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Elanco & Proplan

7 avril 2025

La prévention de l'obésité commence dès la première consultation

par Karin De Lange

Temps de lecture  5 min

Pourcentages de chiens et chats en surpoids et obèses, par stade de vie. Les données sont des prévalences sur une période d'étude de 4 ans, sur plus de 5 millions d'animaux médicalisés aux USA. Le surpoids a été défini comme ayant une note d'état corporel de 6 ou 7 (sur 9), ou un diagnostic clinique de surpoids ; l'obésité a été définie comme une note d'état corporel de 8 ou 9, ou un diagnostic clinique d'obésité. D'après Montoya et coll., 2025.
Pourcentages de chiens et chats en surpoids et obèses, par stade de vie. Les données sont des prévalences sur une période d'étude de 4 ans, sur plus de 5 millions d'animaux médicalisés aux USA. Le surpoids a été défini comme ayant une note d'état corporel de 6 ou 7 (sur 9), ou un diagnostic clinique de surpoids ; l'obésité a été définie comme une note d'état corporel de 8 ou 9, ou un diagnostic clinique d'obésité. D'après Montoya et coll., 2025.
 

L'obésité des animaux de compagnie est reconnue comme une maladie d'ampleur épidémique. Les auteurs d'une étude multicentrique de très grande ampleur aux USA rappellent son association avec un large éventail de comorbidités et les implications négatives pour le bien-être et la longévité des chiens comme des chats. Et ils préviennent les praticiens : la sensibilisation commence dès le très jeune âge de l'animal.

Étude sur 4,9 millions de chiens et 1,3 million de chats

L'objectif principal de cette étude était de déterminer la prévalence du surpoids et de l'obésité chez les chiens et les chats, aux différents stades de la vie. Les auteurs ont également examiné l'évolution de la prévalence du surpoids et de l'obésité au fil du temps (2020-2023), aux USA. Ils ont analysé les données de plus de 4,9 millions de chiens et 1,3 million de chats médicalisés auprès d'un des quelque 900 hôpitaux vétérinaires de soins primaires (appartenant à la chaîne Banfield) entre 2020 et 2023. Toutes les structures utilisaient le même logiciel de gestion et la même échelle pour évaluer l'état corporel (à 9 points). Les données ont été classées par stade de vie :

  • début croissance (jusqu'au sevrage),
  • fin de croissance (entre le sevrage et la fin de la croissance),
  • jeune adulte (entre la fin de la croissance à environ 2 ans). Plus précisément il s'agit d'atteindre la maturité squelettique. Chez le chien, cela correspond à 2 à 2,5 ans (plus tôt pour les chiens plus petits, plus tard pour les chiens plus grands),
  • adulte (jusqu'à environ la moitié restante de l'âge adulte, ou 2-7 ans chez les chats),
  • mature (chiens d'âge moyen, chats de 7-12 ans),
  • et sénior (chiens âgés ou gériatriques, chats de plus de 12 ans).

Pour compenser la grande variété de tailles (et de longévité) de chiens, les stades de vie de cette espèce ont été définis par tranches d'âge selon le poids corporel, en fonction de la taille adulte anticipée de la race concernée. À titre d'exemple, les chiens de races de moins de 10 kg à l'âge adulte sont considérés “matures” entre 8 et 12 ans, ceux de races grandes et géantes (>26 kg à l'âge adulte) entre 5 et 8 ans.

Plus de surpoids et d'obésité chez les “matures”

Chez les chiens, la prévalence du surpoids et de l'obésité était la plus élevée au stade “mature” de la vie (50,1 % et 12,6 %, respectivement). Chez les chats, la prévalence du surpoids était la plus élevée à l'âge adulte (47,2 %), tandis que la prévalence de l'obésité était la plus élevée à l'âge mûr (21,7 %). Une augmentation de la prévalence du surpoids et de l'obésité au fil du temps a été observée chez les chiens à tous les stades de la vie (voir l'illustration principale). Chez les chats, entre 2020 et 2021, les prévalences du surpoids et de l'obésité ont augmenté à tous les stades de vie, sauf pour le stade début de croissance. Et dans les deux espèces, ces prévalences augmentent entre le début de la croissance et la maturité, mais diminuent ensuite (vieillesse).

