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Elanco & Proplan

17 mars 2025

Vacciner ou pas ? Une interrogation des parents comme des propriétaires

par Pascale Pibot

Temps de lecture  5 min

L'hésitation vaccinale est un phénomène qui prend de l'ampleur en médecine humaine ainsi qu'en médecine vétérinaire, notamment en France (cliché Pixabay).
L'hésitation vaccinale est un phénomène qui prend de l'ampleur en médecine humaine ainsi qu'en médecine vétérinaire, notamment en France (cliché Pixabay).
 

De plus en plus de personnes sont réticentes à faire vacciner leurs enfants contre des maladies pourtant potentiellement dangereuses. Ce phénomène est qualifié « d'hésitation vaccinale ».

Comme cette attitude est également observée chez les propriétaires vis-à-vis de leurs chiens et leurs chats, il apparaît nécessaire de valider la méthodologie utilisée pour quantifier le phénomène, et comprendre pourquoi les propriétaires hésitent à faire vacciner leurs animaux de compagnie.

Le questionnaire PACV : une référence

Plusieurs outils ont été élaborés en médecine humaine pour tenter de mieux comprendre les raisons qui sous-tendent le refus des vaccins, et améliorer en conséquence la communication avec les parents. L'un des plus classiques est le questionnaire PACV pour Parent attitudes about childhood vaccines (attitude des parents à propos de la vaccination des enfants), qui comprend 15 items et prend moins de 5 minutes à remplir :

  • 2 questions portent sur le comportement des répondants en matière de vaccination,
  • 4 sur leurs préoccupations en matière de sécurité et d'efficacité des vaccins,
  • et 9 sur leur niveau de confiance à l'égard de la vaccination.

Des versions abrégées du questionnaire sont parfois utilisées pour augmenter les taux de participation.

Les réponses sont notées 0 (« pas hésitant »), 1 (« pas sûr/je ne sais pas ») ou 2 (« hésitant ») et le total des notes est ensuite obtenu sur une échelle de 0 à 100. L'hésitation vaccinale se traduit par un score égal ou supérieur à 50.

Adaptation du PACV au domaine vétérinaire

Une étude a été menée par des chercheurs de l'Université A&M du Texas pour tester la pertinence du PACV dans le domaine vétérinaire. Le questionnaire a donc été adapté aux propriétaires d'animaux de compagnie.

Les questions posées aux propriétaires de chiens portaient sur les vaccins contre la rage, la parvovirose, la maladie de Carré, la toux de chenil et la maladie de Lyme, tandis que les propriétaires de chats étaient interrogés à propos des vaccins contre la panleucopénie féline, le coryza, la chlamydophilose et la bordetellose.

Des données relatives aux propriétaires eux-mêmes (âge, sexe, niveau d'éducation, revenus…) ont aussi été recueillies, ainsi que des informations sur le nombre d'animaux présents au domicile, la fréquence des contacts avec d'autres animaux et l'ancienneté de la fréquentation de la clinique vétérinaire.

L'institut de sondage qui a réalisé l'enquête en 2024 a analysé les réponses de 2 853 propriétaires de chiens (âge moyen : 44,1 ans) et de 1 977 propriétaires de chats (âge moyen : 45,9 ans) vivant aux États-Unis ; 50,9 % des personnes interrogées étaient des femmes.

Confiance élevée envers le vétérinaire

En grande majorité, les répondants ont indiqué qu'ils entretenaient de bonnes relations avec leur vétérinaire (76,9 % pour les propriétaires de chiens, 73,7 % pour les propriétaires de chats), qu'ils faisaient confiance aux informations reçues sur les vaccins (86,0 % et 82,0  %, respectivement), qu'ils comprenaient la gravité des maladies visées par les vaccins (72,5 % et 67,2 %). Ils adhèrent au calendrier vaccinal recommandé pour un chiot ou un chaton à 88,3 % et 81,2 %, respectivement. Et ils n'ont pas évité (73,6 % / 69,0 %) ou retardé (72,2 % / 67,4 %) les vaccinations de leur animal.

20 à 25 % de propriétaires méfiants vis-à-vis des vaccins

À la question « Vous considérez-vous comme hésitant vis-à-vis des vaccins ? », 64,8 % des propriétaires de chiens ont répondu « non », 22,8 % ont répondu « oui » et 12,4 % se sont déclarés « incertains ». Pour les chats, les taux de réponses sont respectivement de 58,0 %, 24,3 % et 17,7 %.

La prise en compte de l'ensemble des réponses enregistrées dans les questionnaires a conduit à considérer que 21,7 % des propriétaires de chiens et 25,9 % des propriétaires de chats pouvaient être considérés comme hésitants vis-à-vis des vaccins.

Parmi les propriétaires hésitants ou incertains, la majorité se posait des questions quant à la sécurité des vaccins (52,6 % pour les vaccins canins, 51,7 % pour les vaccins félins), les effets indésirables éventuels (54,3 et 55,5 %, respectivement) et leur efficacité (50,5 % et 50,8 %).

Ils sont aussi 58,7 % à penser que les animaux reçoivent trop de vaccins (58,7 % concernant les chiens, 61,1 % pour les chats). Dans ces deux catégories, 86,6 % des propriétaires de chiens et 84,9 % des propriétaires de chats se déclarent favorables à la limitation du nombre de valences vaccinales administrées simultanément.

Plusieurs facteurs d'influence du taux de vaccination

Les taux de vaccination des chiens possédés par les personnes interrogées étaient relativement élevés : 95 % des chiens étaient vaccinés, par exemple, contre la rage, 89,9 % contre la parvovirose et 88,6 % contre la maladie de Carré. Pour les chats, 88,4 % étaient vaccinés contre la rage, 77 % contre la panleucopénie féline et 75,3 % contre le coryza. Dans cette étude, l'évaluation de la couverture vaccinale des animaux reposait cependant sur les déclarations des propriétaires et n'a pas été confirmée par les vétérinaires traitants.

L'analyse des réponses a permis de dégager plusieurs facteurs associés à cette couverture vaccinale.

  • Sans surprise, et de manière systématique, une association négative est significative entre l'hésitation vaccinale des propriétaires et le niveau de protection vaccinale de leurs animaux.
  • L'ancienneté de la relation avec le vétérinaire est associée à un taux de vaccination plus élevé.
  • Le revenu des propriétaires de chiens est positivement associé à la vaccination pour tous les vaccins envisagés, sauf ceux protégeant contre la toux de chenil et la maladie de Lyme. Il en est de même pour les propriétaires de chats, sauf pour le vaccin antirabique.
  • Le niveau de confiance globale dans les institutions et les autorités sanitaires est positivement associé à la confiance en la vaccination des animaux de compagnie.
  • L'enquête n'a pas évalué l'importance que le coût des vaccinations peut jouer dans la décision de ne pas faire vacciner son animal.

Le questionnaire PACV s'est révélé être un outil valide et fiable pour évaluer l'importance de l'hésitation vaccinale chez les propriétaires de chiens et de chats aux États-Unis. Il pourrait être adapté pour être utilisé en France afin d'aider à identifier les facteurs associés à l'hésitation vaccinale, qui apparaît relativement élevée, et développer des mesures encourageant la vaccination des animaux de compagnie.