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Elanco & Proplan

16 octobre 2024

Le rat : un animal de compagnie généralement bien soigné par son propriétaire

par Agnès Faessel

Temps de lecture  6 min

Une large majorité des répondants fournissent à leurs rats des conditions de vie adéquates en termes de logement, d'alimentation, etc. et le comportement des animaux révèle un bon niveau de bien-être (cliché » Pixabay).
Une large majorité des répondants fournissent à leurs rats des conditions de vie adéquates en termes de logement, d'alimentation, etc. et le comportement des animaux révèle un bon niveau de bien-être (cliché » Pixabay).
 

Le rat reste un animal de compagnie peu habituel, et généralement détenu par un propriétaire averti, selon les résultats d'une enquête évaluant les conditions de vie de ces animaux, leur santé et leur comportement (signes de bien-être, médicalisation). L'image de cette espèce est alors évidemment bien loin du rat d'égout, sale et dangereux. Elle se rapproche plutôt du Rémi de Ratatouille, intelligent et attachant.

Un questionnaire long

Les auteurs de cette étude, de l'école vétérinaire de Vienne (Autriche), ont diffusé leur questionnaire en allemand, ils ont ainsi recueilli les réponses (anonymisées) de 978 propriétaires de rats de divers pays germanophones (Allemagne, Autriche, Suisse). Le questionnaire comprenait 71 blocs pour un total de 240 questions, ouvertes ou fermées, nécessitant environ 25 minutes pour le compléter. Il comprenait 8 sections, développant notamment l'environnement de vie du rat (logement, temps passé hors de la cage, etc.), ses soins (alimentation, visite d'un vétérinaire), son état de santé, son comportement (signes de bien-être ou d'inconfort), et le lien/les interactions avec le propriétaire principal. Dans le cas de la détention de plusieurs animaux, les réponses ciblaient un seul d'entre eux. Il était possible de participer à une tombola, pour gagner un petit lot (livre, jouet…).

Les répondants sont en large majorité des femmes (92 %). Ils sont à 91 % âgés de moins de 45 ans. Le propriétaire principal était mineur dans 2,4 % des cas (répondant alors avec un adulte).

Des rats en groupes, relativement vieux et non stérilisés

Le plus souvent, les rats sont détenus avec des congénères (7 rats en moyenne ici et 5 en médiane, ce qui est approprié pour l'espèce), le plus souvent de même sexe mais de divers âges (ce qui est approprié aussi). Et le temps passé à s'en occuper est de 2 heures et demi par jour en moyenne.

En focalisant sur un seul animal par foyer, l'âge médian de ces rats est de 1,4 ans, ce qui est relativement vieux. Ce sont généralement des femelles ou des mâles entiers (53,1 % et 32,3 %, respectivement), moins souvent des individus stérilisés (1,8 % de femelles et 12,4 % de mâles). Les animaux seuls, ce qui n'est pas conseillé, le sont souvent pour des raisons de comportement – ce qui serait à explorer selon les auteurs –, suite au décès du congénère, parce qu'ils ont été adoptés seul ou qu'ils sont âgés, ou par manque de place (ce qui pose un problème de bien-être animal, signalent les auteurs).

Un logement spacieux, mais parfois accessible au chat

Les réponses montrent que les conditions de logement sont généralement adéquates, la cage étant située le plus souvent dans la pièce de vie (salon/salle à manger), et jamais à l'extérieur. Les rats sont en liberté (dans une pièce dédiée) à 8,8 %. La taille de la cage (2 m2 en moyenne, 0,7 m2 en médiane) et la litière sont généralement adaptées. Dans 10,6 % des cas toutefois, la cage est trop petite (moins de 0,5 m2).

Plus de la moitié des propriétaires (52 %) laissent leur rat évoluer en liberté (hors de sa cage) quotidiennement, et 20 % quasiment quotidiennement (5 à 6 jours par semaine) ; ceux qui ne le font jamais sont minoritaires (0,3 %). Et l'animal sort alors 2,5 heures en moyenne à chaque fois, dans un espace de 14 m2.

Le plus souvent, le chien ou le chat de la maison n'a pas accès à la pièce ou vit le rat. Mais c'est le cas pour les chiens à 8,5 % et pour les chats à 6,8 % ; ces espèces prédatrices, en particulier les félins, peuvent causer un stress au rongeur. Les auteurs proposent de mieux informer les propriétaires sur ce point.

Un bon enrichissement du milieu de vie aussi

Le milieu de vie est correctement enrichi, avec des jouets, des cachettes, des escaliers, des tubes, et des matériaux pour faire un nid (papier journal par exemple)… Des éléments détériorant le bien-être des rongeurs (roue, balle d'exercice) sont rarement proposés.

