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20 août 2018
La flunixine rescapée pour les chevaux anglais. En France, la diéthanolamine fait une douzième victime
Le 2 août 2018, l'Agence française du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) a suspendu l'AMM d'une douzième solution injectable contenant de la diéthanolamine (DEA) : Duoprim° (MSD) à base de sulfadoxine et de triméthoprime.
Comme pour les onze autres premières victimes de ces suspensions d'AMM, notamment toutes les solutions injectables de flunixine, il est procédé à un rappel des lots détenus en centrales (voir LeFil du 2 août 2018).
En Europe, la diéthanolamine est désormais considérée comme un excipient cancérogène trop dangereux en productions animales. Car, en l'absence de toutes données sur les résidus de cet excipient, il ne peut pas être formellement exclu une éventuelle cancérogénicité pour un consommateur régulier de viandes traitées par la flunixine ou par l'un des deux autres médicaments formulés avec de la DEA.
L'absence de données justifie donc l'application du principe de précaution : tous les médicaments avec cet excipient, pourtant sans activité pharmacologique, sont retirés du marché avec, en France, un rappel des stocks détenus en centrales.
Les Britanniques sont plus pragmatiques que les Français. Forcées par un arbitrage défavorable de l'Agence européenne du médicament, les autorités britanniques ont, dans un premier temps, le 26 juillet, suspendu les AMM sans aucun rappel de lot. Puis, devant le tollé provoqué par le retrait de la flunixine injectable en médecine équine, elles ont rapidement accepté, le 13 août, de conserver les solutions injectables de flunixine avec des indications restreintes aux équidés exclus de la consommation humaine (voir ce lien).
La réglementation européenne accepte ce type de restrictions aux chevaux exclus de l'abattage, mais seulement en l'absence d'alternatives (avec AMM) indiquées pour les équidés non exclus la consommation humaine.
À ce jour, au moins trois AINS sont approuvés chez les équidés dans des formes injectables : le méloxicam (Metacam° et génériques), le firocoxib (Equioxx°) et le kétoprofène (Ketofen° et génériques). L'Agence britannique a donc probablement été convaincue par les arguments des vétérinaires britanniques qui considèrent la flunixine comme une molécule indispensable à la médecine équine.
En outre, contrairement à la décision de l'agence française, l'agence britannique a aussi décidé ne faire aucun rappel des lots détenus par les grossistes. Car elle estime que le risque pour la santé du consommateur est « très faible ». Et qu'« elle n'a pas connaissance de problème associé à l'usage de médicaments vétérinaires contenant la diéthanolamine ».
Pour faire face à la mort brutale de la flunixine injectable en France, quatre AINS injectables sont indiquées chez les bovins et trois AINS chez les porcins comme pour les équins (voir le tableau ci-dessous). L'offre commerciale est plus abondante avec de nombreux génériques surtout pour le méloxicam (Metacam°).
Les résumés officiels des caractéristiques de ces produits (RCP) diffèrent parfois entre le princeps et les génériques, notamment sur le libellé exact des indications, ainsi que, plus rarement, sur les temps d'attente. Toutes ces nuances ne sont pas reproduites dans ce tableau. Tableau LeFil.
Chez les bovins, la solution pour-on de flunixine (Finadyne° Transdermal) est aussi une alternative envisageable. Ses temps d'attente sont de 36 heures dans le lait et 7 jours dans les viandes.
Les AMM de trois associations sulfamides-triméthoprime sont désormais suspendues du fait de la présence de DEA :
Les associations de sulfamides-triméthoprime injectables, antibiotiques de première intention à spectre large, commencent donc à se restreindre. Seulement quatre solutions injectables de ce type sont commercialisées en centrales :
Deux autres solutions injectables bénéficient d'AMM mais ne sont pas commercialisées en centrales :
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