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Elanco & Proplan

24 janvier 2025

Diverticule arachnoïdien félin : l'évolution est défavorable dans les trois quarts des cas malgré le traitement

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Le domestic shorthair est surreprésenté dans cette étude, mais il est populaire par ailleurs et la race n'est pas associée à la présence ou non d'une lésion sous-jacente (cliché Pixabay).
Le domestic shorthair est surreprésenté dans cette étude, mais il est populaire par ailleurs et la race n'est pas associée à la présence ou non d'une lésion sous-jacente (cliché Pixabay).
 

Les diverticules arachnoïdiens, ou pseudokystes arachnoïdiens, sont rares chez le chat. Ils correspondent à une dilatation locale de l'espace sous-arachnoïdien, causant une compression progressive de la moelle épinière et l'apparition de signes nerveux.

Cette affection est d'étiologie méconnue. Elle serait plutôt acquise dans cette espèce, secondaire à une autre affection (malformation ou fracture vertébrale, discopathie, myélite, etc.), alors qu'une origine congénitale est aussi suspectée chez le chien.

L'étude rétrospective de 21 cas a permis de mieux cerner ses aspects cliniques dans l'espèce féline.

Une majorité de chats mâles

Cette étude multicentrique a impliqué 7 structures vétérinaires (principalement des établissements universitaires), au Royaume-Uni et en Belgique. Seuls 21 cas ont pu être rassemblés, ce qui confirme la rareté de cette atteinte.

Il s'agissait de mâles dans près des deux-tiers des cas (13 soit 63 %) ; chez le chien, les mâles sont également plus souvent touchés.

Ces chats étaient de divers âges au moment du diagnostic : entre 18 semaines et 13 ans et 8 ans en médiane.

Une prédisposition raciale est connue chez le chien (carlins et rottweilers, notamment, sont plus souvent affectés). Ici, 14 chats sont des européens à poils court et 3 des européens à poil long, des races très populaires par ailleurs.

Localisation cervicale rare

Chez tous ces chats, le diagnostic avait été confirmé à l'IRM. Une localisation cervicale (C1-C5) est peu fréquente, observée chez seulement 3 chats (14 %). Dans les autres cas, elle est thoracolombaire (T3-L3) : thoracique chez 14 et lombaire chez 4.

Myélopathie progressive, bilatérale et symétrique

Le tableau clinique est chronique, les signes cliniques étaient présents depuis plusieurs semaines (1 mois au minimum et jusqu'à 24 mois) : paraparésie (voire tétraparésie, dans 2 cas), ataxie des membres pelviens. Tous les chats sauf un seul étaient ambulatoires.

L'examen clinique a ainsi caractérisé une myélopathie chronique, progressive, bilatérale, symétrique à 90 % (plus marquée à gauche dans 2 cas) et non douloureuse, ce qui est globalement similaire aux observations chez le chien.

Dans 1 cas (d'atteinte cervicale), un syndrome vestibulaire bilatéral était associé (ainsi qu'une ataxie proprioceptive) ; une incontinence fécale était présente dans 1 autre (atteinte enT3-T5). Aucun cas ne présentait d'incontinence urinaire. Le suivi à long terme montre toutefois chez 2 chats la survenue ultérieure d'une incontinence urinaire (urinaire et fécale dans 1 cas), associée à une récidive de la lésion. Des cas d'incontinence sont rapportés aussi chez l'homme et chez le chien.

Une lésion sous-jacente à (seulement) plus de 50 %

Une autre affection spinale de même localisation, sous-jacente ou antérieure, est fréquemment documentée, dans environ la moitié des cas ici (11/21) : hernie discale (3 cas), hémilaminectomie en traitement d'une hernie discale (2 autres cas), fracture ou luxation vertébrale (3 cas), malformation vertébrale (2 cas), dysgénésie vertébrale dans un cas d'hypothyroïdie congénitale.

Mais à l'inverse, aucune lésion concomitante n'est identifiée à 48 % (10 cas). Un défaut de diagnostic est possible, malgré les examens complémentaires pratiqués, mais les auteurs relèvent qu'une origine congénitale de la lésion ne peut pas être exclue.

L'âge des chats au diagnostic n'est pas en faveur de cette hypothèse, mais dans l'analyse, aucun paramètre n'est trouvé associé à la présence ou non d'une lésion sous-jacente, démographique (sexe, âge, race, poids du chat) comme médical (traitement et évolution).

Mauvaise évolution à long terme

La prise en charge est chirurgicale (n=8, dont 1 cas en seconde intention : laminectomie dorsale et durectomie, hémilaminectomie et durotomie) ou médicale (n=13). Elle associe alors à la mise au repos, une corticothérapie (prednisolone) et/ou des soins de physiothérapie. Le dernier chat a été euthanasié suite à l'annonce du diagnostic, (celui qui n'était pas ambulatoire), sans tentative de traitement.

L'évolution à court terme (jusqu'à 12 semaine après la prise en charge), renseignée pour 19 chats, est variable :

  • Parmi les 8 cas opérés, une amélioration a été observée chez 6, un état stable chez 1 et une détérioration chez le dernier ;
  • Parmi les cas ayant reçu un traitement conservateur, une amélioration a été obtenue chez seulement 3, une détérioration est documentée chez 5, et les 4 autres sont restés stables.

Une détérioration à court terme est ainsi observée au global chez 30 % des cas, et une amélioration à 45 %.

L'évolution à long terme (11 à 36 mois) était renseignée pour 11 cas, montrant alors une détérioration dans près des trois quarts des cas : 8/11 (73 %), dont 4 traités par chirurgie et 4 médicalement. Chez 2 de ces chats traités par chirurgie, des examens ultérieurs (IRM) ont montré une récidive de la lésion (4 et 21 mois après le diagnostic).

Une amélioration n'est rapportée que pour 2 chats (traités par chirurgie), les signes cliniques sont restés stables pour le dernier (traité médicalement).

Malgré le traitement, le pronostic reste donc réservé.

Les auteurs concluent aussi de ces données qu'un diverticule arachnoïdien est une hypothèse diagnostique à envisager dans les cas de myélopathie chronique progressive non latéralisée et non douloureuse, en particulier chez un chat mâle et lors d'antécédent d'affection ou de chirurgie vertébrale.