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Elanco & Proplan

23 juillet 2024

Deux athlètes vétérinaires aux JO de Paris ; trois autres ont déjà remporté des médailles d'or aux JO d'été

par Vincent Dedet

Temps de lecture  6 min

Laura Muir, à gauche, médaillée d'argent aux JO de Tokyo sur 1 500 m pour le Royaume-Uni et Stéphane Houdet (à droite), triple médaillée d'or olympique en double messieurs en tennis-fauteuil pour la France, sont les deux vétérinaires qui figurent dans les délégations nationales de ces JO de Paris (clichés DR).
Laura Muir, à gauche, médaillée d'argent aux JO de Tokyo sur 1 500 m pour le Royaume-Uni et Stéphane Houdet (à droite), triple médaillée d'or olympique en double messieurs en tennis-fauteuil pour la France, sont les deux vétérinaires qui figurent dans les délégations nationales de ces JO de Paris (clichés DR).
 

Il y aura deux vétérinaires parmi les compétiteurs des jeux olympiques de Paris : la britannique Laura Muir, spécialiste du fond en athlétisme et médaillée d'argent sur 1 500 m en 2020 (JO de Tokyo), et le français Stéphane Houdet, déjà triple médaillé d'or en double tennis-fauteuil aux jeux paralympiques.

Médaillée d'argent à Londres

Laura Muir, née en 1993 et diplômée en 2018 de la faculté vétérinaire de Glasgow, se considère en congés de son métier de vétérinaire, concentrée qu'elle est sur les JO de Paris et sur sa carrière d'athlète de haut niveau. Outre sa médaille olympique, elle a été médaillée de bronze des mondiaux d'athlétisme à Eugene (USA) en 2022, médaillée d'or des championnats d'Europe d'athlétisme à Istamboul en 2023, toujours sur 1 500 m. Elle est aussi titulaire du record britannique du 1 000 et du 1 500 m, ayant amélioré ce dernier record ce 7 juillet au meeting Diamond League de Paris (3 minutes 53 secondes et 79 centièmes), ce qui laisse présager de bonnes chances de médaille.

Cinq médailles paralympiques

Stéphane Houdet, né en 1970, est diplômé de l'ENV de Nantes en 1994, est quintuple médaillé aux jeux paralympiques : triple médaillé d'or en double tennis-fauteuil (Pékin 2008, Rio 2016 et Tokyo 2020), mais aussi double médaillé à Londres en 2012 : le bronze en double et l'argent en simple. Sacré champion du monde en 2012, il est aussi le premier tennisman à avoir réalisé le grand schlem du double messieurs en tennis-fauteuil, en 2014. Il comptabilise 24 victoires en tournois du grand chelem, selon la présentation qu'en a faisait de lui le ministère de l'Agriculture fin juin dernier. Au titre de ses trois médailles d'or olympiques, il a été élevé au grade d'officier de la légion d'honneur en 2021. Consultant à la fois pour des médias sportifs et pour le ministère de la défense, Stéphane Houdet fait aussi partie des athlètes mis en avant sur la chaîne youtube du ministère de l'économie et des finances, dans la série de clips vidéos : « nos entreprises, nos athlètes, nos victoires ». Il y présente le codéveloppement de son fauteuil de sport tout carbone, et en particulier des roues, fabriquées dans une PME de la Drôme. Pour les jeux de Paris, il va « aller chercher les métaux les plus précieux », a-t-il confié dans l'article mis en ligne sur le site du ministère de l'Agriculture.

Encyclopédie norvégienne

C'est Øyvind Tronstad, un autre confrère, norvégien, qui a récemment publié le décompte des vétérinaires médaillés olympiques depuis le début de l'histoire des jeux modernes. Plus précisément les médaillés d'or. Il en a d'abord identifié parmi les vainqueurs des jeux d'hiver. Et pour cause : il est le co-auteur d'une encyclopédie en deux volumes sur les JO d'hiver, de leur création à 2018, publiée en norvégien fin 2023. Il a suivi tous les JO d'hiver depuis 1956, carnet en main, pour noter les performances et leur évolution. Il en a aussi retrouvé trois parmi les lauréats des JO d'été. Les éléments qui figurent ci-dessous sont reproduits avec son aimable autorisation.

Couverture des deux volumes de l'histoire des JO d'hiver de leur création en 1924 à 2018, dont Øyvind Tronstad, vétérinaire en retraite passionné de l'histoire des sports d'hiver, publiés en 2023 en norvégien. Le premier volume compte 665 pages et le second 778.

