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Elanco & Proplan

8 février 2019

Rétrospectif :  Giardia domine le parasitisme digestif des chiens comme des chats ; en respiratoire, ce sont Capillaria, Angiostrongylus (chiens) et Aelurostrongylus (chats)

par Vincent Dedet

Temps de lecture  6 min

Prévalences parasitaires dans les populations canine et féline étudiées sur la période 2008-2017 (d'après Dufossé, 2018).
Prévalences parasitaires dans les populations canine et féline étudiées sur la période 2008-2017 (d'après Dufossé, 2018).
 

Bilan d'une décennie parasitaire. Une thèse soutenue à Oniris en 2018 analyse rétrospectivement les analyses parasitaires effectuées entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2017 au laboratoire de dermatologie, parasitologie et mycologie de cet établissement. Sur cette période, 2 265 prélèvements de fèces ont été reçus (617 prélèvements de chats et 1633 de chiens). Ils ont en très grande majorité été expédiés par des praticiens extérieurs à l'établissement (78 % pour les prélèvements d'origine canine, 86 % pour ceux d'origine féline) et concernent quasi-exclusivement un seul sujet.

Surtout métropole

Ces prélèvements proviennent « de toute la France métropolitaine [voir la carte ci-dessous], mais de façon très hétérogène », même si plus de la moitié (51,7 %) sont issus des Pays de la Loire. Le recours à la coproscopie paraît en augmentation car, observe l'auteur, « entre les périodes 2008-2012 et 2013-2017, il y a eu une augmentation des analyses coprologiques chez les chiens (+ 43 %) et les chat (+ 51 %) ». L'analyse la plus demandée est « la coprologie de base », devant « les méthodes d'investigation de giardiose, détection des kystes et d'antigène (méthode immuno-enzymatique), ainsi que Cryptosporidium ». Plus des deux tiers des prélèvements canins (65 %) comme félins (71 %) ont fait l'objet d'au moins deux méthodes d'analyses.

Provenance géographique des analyses coproscopiques analysées au laboratoire de dermatologie, parasitologie et mycologie d'Oniris entre 2008 et 2017  (carte 1 de la thèse de Dufossé, 2018).

 

Tiercé canin : Giardia, Angiostrongylus et Dirofilaria

Chez les chiens et par ordre décroissant de fréquence d'identification (voir l'illustration principale) arrivent Giardia (22,3 %), Angiostrongylus (19,2 %) et Dirofilaria immitis (17,2 %). « Viennent ensuite les coccidies du genre Isospora (5,7 %), Capillaria (4,5 %), Toxocara (3,6 %), les Ankylostomatidés (2,3 %), Crenosoma vulpis (1,8 %) et Trichuris vulpis (1,2 %). Enfin, pour Toxascaris leonina, Dipylidium caninum, Cryptosporidium, Strongyloïdes et Taenia sp., les prévalences calculées sont inférieures à 1 % ». Les infestations triples ont été rarement observées (3 chiens), les doubles étant plus fréquentes (52, contre 363 infestations simples). Les infestations multiples sont dominées par Giardia (63 % de ces cas). Le « pourcentage d'analyses positives est significativement plus élevé [p< 0,05] dans le Sud-Est et le Nord-Ouest (respectivement 35,9 et 27,3 %), et significativement plus faible dans le Nord-Est et le Sud-Ouest (respectivement 27,3 et 16,9 %) ».

Chats : Aelurostrongylus et Capillaria ex aequo

Chez les chats aussi, Giardia domine (12,8 % des résultats positifs, voir l'illustration principale). « Viennent ensuite Aelurostrongylus abstrusus et Capillaria sp. (prévalences égales à 6,1 %), Toxocara cati (3,1 %) et les coccidies du genre Isospora [2,0 %]. Enfin Dipylidium caninum, Mesocestoides lineatus et Toxascaris leonina sont détectés à des prévalences inférieures à 1 % ». Il n'a pas été détecté de triple infestation. Six chats présentaient « une double infestation contre 80 chez qui une seule espèce de parasite a été détectée. Giardia est encore l'espèce parasitaire la plus isolée chez les individus poly-infestés ». Il n'y avait pas de différence statistiquement significative de prévalence apparente entre les régions.

