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Elanco & Proplan

12 août 2015

Une enquête nationale, citoyenne, sur le lien entre chats et biodiversité

par Vincent Dedet

L'enquête participative sur le lien entre chats et biodiversité compte trois volets, dont deux consacrés au niveau de prédation des chats domestiques sur la petite faune vertébrée (cliché V. Dedet).

Le Muséum National d’Histoire Naturelle vient d’ouvrir un site web dédiée à une enquête visant à explorer le lien entre les chats domestiques et la biodiversité. Les propriétaires de chats peuvent se connecter, pour saisir les performances prédatrices de leur animal, voire s’inscrire pour un suivi.

 
L'enquête participative sur le lien entre chats et biodiversité compte trois volets, dont deux consacrés au niveau de prédation des chats domestiques sur la petite faune vertébrée (cliché V. Dedet).
 

C’est de la science collaborative, et cela concerne les chats domestiques. Une enquête ouverte à tous les citoyens de métropole vise à évaluer le niveau de prédation des chats ayant un propriétaire vis-à-vis de la petite faune. Ce projet est copiloté par le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) et la Société Française pour l'Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM).

Citoyens !

« Cette enquête se veut citoyenne et participative » indique d’emblée le portail web ouvert fin juin et dédié à cette enquête. Pour participer, il n’est ni nécessaire d’être propriétaire de chat, ni d’être Bac +5 en biologie. « Tout un chacun peut apporter ses observations (…), il s’agit simplement d’amener des éléments sur ce que peut capturer et consommer son animal au quotidien et de rapporter des observations ponctuelles de faits de prédation des chats sur la faune sauvage ». Faisant l'objet d'une thèse d'université, le portail de l'enquête restera ouvert au moins deux ans.

Visiteur

Il y a deux façons de participer à l’enquête : soit pour partager des observations ponctuelles de prédation, via un accès “visiteur”, soit pour s’engager dans un suivi. Ce dernier « s’adresse principalement aux propriétaires de chats et aux personnes désireuses d’ajouter régulièrement des données sur le site participatif, qui se rattacheront à un animal connu et décrit au préalable ». À l’inverse, la participation en tant que visiteur ne « permettra que des analyses limitées », et impose de resaisir la totalité des données à chaque signalement de nouvelle proie. Pour l'instant, seuls les participants résidant en France métropolitaine peuvent participer.

Clochette

L’interface de saisie est simple et agréable, mais ne sont acceptées que les contributions pour lesquelles la personne fournit une identification détaillée (localisation et contacts). Le chat doit également être clairement décrit (année de naissance, sexe, statut de stérilisation, degré d’accès à l’extérieur, rythme d’alimentation domestique…). Le visiteur peut être ou non le propriétaire du chat. En revanche l’interface ne prévoit qu’un chat par saisie. Le fait que le chat dispose d’une clochette peut être renseigné, mais l’interface ne prévoit pas que le chat soit équipé d’une collerette bigarrée destinée à le faire repérer par des oiseaux (Birdsbesafe°). Dans ce cas, il est conseillé de cocher la présence de clochette, et de signaler dans les commentaires qu'il s'agit d'un dispositif différent.

Guide d’identification

La description des proies est possible « même sans aucune connaissance des petites espèces de vertébrés rapportées ou consommées par les chats ». Elles peuvent avoir été identifiées par le propriétaire, mais un guide est aussi proposé avant la saisie, permettant de choisir parmi les amphibiens, les oiseaux, les reptiles, les mammifères, et même les poissons, et les photos de chaque espèce sont ensuite proposées… Et, à l’ère des smartphones, le site web offre aussi la possibilité d’enrichir les observations de prédation par des photographies des cadavres (ou de leurs restes).

Paysages

Sur les motivations de cette enquête, il s’agit « surtout [de] faire participer le grand public à la définition du rôle du chat domestique dans les relations proies/prédateurs ». Pour les chercheurs, il s’agit aussi de « décrire et comprendre les phénomènes écologiques sous-tendus par la présence de la faune domestique dans nos paysages ». À terme, les données collectées devraient aussi « permettre d’esquisser le régime alimentaire de l’animal dans son milieu, en lien avec différents paramètres relatifs à l’habitat (contexte urbain, milieu environnant) ou à la relation avec les hommes (nourrissage, maintien en liberté). Une meilleure compréhension des écosystèmes en présence de ce prédateur est également attendue ».

Traceurs GPS

Un autre volet de l’enquête prévoit d’équiper certains chats d’un « traceur GPS pendant quelques jours, voire de caméras miniaturisées », « pour mieux comprendre la façon dont le chat utilise son territoire et exploite les ressources alimentaires ». Une phase pilote de cette partie de l’étude a été lancée fin mai dernier, pour « tester la précision et l'autonomie du matériel, évaluer l'efficacité du dispositif du montage et les modifications du comportement des chats premiers équipés, et procéder à l’analyse de premières données sur l’utilisation de l’habitat ». Les propriétaires de chat volontaires pour ce volet de l’enquête doivent créer un compte (et non se renseigner comme simples visiteurs) sur le même portail, et cocher la case « j’accepte d'être sollicité pour les suites de l’étude ».

Volet sociologique

Enfin, à partir de l’année prochaine, l’enquête s’étoffera d’un volet sociologique, « via un système d’enquête à destination des propriétaires d’animaux. Les questions abordées concerneront les pratiques des propriétaires avec leurs chats, mais aussi la perception de l'animal domestique dans la nature et les liens qu'entretient chacun avec la biodiversité ». L’analyse des données collectées fera bien sûr l’objet de publications, mais aussi d’un retour vers les participants et plus largement « vers les propriétaires de chats, naturalistes et collectivités. Il visera, selon les éléments recueillis au cours du programme de recherche, à promouvoir une vision du parc des animaux de compagnie rendue compatible avec la biodiversité, notamment dans les jardins et les zones périurbaines ».