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7 octobre 2024
La spondylodiscite, fréquente chez les bouledogues et fréquemment associée aux malformations vertébrales
Hors cas de traumatisme, une spondylodiscite (ou discospondylite), infection d'un disque intervertébral et des plateaux vertébraux des vertèbres adjacentes, résulte le plus souvent de la dissémination par voie hématogène d'un agent pathogène depuis un site infectieux distant.
Par ailleurs, une malformation congénitale des vertèbres est fréquente chez certaines races de chiens à queue en tire-bouchon (à l'instar des bouledogues), en lien avec une mutation génétique. Ces malformations restent souvent asymptomatiques (elle est bien souvent une découverte fortuite à l'imagerie), mais elles ont été associées à des anomalies de la démarche et à d'autres affections, notamment à une évolution plus rapide des discopathies (hernies discales), ou à leur localisation plus caudale.
Qu'en est-il des spondylodiscites ? C'est pour répondre à cette question que des chercheurs britanniques ont réalisé une étude rétrospective sur des cas de spondylodiscite, en évaluant leur prévalence chez deux races courantes de bouledogues, français et anglais. Et leurs résultats, publiés en libre accès dans le JVIM, confortent leur hypothèse d'un lien entre les deux, avec une prédisposition de ces chiens pour les infections discale au niveau des vertèbres anormales.
Les cas avaient été diagnostiqués dans l'un des deux hôpitaux vétérinaires universitaires de Liverpool, de juin 2010 à juin 2020. Les chiens avaient bénéficié d'un examen neurologique complet, et le diagnostic avait été confirmé par imagerie (IRM ou scanner). Les images ont été utilisées rétrospectivement pour identifier et localiser malformations vertébrales congénitales et cyphoses.
Un total de 108 cas a ainsi été inclus, réparti en 3 groupes :
L'infection était généralement limitée à un seul disque intervertébral (101 chiens sur les 108). Mais un total de 118 disques infectés est recensé en comptant les localisations multiples : 15 chez les bouledogues français et 10 chez les bulldogs anglais.
L'atteinte était le plus souvent située en région lombosacrée (L7-S1, à 45 %). La localisation était plus fréquente en région thoracolombaire (T1-L7) pour les bouledogues français, mais sans que les différences ne soient significatives.
L'effectif total des chiens pris en charge dans les deux établissements durant la période d'étude a permis de calculer la prévalence des spondylodiscites, laquelle s'établit à 0,14 % toutes races confondues (108/78 066).
Cette prévalence est surtout significativement plus élevée chez les bouledogues français – à 0,48 % (13/2690) – et chez les bulldogs anglais – à 0,60 % (8/1330) – que chez les autres races (0,12 %). Elle est ainsi multipliée par un facteur 3,4 et 4,3, respectivement. Il n'existe pas de différence significative entre ces deux races en revanche.
Les auteurs relèvent qu'aucun cas n'a été diagnostiqué chez un carlin, une race brachycéphale populaire elle aussi, mais non porteuse du gène lié à une queue en tire-bouchon et ainsi moins sujette aux malformations vertébrales congénitales.
L'âge des chiens au diagnostic est également significativement inférieur chez les bouledogues français ou anglais : 1,1 et 1,0 ans contre 7,3 ans chez les autres !
Il est à nouveau sans différence entre les deux races étudiées. Mais il correspond à l'âge auquel des signes cliniques neurologiques secondaires aux malformations vertébrales apparaissent (lorsque l'anomalie ne reste pas asymptomatique) : hyperesthésie, boiterie, myélopathie. Une spondylodiscite mériterait ainsi d'être incluse dans le diagnostic différentiel lors de tels signes.
Et surtout, deux paramètres prouvent l'association entre les deux affections.
L'éventuelle relation de cause à effet entre les deux affections n'est pas connue. Mais les malformations vertébrales sont susceptibles d'altérer la vascularisation locale, ce qui pourrait favoriser les infections par voie hématogène. Les altérations biochimiques et morphologiques de la vertèbre pourraient aussi les favoriser.
Au-delà d'études à mener pour confirmer ces associations et comprendre leurs mécanismes, le suivi des chiens affectés par une spondylodiscite serait intéressant afin d'évaluer l'impact de la malformation vertébrale sur son évolution (réponse au traitement, risque de récidive).
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