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Elanco & Proplan

28 avril 2025

Addison canin : un pronostic excellent à long terme pour toutes les formes de la maladie

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Courbe de survie de Kaplan-Meier pour les cas de maladie d'Addison spontané (d'après Sherrod et al., JSAP, 2025).
Courbe de survie de Kaplan-Meier pour les cas de maladie d'Addison spontané (d'après Sherrod et al., JSAP, 2025).
 

La prévalence de l'hypoadrénocorticisme canin, ou maladie d'Addison, ne dépasse pas 0,1 % en Europe, mais la maladie fait régulièrement l'objet d'études (voir par exemple LeFil du 31 janvier 2024 et LeFil du 11 octobre 2023).

Deux formes historiques : typique et atypique

Historiquement, deux formes de la maladie sont distinguées, selon la présence ou non de désordres électrolytiques détectables (hyponatrémie, hyperkaliémie), attestant d'une déficience en minéralocorticoïdes.

  • Dans les cas associés à une hyponatrémie et/ou une hyperkaliémie (forme dite typique ou Addison vrai), une déficience en glucocorticoïdes et en minéralocorticoïdes est présente.
  • Dans les cas où la natrémie et la kaliémie restent normales (forme dite atypique), seule une déficience en glucocorticoïdes était suspectée, mais l'évolution des connaissances a montré qu'une déficience en minéralocorticoïdes est également présente, bien que cliniquement silencieuse.

Une nouvelle étude américaine (collège vétérinaire de l'Université de Raleigh en Caroline du Nord) a été menée pour mieux caractériser ces deux formes, en particulier leur pronostic. Les auteurs en publient les résultats en libre accès dans le JSAP.

Le traitement repose sur l'administration de glucocorticoïdes dans tous les cas, combinés à des minéralocorticoïdes (pivalate de désoxycortone [DOCP] ou fludrocortisone) le cas échéant. La fludrocortisone ayant un effet glucocorticoïde, elle est parfois prescrite seule, et souvent dans l'attente de la confirmation du diagnostic. La DOCP est disponible depuis plus récemment, le pronostic lié à son usage était ainsi l'une des motivations des auteurs de cette nouvelle étude.

Une majorité de cas « typiques »

Dans cette étude rétrospective, 141 cas ont été inclus sur une période de 17 ans (2004-2020) ; ils avaient été confirmés par un test de stimulation à l'ACTH. Il s'agissait de 63 chiens mâles (dont 6 non castrés) et 78 chiennes (dont 2 non stérilisées), âgés de 6 ans en médiane. Il s'agissait aussi en majorité de formes « typiques » (103 soit 73 %), les autres étant « atypiques » (36 soit 26 %) ou indéterminées (2 cas).

En termes de traitement, tous les cas typiques ont reçu des minéralocorticoïdes (DOCP dans 89 cas, fludrocortisone dans 14 cas).

Les cas d'Addison spontané sont les plus fréquents, mais la maladie peut aussi être d'origine iatrogénique, chez des chiens traités pour un hyperadrénocorticisme (avec du mitotane ou du trilostane) ou par adrénalectomie. Parmi la cohorte étudiée, 16 chiens (soit 11 %) sont ainsi des cas iatrogéniques, suite au traitement d'un hyperadrénocorticisme (Cushing) ou une adrénalectomie (un seul cas). Ils ont fait l'objet d'une analyse distincte des 125 cas de maladie d'Addison spontanée – 97 cas dits typiques et 26 cas atypiques (plus les 2 indéterminés).

Forme atypique plus tardive

Pour ces 125 chiens, l'âge au moment du diagnostic est de 5,7 ans en médiane, mais il est significativement plus bas dans les cas d'Addison typiques : 5,1 ans versus 8,3 ans pour les cas atypiques. Cette différence avait déjà été rapportée.

Une espérance de survie de 5,6 ans en médiane

Un questionnaire a été envoyé à tous les propriétaires afin de récolter des données sur la tolérance du traitement et l'évolution du cas (notamment le décès et l'âge au décès), recueillant 58 réponses.

L'espérance de survie (calculée à partir de l'âge du chien au diagnostic) a été estimée à partir des données de 66 chiens au total, dont 57 atteints d'Addison spontané (22 encore en vie) et 9 cas d'origine iatrogénique.

La durée de survie médiane est ainsi de 5,6 ans pour les cas d'Addison spontané (voir figure en illustration principale), ce qui reflète l'excellent pronostic de la maladie une fois prise en charge. Elle est similaire dans les cas typiques et atypiques : 5,7 et 5,6 ans, respectivement. Elle n'est pas différente non plus selon le sexe du chien. Assez logiquement, l'âge au diagnostic est associé à l'espérance de survie, laquelle diminue de 0,4 ans pour chaque année supplémentaire au moment du diagnostic – car lorsque traité, le chien meurt rarement de cette maladie.

Ainsi, l'âge médian au décès est de 11,5 ans pour les cas d'Addison spontané, sans différence entre les cas typiques et atypiques (11,0 et 11,8 ans, respectivement), ce qui montre que le décès des chiens survient à un âge relativement normal et conforte le très bon pronostic de survie.

Lorsque la cause du décès a été identifiée et renseignée, seuls 3 cas sont en rapport avec l'hypoadrénocorticisme, dont deux euthanasies pour nouvelle crise addisonienne dans un cas et perte de contrôle malgré l'augmentation des doses de médicaments dans un autre.

Davantage de cas atypiques d'origine iatrogénique

Les 16 cas d'origine iatrogénique étaient des formes atypiques en majorité (n=10), leur proportion est ainsi significativement supérieure à celle pour les cas de maladie spontanée.

Les cas retenus dans l'évaluation de la survie étaient âgés au moment du diagnostic (11,8 ans en médiane). Chez ces chiens, la durée de survie médiane est donc courte (0,6 ans, mais jusqu'à 2,2 ans tout de même), et l'âge médian au décès est de 13,1 ans.

Effets indésirables des glucocorticoïdes

Les réponses des propriétaires montrent par ailleurs que les effets indésirables du traitement corticostéroïde sont très fréquents (42/58) : polydipsie, polyurie, polyphagie, isolées ou combinées. Il est probable que les signes soient plus variés (affection du pelage, distension abdominale, etc.), le questionnaire ne proposant que ces 3 effets indésirables bien documentés.