L'apport d'eau et de nourriture est approprié également dans la majorité des cas (eau et aliment spécialisé ad libitum, graines ou fruits frais…). Près de 11 % donnent des aliments à base d'insectes comme source de protéines. Des aliments inadaptés (chocolat, gâteau par exemple) sont toutefois donnés par 15 % des propriétaires. Et environ 14 % des rats de l'étude sont estimés être en surpoids, au vu des normes de l'espèce, ce qui pourrait être en partie lié à ces aliments inadaptés et/ou l'apport alimentaire ad libitum.

La cage est nettoyée une fois par semaine en majorité, et les gamelles quotidiennement. Une sensibilisation des propriétaires sur ces points d'hygiène demeure nécessaire, car certaines personnes déclarent ne jamais nettoyer la cage, par exemple.

Des animaux bien portants…

D'une manière générale, ces rats sont en bonne santé (à 79 %). Une maladie, diagnostiquée par un vétérinaire est signalée par 21 % des répondants : maladie respiratoire (mycoplasmose en particulier) ou maladie tumorale (tumeur mammaire) notamment, ce qui est courant chez le rat, paralysie des postérieurs, abcès. Les troubles dentaires sont rarement signalés.

Les propriétaires surveillent généralement les yeux et le museau de leur rat, souvent chaque jour. Un quart à un tiers d'entre eux examinent aussi chaque semaine leur animal (oreilles, pattes et griffes, etc.). Couper les griffes (ce qui n'est pas nécessaire hors trouble) ou brosser le poil reste peu courant.

À 85 %, le vétérinaire n'est consulté qu'en cas de problème. Et 7 % des répondants consultent plusieurs fois par an. En revanche, 4,6 % disent ne jamais aller chez le vétérinaire.

… et sans stress

L'enquête évaluait la fréquence des signes de bien-être, avec des résultats positifs : plusieurs fois par jour l'observation d'un comportement de toilettage (90 % des répondants), de reproduction (47 %), un grincement des dents (29 %), un « globulage » (les yeux qui semblent vibrer, 12 %). Les comportements avec les congénères sont aussi généralement normaux (prise de nourriture en groupe, jeu, toilettage mutuel…).

Inversement, des stéréotypies, des automutilations ou un mâchonnement (des barreaux de la cage) sont moins fréquents voire rares, comme les comportements agonistes (agressivité en particulier).

Des propriétaires attachés et qui interagissent avec le rat

Cette enquête avait aussi pour objectif d'évaluer le lien entre le propriétaire et son rat, et ses conséquences en termes de comportement et de médicalisation.

Ainsi, la plupart des propriétaires interagissent avec leur rat : 84 % le caressent, 95 % lui parlent, 71 % le nourrissent à la main. Un petit nombre l'emmène se promener, en laisse ou non, ce qui est stressant et à risque (blessure, prédation) pour l'animal de l'avis des auteurs. Ces interactions représentent en moyenne 1,6 heures par jour (hors soins).

Et le comportement du rat vis-à-vis de son propriétaire est souvent positif aussi, avec un animal qui vient vers lui, spontanément ou lorsqu'il est appelé, accepte la nourriture donnée à la main, grimpe sur son épaule, etc. Les signes d'agressivité sont plus rares.

Le degré d'attachement de la personne à son animal a été évalué (avec la grille CCAS), montrant qu'il est généralement élevé (score de 38 en moyenne sur une échelle de 11 à 44). Et assez logiquement le propriétaire considère le plus souvent le rat comme un animal sociable, mignon, amusant, intelligent et curieux… Une minorité le considère sale ou agressif.

Des associations significatives sont alors observées : l'attitude du propriétaire et son attachement à l'animal sont liés à ses interactions avec lui et à ses soins. Surtout, plus les interactions se passent bien, plus les soins se passent bien aussi. Et le propriétaire passe alors plus de temps avec son animal, et il lui procure plus souvent des soins tels que la coupe des griffes ou le brossage, ainsi que des éléments d'enrichissement de l'environnement.

À l'opposé, si le rat est vu comme un animal sale, les interactions avec lui sont moindres, de même que ses soins et sa médicalisation.

On ne peut écarter la possibilité que les répondants de cette enquête soient plutôt des personnes attachées à leur animal, et bien informées sur les besoins de l'espèce, ce qui constitue un biais notable. En outre, les rats sont des animaux nocturnes, dont l'activité n'est donc probablement pas complètement connue du propriétaire.

Toutefois, ces observations apportent des éléments intéressants pour développer des outils destinés à évaluer le bien-être de ces animaux, sur les points de sensibilisation des propriétaires et ainsi pour orienter la consultation vétérinaire.