autochtones, suffisamment inhabituels pour faire l'objet d'une publication dans la revue Parasite (article en libre accès, publié en début de semaine).

Des chiens militaires stationnés dans l'Indre

La prise en charge des cas, et leur description, résulte d'une collaboration entre des chercheurs de l'université d'Aix-Marseille (Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection) et les services de santé de l'armée française. Car le foyer touche des chiens militaires, hébergés dans un chenil situé dans l'Indre (département de la région Centre-Val de Loire).

Les 17 chiens de ce chenil militaire (11 malinois et 6 bergers allemands) étaient en apparente bonne santé lors d'une prise de sang pour analyses, associée à un examen clinique.

Ces chiens bénéficient d'un suivi vétérinaire régulier. Ils sont traités de mai à octobre « contre les ectoparasites », mais avec un médicament « sans effet répulsif contre les moustiques ». La dirofilariose est en effet une maladie vectorielle pour laquelle ces insectes – le moustique tigre en particulier – sont les vecteurs.

Plus d'un tiers de chiens infestés

La présence des parasites a été recherchée dans le sang par trois méthodes différentes de diagnostic direct : test de Knott modifié (microscopie), tests sérologiques rapides (2 kits détectant les antigènes) et analyses qPCR (mise-en-évidence et séquençage).

Et les résultats révèlent la présence de Dirofilaria immitis et/ou Dirofilaria repens chez 6 chiens parmi les 17 présents dans le chenil, soit 35 % de l'effectif.

À l'exception d'un animal, infesté par D. immitis seul, tous les autres sont co-infestés par les deux filaires (voir tableau).

 

Des vers dans le cœur à l'autopsie

Au plan clinique, l'infestation par D. immitis peut rester longtemps inapparente, avant de se manifester par des signes d'insuffisance cardiaque droite (fatigue, intolérance à l'effort, épanchements, œdèmes).

La présence de D. repens demeure souvent asymptomatique, ou entraîne parfois l'apparition de nodules sous-cutanés, éventuellement d'un prurit. Les chiens étaient ici sans symptômes apparents.

Toutefois, le décès de l'un des individus infestés, des suites d'une torsion d'estomac quelques semaines après le prélèvement sanguin, a été l'occasion de pratiquer une autopsie. Et celle-ci confirme la présence de plusieurs filaires adultes (D. immitis) dans le cœur, comme le montre la photo ci-dessous. Aucune dilatation cardiaque n'a toutefois été mise en évidence chez l'animal.

6 spécimens adultes de D. immitis sont observés dans le ventricule droit du troisième chien à l'autopsie.

Photo : Laidoudi, et al., Parasite, 2019.

 

Un périmètre "à moustiques"

Le principal enseignement de cette découverte est ainsi d'ordre épidémiologique. Car elle révèle, pour la première fois selon les auteurs, « un foyer de dirofilariose cardiopulmonaire canine dans le centre de la France ». Ceux-ci concluent ainsi qu'il est probable que la distribution de la maladie progresse au-delà du sud du pays, « à mesure que les moustiques vecteurs élargissent leur territoire et que de nouveaux vecteurs non indigènes sont introduits ».

Le chenil militaire se situe au sein du parc naturel de la Brenne, dans une zone humide comptant plusieurs étangs, et ainsi favorable à la multiplication des moustiques. D'autres foyers ont déjà été décrits dans l'ouest de la France, chez des chiens de chasse vivant également dans des chenils à proximité de plans d'eau.