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Elanco & Proplan

3 février 2025

Bonnes pratiques de stockage des médicaments : les vétérinaires les plus chevronnés et les canins sont plus respectueux

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Laisser traîner les flacons après usage fait partie des habitudes contraires aux bonnes pratiques de stockage des médicaments vétérinaires (cliché Pixabay).
Laisser traîner les flacons après usage fait partie des habitudes contraires aux bonnes pratiques de stockage des médicaments vétérinaires (cliché Pixabay).
 

« Peut mieux faire ! » Les vétérinaires britanniques ne respectent pas intégralement les règles de stockage des médicaments, qu'ils vendent ou qu'ils utilisent. Une enquête dont les résultats sont publiés en libre accès révèlent l'inégalité du respect de certaines dispositions.

Au-delà des aspects réglementaires, notamment les conditions de conservation telles que précisées dans l'AMM du médicament ou la date de péremption, il existe des bonnes pratiques du stockage des médicaments à respecter. Au Royaume-Uni, le Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS, équivalent de notre Ordre des vétérinaires) les diffuse auprès des praticiens britanniques. Et ce sont ces recommandations dont l'application a été évaluée dans cette enquête.

250 cliniques contactées

Les auteurs ont contacté 250 cliniques vétérinaires du pays, de divers domaines d'activité (canine, rurale, mixte et NAC). Les vétérinaires praticiens, mais aussi les autres professionnels amenés à gérer le stockage des médicaments, à savoir les nurses (ASV) ou les directeurs de cliniques, ont été invités à répondre au questionnaire (disponible en ligne entre novembre 2020 et mars 2021).

Un total de 177 réponses a ainsi été collecté : 138 vétérinaires et 39 nurses. Les femmes y sont sur-représentées (61 %).

Le questionnaire comportait une première partie pour connaître les caractéristiques socio-démographiques du répondant, en particulier son expérience professionnelle ; la seconde partie portait sur les pratiques de stockage des médicaments. Il s'agissait de questions fermées (n=8), pour lesquelles le participant sélectionnait une seule réponse. Concernant les affirmations ou questions, la réponse s'inscrivait sur une échelle de Likert (de « absolument d'accord » à « pas du tout d'accord », ou de « systématiquement » à « jamais »).

Du bon et du moins bon

Ces réponses montrent que la majorité des répondants déclarent suivre les bonnes pratiques de stockage des médicaments. En particulier :

  • 81 % respectent toujours les conditions de stockage des produits et les surveillent ;
  • 72 % contrôlent régulièrement les températures mini et maxi du lieu de stockage (réfrigérateur en particulier) ;
  • 69 % enregistrent systématiquement (sur un registre papier ou numérique) les dates de péremption, d'ouverture ou de délivrance des produits ;
  • Et 63 % vérifient les dates de péremption à chaque livraison.

Toutefois, certaines dispositions apparaissent insuffisamment suivies. Par exemple :

  • 40 % seulement enregistrent toujours les pertes en gaspillage (flacon cassé par exemple) ;
  • 53 % remettent chaque médicament à sa place (au frais en particulier) immédiatement après usage de manière systématique ;
  • 54 % remplacent systématiquement un produit arrivé à péremption ;
  • 32 % laissent des médicaments dans leur voiture toute la nuit, occasionnellement au moins.

Deux principaux facteurs de risque identifiés

Les répondants étaient classés selon leur expérience professionnelle (durée d'exercice : de moins de 5 ans à plus de 20 ans). Et le respect des bonnes pratiques de stockage est d'autant meilleur qu'ils sont expérimentés. Les plus chevronnés remettent par exemple systématiquement à sa place un flacon sorti du réfrigérateur après son usage, et remplacent plus automatiquement un médicament arrivé à péremption. D'une manière générale, en médecine vétérinaire mais aussi en médecine humaine, les bonnes pratiques sont mieux respectées à mesure que l'expérience clinique augmente.

Cette association est assez logiquement retrouvée avec l'âge des répondants, les plus expérimentés étant aussi les plus âgés. Aucune différence n'est observée en revanche selon le sexe du répondant, malgré l'hypothèse initiale des auteurs qui anticipaient des variations entre hommes et femmes.

Le type d'activité de la structure est également identifié comme un facteur de risque, les règles de bonnes pratiques étant mieux suivies dans les cliniques pour petits animaux, que dans les rurales ou mixtes. Le respect de la température de stockage des médicaments, notamment, fait davantage défaut dans ces dernières, ce qui s'explique par les conditions de travail, avec des visites en élevage et le stockage inévitable de médicaments dans la voiture. Bien que le véhicule comporte le plus souvent un réfrigérateur, les conditions de conservation n'y sont pas optimales.

Les réponses des vétérinaires et des nurses ne sont pas différentes, probablement parce que les secondes suivent les directives des premiers. Le fait de désigner une personne responsable de la délivrance des médicaments, des stocks et du stockage, n'est pas associé à un meilleur respect des bonnes pratiques, ce qui pourrait s'expliquer par le fait que tous les vétérinaires utilisent des médicaments donc interviennent dans leur stockage. Une gestion collective n'est toutefois pas toujours efficace, selon les auteurs, pour des pratiques comme remplacer les médicaments arrivés à péremption, qui nécessitent une surveillance systématique donc idéalement une personne responsable dédiée.

Des constats transposables

Bien que leur étude soit limitée au territoire britannique, les auteurs présument que les bonnes pratiques de stockage des médicaments sont similaires ailleurs et que ces facteurs de risque sont indépendants de la nationalité des praticiens. Des actions de sensibilisation ciblées, en priorité sur les jeunes diplômés par exemple, seraient donc adaptées aussi dans les autres pays d'Europe.