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Elanco & Proplan

18 octobre 2024

Recul de l'incidence des cas humains d'échinococcose, alvéolaire comme kystique, hospitalisés en France

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude rétrospective des cas humains d'échinococcose en France soignés à l'hôpital entre 2006 et 2022 montre une tendance significative au recul de l'incidence annuelle, qu'il s'agisse d'E. multilocularis (EA) ou d'E. ganulosus (EK). Esp : cas pour lesquels le diagnostic d'espèce n'a pas été précisé (Chéreau et coll., 2024).
Une étude rétrospective des cas humains d'échinococcose en France soignés à l'hôpital entre 2006 et 2022 montre une tendance significative au recul de l'incidence annuelle, qu'il s'agisse d'E. multilocularis (EA) ou d'E. ganulosus (EK). Esp : cas pour lesquels le diagnostic d'espèce n'a pas été précisé (Chéreau et coll., 2024).
 

Il n'y a aucune région française où l'incidence des cas humains d'échinococcose détectés à hôpital soient en hausse. Tel est le constat dressé dans une étude rétrospective par des épidémiologistes de Santé Publique France et du centre national de référence sur les échinococcoses.

Surveillance récente

L'échinococcose alvéolaire (due à Echinococcus multilocularis) est la plus grave de ces parasitoses (la forme kystique diffuse en général à partir du foie). Elle fait l'objet d'une surveillance dédiée depuis 2003, qui a identifié 960 cas en 20 ans. L'échinococcose kystique (à E. ganulosus), moins envahissante, présente un pronostic plus léger. Toutefois, sa « présentation clinique est d'une grande diversité, souvent asymptomatique et de découverte fortuite, mais parfois la maladie est révélée par un tableau clinique aigu traduisant souvent un accident de fissuration ou de rupture du kyste pouvant mettre en jeu le pronostic vital ». Elle n'est surveillée que depuis 2017 et le nombre de cas recueillis (103 en 2022) n'est pas exhaustif.

Plus de 4 000 cas

C'est à partir des données hospitalières que les auteurs ont donc évalué l'incidence des deux parasitoses depuis 2006 et jusqu'en 2022. Ces données sont le fruit du codage de l'affection détectée. En l'occurrence, un patient pouvait se voir attribuer un diagnostic d'échinococcose alvéolaire (l'échinococcose kystique a été exclue), d'échinococcose kystique (l'échinococcose alvéolaire a été exclue), ou d'échinococcose sans plus de précision. Seuls les patients résidant en métropole ont été inclus. Seul le premier séjour du patient pour une échinococcose donnée a été pris en compte. « Au total 4 454 nouveaux cas hospitalisés avec une échinococcose entre 2006 et 2022 ont été identifiés, totalisants 8 076 séjours ».

Diversité régionale

La majorité (2 341 patients) avaient été catégorisés comme échinococcose sans plus de précision. Puis viennent les cas d'échinococcose kystique (n=1 546), d'échinococcose alvéolaire (n=407) et ceux (n=160) pour lesquels un double diagnostic a ensuite été requalifié en échinococcose alvéolaire. De même, les cas dont le diagnostic d'échinococcose n'a pas été poussé jusqu'à l'espèce, qui représentent 53 % de l'effectif de l'étude, avaient un profil se rapprochant plutôt des cas d'échinococcose kystique ; les auteurs les ont donc inclus dans cette catégorie pour les analyses statistiques. Tous ces patients étaient âgés de 49 à 56 ans en moyenne au moment de l'identification de l'affection. Le sexe ratio est équilibré, sauf pour les personnes atteintes des deux parasitoses (55 % d'hommes).

  • Pour l'échinococcose alvéolaire, les cas les plus nombreux sont localisés en Bourgogne-Franche-Comté (26 %) et dans le Grand-Est (24 %), mais il y a des cas dans toutes les régions (1 % en Bretagne, 2 % en Pays-de-la-Loire et 2 % en Centre-Val de Loire), à l'exception de la Corse.
  • Pour l'échinococcose kystique, les cas sont surtout observés en Île de France (22 %), Auvergne-Rhône-Alpes (17 %), PACA (14 %) et Grand-Est (13 %). Toutes les régions sont concernées, y compris la Corse (2 %).

Recul des incidences

Pour l'échinococcose alvéolaire, « l'incidence annuelle moyenne était de 0,04 cas/100 000 habitants », avec un recul significatif sur l'ensemble de la période étudiée (p=0,037, voir l'illustration principale), y compris lors de l'analyse par région. Cependant, le CNR signale une augmentation du nombre de nouveaux cas annuels. Cette apparente discordance pourrait s'expliquer par le travail de détection, les nouveaux cas étant à présent identifiés (et traités) à un stade précoce (nouvelles techniques d'imagerie), se soldant par moins de découvertes à l'hôpital. L'incidence des cas hospitalisés était la plus élevée dans le Nord-Est, les régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est-ce qui concorde avec les données déjà connues, mais aussi avec les zones historiques d'enzootie du parasite dans la faune sauvage.

Pour l'échinococcose kystique, « l'incidence annuelle moyenne était de 0,14/100 000 », là encore en recul significatif sur la période (p=0,002). À noter qu'il n'y a en moyenne que 2 nouveaux cas par an en Corse, mais que cela correspond à l'incidence la plus élevée de toutes les régions (0,65/100 000/an), devant la région PACA (0,26/100 000/an). « Dans ces deux régions, le parasite a été identifié dans les élevages ovins et porcins et le type d'élevage pratiqué (activités pastorales) peut expliquer quelques cas autochtones ». À l'inverse, l'Île-de-France recense le plus grand nombre de cas, mais avec une incidence annuelle plus faible (0,17/100 000/an). Aucune région ne paraît avoir d'augmentation de l'incidence annuelle. Les auteurs préviennent que « l'identification du Grand Est et de la Bourgogne-Franche-Comté parmi les régions fortement touchées [0,21 et 0,17/100 000/an] est à première vue surprenante (…). Aucun élément, à notre connaissance, ne peut expliquer un plus grand nombre de cas importés dans ces zones, ou un risque plus élevé de contaminations autochtones par Echinococcus granulosus ».

Dans la discussion, les auteurs prennent actes du fait que les données hospitalière ne sont plus adaptées à la surveillance de l'incidence de ces affections (diagnostic et traitement précoce), d'autant que « le sous-recours aux soins pendant la pandémie de Covid-19 pourrait avoir contribué à la diminution de l'incidence des hospitalisations en 2020-2022 ». Elle reste toutefois valide pour la répartition géographique des patients, et donc du risque parasitaire.