27 janvier 2025
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A la suite de trois cas d'infection humaine à Chlamydia caviae identifiés aux Pays-Bas il y a 4 ans, et pour lesquels une origine zoonotique (le cochon d'Inde de compagnie de ces personnes), deux pays se sont penchés sur le risque que représente cette espèce de NAC pour a santé publique. Au final, le portage est peu fréquent et le risque médical, bien qu'avéré, reste limité. Mais un résultat inattendu est venu assombrir ce tableau : C. psittaci est présente chez le cochon d'Inde comme chez le lapin…
Les autorités néerlandaises et suisses ont entamé un criblage des cobayes dans un nombre important d'élevages. En Suisse, le dépistage a aussi été réalisé sur les lapins de compagnie, parce que, « en dépit des recommandations vétérinaires, les deux espèces sont parquées ensemble dans de nombreux élevages ». Dans ce pays, des prélèvements individuels ont été réalisés sur 260 cochons d'Inde et 75 lapins, dans 64 sites de naissage, dont 30 élevaient les deux espèces ensemble. Ces sites pouvaient aussi bien correspondre à des élevages que des zoos, ou des particuliers. Ils étaient répartis sur 12 cantons (sur un total de 26). Sur chaque animal, un écouvillonnage conjonctival et/ou un écouvillonnage rectal étaient réalisés, mais si l'animal présentait des signes oculaires, la conjonctive de chaque œil était écouvillonnée (le cas pour 77 animaux).
L'ADN était extrait des écouvillons et soumis à une PCR quantitative spécifique de la famille des Chlamydiaceae. Si cette qPCR fournissait un résultat positif, l'échantillon était testé à nouveau avec une qPCR spécifique de C. caviae, et l'amplicon de la première PCR était séquencé, pour identification génétique de l'espèce. Dix-huit prélèvements ont été trouvés positifs avec la première qPCR (sur les 784 écouvillons, soit 2,3 % de prévalence) : 15 sur des cobayes et 3 sur des lapins. Ces animaux provenaient de 9 élevages, dont 8 où les sujets positifs étaient tous symptomatiques, et 1 où le seul positif était porteur sain. La présence de C. caviae n'a été confirmés que pour 2 élevages, tous deux professionnels et ne comprenant que des cobayes. Pour cette espèce, la prévalence de C. caviae est donc de 2,7 % (7/260).
Aux Pays-Bas, seuls des cochons d'Inde ont été prélevés (n=200 pour 878 écouvillons), dans des élevages (n=37, dont 5 fermes pédagogiques), répartis sur 8 des 12 provinces du pays, plus une en Belgique. Toutefois, au sein d'un même élevage, un écouvillon était utilisé pour 1 à 6 animaux. Là encore, les sujets symptomatiques (n=16) ont été distingués des autres (n=184), mais tous n'ont été prélevés que sur une conjonctive. Il y a eu 8,9 % de résultats positifs à la première PCR, sur des sujets provenant de 5 élevages : 4 professionnels et un marchand. Trois de ces élevages ont été confirmés C. caviae positifs, dont un (le seul) où aucun cobaye ne présentait de signes oculaires. La prévalence de C. caviae est donc de 9,5 % (19/200).
Le typage génétique des C. caviae des cobayes des deux pays fournit un résultat identique à la souche isolée d'un patient humain aux Pays-Bas en 2017. En Suisse, La prévalence d'infection par C. caviae était de 4,4 % parmi les animaux présentant des croûtes autour des deux yeux, ou des dépôts graisseux sous-conjonctivaux, un écoulement séreux oculaire ou une opacification bilatérale des cristallins. Aux Pays-Bas, la prévalence de C. caviae est de 20 % parmi les cobayes asymptomatiques (2 élevages positifs). Le portage est plus rare (1,8 %), et il n'y a pas de corrélation statistique entre signes oculaires et présence de C. caviae. Comme les élevages prélevés avaient été tirés au sort, les auteurs estiment que ces chiffres sont probablement représentatifs de la situation dans ces deux pays. Ils proposent que la différence de prévalence soit liée à la taille des élevages : le plus important en Suisse comptait 50 sujets, contre 300 aux Pays-Bas (12 et 36 sujets en moyenne, respectivement). Les auteurs soulignent l'importance de « traiter tous les animaux positifs avec des antibiotiques (tétracycline) pour réduire la transmission du pathogène et le risque zoonotique pour les éleveurs ». L'interrogation des éleveurs n'a pas détecté de conjonctivite récente : « notre étude n'apporte pas plus d'éléments sur le potentiel zoonotique » de cette chlamydie, concluent les auteurs.
En soumettant les prélèvements suisses une qPCR spécifique de C. psittaci, agent zoonotique bien connu et habituellement associé à une exposition aux oiseaux, les auteurs confirment sa présence chez de cobayes et de 2 lapins. C. psittaci avait été signalée auparavant chez le lièvre variable (Lepus americanus) et sa transmission expérimentale au lapin domestique a été décrite en 1974. Dans le cas présent, les 4 sujets positifs provenaient de 4 élevages différents, qui avaient en commun d'héberger cobayes et lapins ensemble et d'être négatifs pour C. caviae. Les deux cobayes étaient asymptomatiques, alors que les deux lapins présentaient des croûtes autour des yeux et un écoulement nasal. Les auteurs précisent être retournés dans ces élevages trois mois plus tard pour prélever les mêmes animaux. Ce qu'ils ont réussi à faire pour les deux cobayes et un des lapins : ils étaient alors tous négatifs en qPCR. « Le pouvoir pathogène de C. psittaci pour ces deux hôtes reste à confirmer, comme sa fréquence d'excrétion ». Quant au risque zoonotique, les auteurs rappellent que tous les cas humains décrits ont pu être retracés à une exposition à des oiseaux. Dans le cas présent, l'absence de signes cliniques chez les cobayes et les éleveurs « n'impose pas un dépistage d'urgence et à large échelle chez les humains », mais pousse les auteurs à « caractériser les souches des sujets symptomatiques », lapins comme cobayes. Et à « informer les personnes vulnérables comme les enfants et les sujets immunodéprimés chez les maîtres et parmi le personnel vétérinaire sur le risque zoonotique potentiel, en lien avec la présence de signes typiques de chlamydiose » sur ces NAC.
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