Prévention : l'importance de commencer tôt

Environ 1 % des chiots et des chatons étaient déjà en surpoids à l'âge de 2 et 4 mois, respectivement. À la fin de la croissance, jusqu'à 15 % des chiots et des chatons étaient déjà en surpoids ou obèses. Bien que cette prévalence soit encore considérablement inférieure à celle de la vie adulte, elle est remarquable. Car les analyses statistiques réalisées par les auteurs estiment que la probabilité que les animaux soient en surpoids ou obèses à l'âge adulte, pour un jeune en surpoids/obésité, était :

  • 1,9 fois plus élevée chez les chiots, et
  • 1,5 fois plus élevée chez les chatons,

par rapport à ceux qui n'étaient pas en surpoids ni obèses pendant la croissance.

Ils observent aussi une augmentation marquée de la prévalence du surpoids et de l'obésité entre la fin de la croissance et le stade des jeunes adulte (voir le graphique ci-dessous),. Au stade jeune adulte, environ un quart des chiens et près de 40 % des chats étaient touchés.

Évolution du statut pondéral des stades de croissance jusqu'au jeune adulte, chez les chiens et les chats : les animaux en surpoids ou obèses pendant la croissance ont un sur-risque important de rester dans cette catégorie une fois adultes. D'après Montoya et coll. 2025.

 

Impact de la stérilisation

Une partie de ces augmentations de prévalence entre la fin de la croissance et le début de l'âge adulte pourrait être liée à la stérilisation, qui est souvent réalisée pendant cette période. Bien que non mesuré, son impact peut être supposé, car environ 90 % des chiens et des chats qui fréquentent les structures de l'étude sont stérilisés. C'est cohérent avec les études qui comparaient la croissance des chatons ou des chiots stérilisés aux normes de croissance des animaux entiers ; les chatons avaient des gains de poids corporel plus prononcés après stérilisation que les chiots. Ainsi, les auteurs estiment les stratégies de prévention de l'obésité « particulièrement importantes » chez les chatons. Pour les auteurs, cela revient à dire que fournir des conseils nutritionnels et de mesures régulières du poids après la stérilisation, en prévention de l'obésité, « est peut-être trop tard pour nombre d'entre eux ».

Tout commence à la première consultation

Ils soulignent que cet aspect « ne peut pas être surestimé ». Ainsi, les conseils devraient inclure « une mesure précise des portions alimentaires quotidiennes, que la ration soit offerte dans des repas discrets ou disponible en permanence, et le contrôle d'aliments supplémentaires tels que les friandises et les restes de table ». Mais ce sont surtout les courbes de croissance qui peuvent aider le propriétaire de l'animal à comprendre quand la croissance est terminée, pour ajuster la ration à l'âge et ainsi éviter une prise de poids excessive au début de l'âge adulte. « Les praticiens ont une excellente occasion de dialoguer avec les propriétaires sur la prévention du surpoids alors que les chiots et chatons sont encore jeunes et que les visites vétérinaires sont relativement fréquentes ».

Les chiens obèses vivent 1,5 an de moins

À cet effet, ils rappellent aussi que les comorbidités de l'obésité comprennent :

  • chez le chien, le diabète sucré, le syndrome obstructif des voies aériennes des brachycéphales, l'urolithiase à l'oxalate de calcium, les altérations de la structure et de la fonction cardiaques, les affections orthopédiques, les traits comportementaux indésirables et les néoplasies, telles que les tumeurs mammaires ;
  • chez le chat, l'obésité est un facteur de risque de diabète sucré, d'affections musculosquelettiques et d'arthrose, d'altérations de la structure et de la fonction cardiaques, de maladies des voies urinaires et d'allergies, y compris l'asthme félin.

Les chiens obèses ont une espérance de vie inférieure d'un an et demi à celle des chiens en condition physique idéale, un effet qui est plus marqué pour les races les plus petites.