28 avril 2015

Chez les chats, le pas-d'âne est utilisé lors d'anesthésie pour chirurgie dentaire ou examen endoscopique. Dès 2012, une étude américaine avait suspecté que l'utilisation des pas-d'âne à ressort pendant l'intervention puissent être la cause des cécités, temporaires ou définitives, observées en post-opératoire. Cette première étude portait sur 20 chats, où une cécité définitive est apparue post-anesthésie. Pour 16 d'entre eux, il y avait eu utilisation d'un pas-d'âne à ressort. Une autre étude, publiée en 2013, a comparé le débit et la pression dans l'artère maxillaire chez six chats endormis et ayant la sonde endotrachéale en place. Un CT-scan a été réalisé sur ces chats, soit la bouche relaxée (sur le tube) soit la bouche maintenue à une ouverture maximale par un pas-d'âne à ressort. « Bien qu'aucun [de ces] chats n'ait développé de cécité post-anesthésique, une altération du débit de l'artère maxillaire a été notée chez certains sujets, lorsque l'ouverture de la gueule était maximale ».

Des réseaux vasculaires comprimés

D'autres études ont utilisé le CT-scan pour tenter d'expliquer la mécanique de la compression se produisant dans ces cas. Elles ont révélé que lors du maintien de l'ouverture maximale, la distance entre le processus angulaire de la mandibule et la paroi de la bulle tympanique est raccourcie, ce qui comprime l'artère maxillaire qui passe entre ces deux structures. Mais ce phénomène n'est observé que sur certains sujets. L'artère maxillaire dessert un réseau admirable extra-crânien, qui s'étend du foramen rotundum au foramen optique. Ce réseau admirable produit des artères, qui traversent la fissure orbitale et vont desservir un sinus caverneux intra-crânien Celui-ci forme à son tour des artères cérébrales. Les études proposent que la compression de l'artère maxillaire réduise le débit de ces artères, induisant alors des lésions corticales en lien avec la cécité.

Pas de compression à 20 ou 30 mm d'ouverture

Une autre étude, également conduite sur 6 chats, a comparé quatre positions : celle où rien d'autre que le tube endotrachéal n'obstrue la gueule des chats endormis, et celles fournies par des pas-d'âne en plastique de 20, 30 ou 42 mm, en enfin celle obtenue avec un pas-d'âne à ressort. Les mêmes altérations du débit de l'artère maxillaire sont observées pour le pas-d'âne à ressort et pour celui en plastique de 42 mm. L'auteur, professeur à l'université de Pennsylvanie (USA), estime que les résultats de ces travaux « devraient sonner le réveil chez tous ceux qui travaillent en dentisterie et chirurgie buccale féline » et les inciter à « préférer des dispositifs permettant de 20 à 30 mm », « pouvant être des capuchons d'aiguilles ou des corps de seringue taillés à la hauteur voulue ». « C'est un bel exemple de recherche appliquée pouvant être immédiatement transcrite dans la pratique de routine ».