15 janvier 2025
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Le parasitisme digestif est-il un motif de report de la vaccination chez un chaton ? La réponse est non dès lors que l'infestation est asymptomatique, d'après les données d'une étude allemande tout juste publiée dans le JFMS.
D'une manière générale en effet, seuls des animaux en bonne santé et correctement vermifugés sont vaccinables, les endoparasites étant susceptibles d'affecter le système immunitaire. Mais les recommandations actuelles en la matière promeuvent aussi une vaccination précoce des chiots et des chatons contre les valences dites essentielles. Alors comment arbitrer la décision ? Et plus précisément, vaut-il mieux prescrire un vermifuge et vacciner l'animal ultérieurement ?
Pour y répondre, des chercheurs ont comparé la réponse immunitaire induite par une vaccination contre le typhus (panleucopénie féline) chez des chatons parasités ou non. Une étude menée chez le chiot a précédemment rapporté l'altération de la réponse vaccinale associée au parasitisme interne, lors d'infestation cliniquement manifeste.
Au total, 74 chatons en apparente bonne santé ont été recrutés pour cette étude prospective (36 mâles et 38 femelles). Ils étaient âgés de 8 à 12 semaines, de diverses races, et présentés pour leur première vaccination à la clinique vétérinaire de l'Université de Munich (LMU). Ils n'avaient pas été vermifugés durant les 28 jours précédents ; les trois quarts vivaient avec d'autres animaux, mais aucun n'avait (encore) accès à l'extérieur.
Les coprologies effectuées, à partir de 3 prélèvements fécaux sur 3 jours consécutifs (effectués par le propriétaire 2 semaines après la consultation), ont permis de distinguer deux groupes :
Tous ont été vaccinés suivant un protocole usuel, contre le virus de la panleucopénie féline (FPV), l'herpèsvirus félin (FHV) et le calicivirus félin (FCV), avec un vaccin vivant atténué (combo typhus-coryza) injecté par voie sous-cutanée : la première injection le jour de la consultation a été suivie de 2 injections à 4 semaines d'intervalle (soit 3 au total).
Tous les chatons ont été vermifugés à la fin de l'étude. Et ils ont reçu un premier rappel vaccinal après un délai de 1 an.
Seule la réponse immunitaire envers le FPV a été évaluée, avec un dosage des anticorps le jour de la consultation (S0, avant la primovaccination), puis 4 semaines après la 2e injection (S8, avant la 3e injection). Une augmentation a minima x4 des titres en anticorps était considérée comme une réponse satisfaisante à la vaccination.
Les résultats montrent que cette réponse est observée chez 76,5 % des chatons du groupe infesté (13/17) et 56,1 % du groupe sain (32/57), la différence n'étant pas significative.
Les premières analyses avaient détecté la présence d'anticorps maternels chez 23,5 % des chatons du premier groupe (4/17) ainsi que chez 42,1 % du second groupe (24/57). Ici encore, la différence est non significative.
Avant comme après la vaccination, les titres médians en anticorps ne présentent pas non plus de différence significative entre les groupes.
Point notable : 20 chatons ne présentaient pas d'anticorps détectables à S8 (2 et 18 dans chacun des groupes), soit 27 % de la cohorte, probablement en raison de la présence d'anticorps maternels. Cela confirme l'importance, insistent les auteurs, de répéter les injections vaccinales chez les jeunes animaux, conformément aux recommandations actuelles.
Les auteurs tirent finalement de leurs observations que face au risque mortel que représente le typhus félin, et plus largement des agents du coryza félin, et compte tenu de l'absence d'interférence du parasitisme digestif modéré (sans répercussion clinique) sur la réponse vaccinale, il n'apparaît pas opportun de reporter la primovaccination d'un chaton qui ne serait pas préalablement vermifugé.
Ces résultats mériteraient d'être confirmés avec d'autres valences vaccinales, et avec d'autres types de vaccins (l'altération de la réponse vaccinale chez le chiot avait été observée suite à l'usage d'un vaccin antirabique, inactivé). Et ils ne remettent pas en cause les recommandations actuelles de l'ESCCAP, qui associent (pour les nématodes) la vermifugation des chattes gestantes une semaine avant la mise-bas à celle des chatons dès l'âge de 3 semaines, puis toutes les 2 semaines jusqu'au sevrage, et enfin tous les mois jusqu'à 6 mois.
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