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29 novembre 2023
Mystérieuse maladie respiratoire canine aux USA, variant hautement virulent du virus de la PIF à Chypre : le temps des émergences ?
Plus de 200 cas de maladie respiratoire dont la cause infectieuse n'a pas pu être déterminée ont été signalés par les vétérinaires et la faculté vétérinaire de l'Oregon, aux USA, depuis août dernier. De nombreux articles de presse se sont emparés du sujet outre-Atlantique, au point que l'association américaine de médecine vétérinaire (AVMA) a publié sur son site un état des connaissances au 17 novembre dernier.
Le ministère de l'Agriculture de l'Oregon signale que les premières déclarations de cas remontent à la mi-août. Ils se présentent comme une aggravation clinique progressive, précise l'AVMA :
Si ces descriptions évoquent une infection virale, « les tests habituels de dépistage de maladies respiratoires restent largement négatifs ».
Des recherches diagnostiques sont en cours, mais il est probable que l'agent infectieux causal, s'il y en a un, n'est plus excrété au moment où l'animal est présenté à son vétérinaire traitant. Pour tenter de pallier ce risque, l'université vétérinaire d'Oregon et les services vétérinaires se sont tournés vers les cliniques d'urgence, pour réaliser un dépistage systématique de tous les cas reçus avec une atteinte respiratoire. Un exploration sérologique est aussi en cours auprès d'un refuge ayant présenté plusieurs cas. Le 21 novembre, le Washington Post a signalé dans un long article que des cas comparables sont apparus dans plusieurs états : Colorado, Rhode Island, Oregon, New Hampshire et Massachusetts. Une clinicienne d'une structure de référés du Colorado est citée dans un autre article en ligne indiquant que ces cas présentent « une toux qui ne disparaît pas... et puis tout d'un coup, ils développent cette pneumonie », qui peut s'avérer fatale (4 décès sur 35 cas dans sa structure). Les responsables de la santé animale en Oregon incitent à la fois les maîtres à se rapprocher de leur praticien en cas de maladie respiratoire de leur animal, mais aussi les vétérinaires à déclarer ces cas. Le responsable du laboratoire de diagnostic de l'université vétérinaire de l'Oregon recommande aussi aux maîtres d'éviter les contacts de leurs chiens avec des congénères extérieurs au foyer familial.
Plus près géographiquement, un épisode de mortalité massive de chats attribué au virus de la péritonite infectieuse féline (PIF) a été signalé à Chypre depuis le printemps dernier. Il concerne majoritairement des chats errants, et les chiffres de mortalité avancés pendant l'été reposaient sur une règle de trois hasardeuse, évoquant jusqu'à 300 000 chats victimes de péritonite infectieuse féline (30 % de mortalité chez un million de chats errants…). Les autorités ont revu ce bilan à la baisse, évoquant 8 000 décès, selon un article consacré au sujet dans l'hebdomadaire Science. Le séquençage du virus de la PIF en cause dans cet épisode a été prépublié sous forme de manuscrit le 10 novembre. Les virologistes et généticiens vétérinaires y décrivent un nouveau variant, FCoV-23, ayant “capturé” un large fragment génétique d'un Coronavirus canin pantropique, couvrant en particulier la protéine de spicule, qui, chez les Coronavirus, est la base de l'entrée dans la cellule de l'hôte et le support des anticorps neutralisants.
Selon les auteurs, le variant, « hautement virulent », se transmet aux chats de tous âges « avec une efficacité accrue » par rapport au virus “classique” de la PIF (excrétion fécale). Le séquençage du génome des virus PIF de cas provenant de différents points géographiques de l'île les trouve très homologues. Ce qui est, selon ces auteurs, en faveur d'une « efficacité élevée de la transmission ». Ils proposent aussi que la nouvelle protéine de spicule soit associée à une meilleure persistance du virus dans le milieu extérieur (fèces). Enfin, ils supposent aussi que l'expression clinique de l'infection par le variant « ne soit plus sujette à un changement de biotype », mais que le variant soit directement pathogène. Ces éléments ne sont pour le moment que des hypothèses en attente d'arguments épidémiologiques et expérimentaux complémentaires. Mais le virus voyage bien sûr avec le chat et un cas de PIF à FCoV-23 a été diagnostiqué courant novembre au Royaume-Uni, chez un chat provenant… de Chypre fin août 2023. La chatte de 9 mois a développé une ascite et de l'hyperthermie dans les semaines suivant son arrivée. Les cliniciens de la faculté vétérinaire d'Édimbourg, qui ont diagnostiqué ce cas, demandent « à tous les vétérinaires qui voient des chats présentant des signes évocateurs de la PIF d'interroger les propriétaires sur une éventuelle importation en provenance de Chypre ». Dans le cas présent, l'animal est confiné au domicile de ses maîtres, auxquels il a été recommandé « de mettre en œuvre des mesures d'hygiène avancées pour éviter la propagation du virus »…
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