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Elanco & Proplan

4 octobre 2024

Le chat est sensible à presque tous les variants du SARS-CoV-2, mais moins à Omicron

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Profil d'excrétion nasale et oropharyngée des différents variants du SARS-CoV-2 chez des chats adultes expérimentalement infecté avec des charges faibles à modérées, mimant l'infection naturelle (Park et coll., 2024).
Profil d'excrétion nasale et oropharyngée des différents variants du SARS-CoV-2 chez des chats adultes expérimentalement infecté avec des charges faibles à modérées, mimant l'infection naturelle (Park et coll., 2024).
 

2024 n'est pas l'année des O, et c'est dommage car Omicron aurait été de circonstance : des chercheurs japonais viennent de publier le résultat d'infections expérimentales de chats par tous les variants importants du SARS-CoV-2. Ils montrent que tous ces variants infectent efficacement les félins, à l'exception du plus répandu à partir de 2022 : Omicron.

Omicron n'est plus préoccupant

« Il n'y a à ce jour plus aucun variant préoccupant du SARS-CoV-2 » indique le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (E-CDC) dans un communiqué du 27 septembre dernier. Les différentes lignées d'Omicron ont été rétrogradées fin 2023 dans la catégorie des « variants d'intérêt » et elles n'ont pas été remplacées par une autre souche préoccupante. Omicron a eu plusieurs sous-variants, dont il a été redouté qu'ils ne persistent car leur capacité à échapper à la réponse immunitaire spécifique permet à un sujet de se réinfecter rapidement. Une équipe de virologistes japonais a utilisé le chat comme modèle animal de l'infection en comparant l'effet pathogène des différents variants, dans des conditions expérimentales semblables.

Sauvage, gamma, delta et omicron

Des inoculums de trois charges virales différentes (faible : 102 TCID50/ml, modérée : 104 TCID50/ml, et élevée : 106 TCID50/ml) ont été utilisés pour les souches virales testées. Les charges faible et modérée sont censées reproduite une infection naturelle. Ils ont été administrés par voies intranasale et intraconjonctivale. Les souches utilisées sont :

  • La souche sauvage (originelle) du SARS-CoV-2, sur 6 chats (deux par charge virale),
  • La souche gamma, sur 3 chats, tous inoculés avec la charge minimale,
  • La souche delta, sur 3 chats, tous inoculés avec la charge minimale,
  • La souche omicron, sur 6 chats (deux par charge virale). 

Les chats (qui étaient d'âges différents, de 9 mois à 11 ans) ont été suivis sur 4 semaines, avec des pesées, prise de température, prise de sang et écouvillons (oropharyngés, nasaux et rectaux) le jour de l'inoculation, puis à J1 post-inoculation (PI), J4, J7, J10, J11, J14, J21 et J28 PI.

Sauvage : faible dose infectante

Avec la souche sauvage, tous les chats ont fourni des prélèvements oropharyngés et nasaux positifs (virus infectieux) à partir de J1 ou J4 et à J7. Aucun chat n'a été trouvé positif à J11. C'est la première démonstration que le chat peut être infecté par une faible charge virale (100 TCID50/ml). Et pour ces animaux, la charge virale excrétée par l'appareil respiratoire supérieur est au même niveau que lors d'infection par une charge virale modérée ou élevée. La présence d'anticorps vironeutralisants est associée à la disparition de l'excrétion nasale. Les auteurs soulignent toutefois que, pour un chat, du virus infectieux a été isolé à partir des fèces à partir de J7 et à plusieurs reprises jusqu'à J28 PI, « indiquant une infection persistante. Cet animal avait été déprimé pendant l'observation et avait perdu un peu de poids ». Les auteurs signalent qu'une excrétion fécale prolongée a aussi été décrite pour certains cas humains. Aucun autre chat n'a été trouvé excréteur fécal.

Omicron : réfractaires à une charge faible

Pour les autres variants, un chat inoculé avec la souche gamma a présenté une perte de poids passagère (de J1 à J4 PI) et trois de ceux inoculés avec omicron aussi (inoculum à charge virale modérée). Aucun signe clinique n'a été observé pour les trois chats inoculés avec le variant delta. L'excrétion nasale de virus infectieux a été observé selon une cinétique comparable au virus sauvage pour les variants gamma et delta, et à des charges élevées. En revanche, un seul chat inoculé avec omicron a été trouvé excréteur nasal (inoculé avec 104 TCID50/ml), à J7 PI ; aucun n'a été trouvé positif via écouvillon oropharyngé (voir l'illustration principale). Les chats infectés avec la charge virale la plus faible n'ont pas développé de réponse en anticorps vironeutralisants (sans excrétion ni séroconversion, ils sont donc considérés comme réfractaires à l'infection). Ceux inoculés avec les charges modérée et élevée d'omicron ont développé une réponse sérologique, mais inférieure à celle des chats inoculés avec les autres variants. Les auteurs concluent que le variant omicron « ne réplique pas efficacement dans les tissus des chats ».

Ces éléments sont cohérents avec d'autres travaux sur la souris et les données chez l'humain, dans le sens d'une moindre pathogénicité du variant omicron. Pour les auteurs, cela fait du chat « l'un des meilleurs modèles animaux d'étude de la Covid-19 chez l'humain ». Mais aussi, « ces résultats indiquent que les chats infectés par le SARS-CoV-2 peuvent sécréter des titres élevés de virus par ces voies et transmettre des virus infectieux à d'autres espèces, y compris l'humain ».