Diarrhée la plus renseignée

Au vu des commémoratifs, « la diarrhée est le signe clinique le plus largement décrit, présent chez 47,4 % des chiens (772 individus) et 61,8 % des chats (381 individus) », et le plus souvent chronique. L'auteur a recherché si des parasites étaient particulièrement identifiés sur des prélèvements issus d'animaux présentant des signes cliniques renseignés. Il n'observe pas de telle différence chez les chiens. « En revanche, chez les chats, la prévalence de Toxocara sp. est significativement plus élevée dans la population asymptomatique » (voir le graphique ci-dessous).

Comparaison des prévalences parasitaires entre les populations cliniques et asymptomatiques canines et félines (figures 37 et 38 de la thèsede Dufossé, 2018). L'astérisque indique une différence statistique (p<0,05).

 

Bilan et catalogue

Les prélèvements sanguins (recherche de Dirofilaria et sérologie Angiostrongylus) sont également étudiés, bien que peu nombreux (n=139). L'auteur observe que « les vétérinaires montrent un intérêt croissant pour les angiostrongles de 2014 à 2017, alors que la suspicion de Dirofilaria atteint un pic en 2015 ». En tenant compte de ces prélèvements, le bilan porte sur « 1 713 analyses canines et 625 analyses félines dont respectivement 1633 et 617 coproscopies [et] l'infestation est évaluée respectivement à 25,4 % [chiens] et 14,6 % [chats] ». L'étude rétrospective reprend alors les parasites par espèce, pour en discuter la prévalence observée et les facteurs de risque identifiés.

Pour Giardia, l'isolement « a augmenté au cours du temps de l'étude, de façon significative pour les chiens et non significativement pour les chats ». L'auteur propose que cela reflète « une augmentation du parasitisme par Giardia, une meilleure sensibilisation des praticiens qui demandent des analyses de façon plus ciblée, ou une évolution des techniques d'analyses ». De fait, « la détection de l'antigène est significativement plus sensible que la recherche de kystes ». Il reste que la place prépondérante de Giardia n'est pas une surprise, les prévalences mesurées ici étant « comparables à certaines des études françaises [comme européennes] précédentes ». Les facteurs de risque retenus chez le chien sont : le jeune âge (moins de 1 an) et le fait de ne pas être stérilisé.

Pour Toxocara sp., la prévalence moyenne de 3,1 % chez les chats ne doit pas masquer une baisse significative de cette infestation chez les chats sur la période. « Cela peut être signe d'une meilleure vermifugation ». La prévalence moyenne chez les chiens est de 3,6 %, et c'est une valeur « plutôt basse par rapport aux autres études françaises et plus globalement européennes ». « Les taux d'excrétion moyens sont respectivement 585 et 1279 œufs par gramme ». Les facteurs de risque retenus chez le chien sont : la saison hivernale et le jeune âge (<1 an).

Pour les Ankylostomatidés, l'auteur n'observe « pas d'évolution significative entre 2008 et 2017, ni entre les différentes zones géographiques ». Il y a en revanche un effet saison chez les chiens, où la prévalence « est significativement plus élevée en été (5,02 %) et significativement réduite en hiver (0 %) ». Le laboratoire fournit des « proportions ‘‘probables'' de 1,9 % pour Uncinaria stenocephala et 0,22 % pour Ankylostoma caninum. Ces proportions sont compatibles avec les études françaises les plus récentes et les études d'Europe occidentale ».

Pour Angiostrongylus vasorum, la prévalence de 19,2 % se rapporte à un faible nombre de des chiens testés ; il y a autant de cas détectés par sérologie que par coprologie. Les résultats positifs datent « de 2012, 2014, 2015 et 2016 », sans « évolution significative dans le temps », la géographie ni la saison. La prévalence observée est « élevée par rapport aux données de la bibliographie, en France et en Europe (hors Sud). Néanmoins, il faut se souvenir que la majorité des chiens ici étudiés sont symptomatiques », ce qui ne fournit pas une prévalence en population générale.

Dirofilaria immitis a été détecté chez 17,2 % des chiens testés, là aussi au-delà des données de la bibliographie, en France et en Europe (hors sud). « La totalité des tests positifs sont issus de chiens adulte entre 1 et 6 ans (n=5), et vivant avec des congénères (n=4) ». Et « sur les 5 chiens dont les tests sont positifs dans le Nord-Ouest, deux [avaient] un historique connu de voyage à l'étranger ». Pour ces deux parasites, la thèse présente une carte de localisation de la zone de résidence des cas (p. 132).