 

Un praticien britannique au tir aux pigeons

Hors les jeux paralympiques, trois vétérinaires ont été médaillés d'or aux JO d'été dans le passé. La plus proche de ces médailles (dans le temps) remonte aux JO de Mexico, en 1968. Elle a été remportée par John Robert (Bob) Braithwaite, premier britannique à remporter l'or à une épreuve de tir. Il a été médaillé à l'épreuve de tir sur pigeons d'argile, à l'âge de 42 ans. Le site internet des JO de Paris détaille : « il était en deuxième position à la fin de la première journée, mais a atteint les cent cibles d'argile le deuxième jour, pour remporter le titre olympique avec un score de 198 sur 200. Le premier jour, Braithwaite n'a manqué que le cinquième et le treizième envoi, ce qui signifie qu'il a atteint consécutivement 187 cibles, un exploit incroyable si l'on considère que les cibles sont à toutes les hauteurs, sous tous les angles, à des vitesses dépassant les 100 mph » (161 km/h). Le confrère norvégien ajoute que « Robert Braithwaite avait commencé le tir aux pigeons d'argile parce qu'il ne voulait plus chasser les oiseaux vivants et les voir souffrir »… Il était diplômé de l'université d'Édimbourg en 1947, mais sa pratique vétérinaire lui laissait peu de temps pour s'entraîner (il avait rejoint l'équipe nationale de tir en 1964). « Il installe alors un puissant lanceur oscillant sur un terrain connu sous le nom de Rough Lot, adjacent à l'ancienne ferme familiale des Braithwaite. Avec l'aide du prêtre local, qui s'est porté volontaire pour faire fonctionner le lanceur, Braithwaite tirait 50 cibles deux fois par semaine » avant de participer aux JO de Mexico, indique sa fiche wikipedia. Il n'a pas participé aux olympiades suivantes, et est décédé en 2015.

À 42 ans, John Robert (Bob) Braithwaite (Grande-Bretagne) a été médaillé d'or au tir aux pigeons d'argile aux JO de Mexico, en 1968 (cliché Vic Harker).

 

Karl-Heinz Hopp a remporté l'or Olympique à Rome en 1960 pour l'Allemagne en aviron, avec un équipage de huit de couple, avant de commencer des études vétérinaires (cliché DR).

Un futur praticien allemand a beaucoup ramé

C'est à 24 ans que Karl-Heinz Hopp, alors étudiant en droit, a remporté une médaille d'or pour l'Allemagne, à l'aviron, aux JO de Rome en 1960. Il faisait partie de l'équipage d'Allemagne de l'ouest, en huit de couple. Il avait rejoint un club d'aviron dès le lycée, mais entre 1957 et 1961, il a gagné au moins une compétition internationale par an, avec un titre européen en 1957 et 1961 (quatre sans barreur), en 1958 (huit de couple) et la médaille olympique (1960). Il s'agissait de la première médaille d'or qui ne revenait pas à une équipe américaine dans cette discipline depuis 1900. Leur victoire a été attribuée pour partie au nouveau design de leur aviron, indique l'encyclopédie olympique en ligne. Après 1961, Karl-Heinz Hopp s'est reconverti au pentathlon moderne, où il s'est découvert une passion pour le cheval, qui l'a conduit à entamer des études vétérinaires en 1962. IL faisait partie de la sélection olympique allemande pour les JO de 1964 en pentathlon moderne. Après sa carrière de sportif professionnel, il a exercé la médecine vétérinaire à Hambourg, selon sa fiche wikipedia en allemand. En 1992, il a acheté une écurie dans la région de Lübeck. Il est décédé en 2007.

 

L'histoire retient du Pr James Snook à la fois sa double médaille d'or au tir aux JO d'Anvers en 1920 et sa fin de vie violente, comme en témoigne ce livre publié en 2010 aux USA, intitulé "le tueur médaillé d'or".

Deux médailles d'or pour le docteur Snook

Le premier vétérinaire à avoir remporté l'or olympique n'a pas fait dans le détail : James Snook (USA), professeur de chirurgie par ailleurs (41 ans), a remporté l'or par équipe au pistolet militaire à 30 mètres et au pistolet militaire à 50 mètres, aux JO d'Anvers en 1920. Il est aussi l'inventeur du crochet dit “Snook” (Snook hook), pour la stérilisation chirurgicale des femelles. Mais il est aussi le seul vétérinaire à avoir été condamné à mort et exécuté sur la chaise électrique, le 28 février 1930. De fait, notre confrère norvégien indique que « à partir de 1926, [James Snook] eut une histoire d'amour avec une étudiante en médecine nommée Theora Hix. Il l'a installée dans son propre appartement où ils ont vécu pendant que Hix poursuivait ses études de médecine. En 1929, ils eurent une violente dispute, qui se termina par le professeur vétérinaire la battant à mort avec un marteau. Le procès qui a suivi est décrit comme l'un des procès pour meurtre les plus horribles jamais organisés dans une salle d'audience américaine ».