11 octobre 2024

En Suède, assurer son animal est courant ; c'est le cas pour 90 % des chiens. Et l'exploitation de la base de données d'Agria (mutuelle santé très implantée dans le pays) a permis d'actualiser les connaissances épidémiologiques de l'ostéochondrose canine.

Les chercheurs (de l'Université d'Uppsala) se sont limités à l'ostéochondrose appendiculaire (écartant ainsi l'ostéochondrose des vertèbres ou du sacrum). Ils publient leurs résultats en libre accès dans Preventive Veterinary Medicine.

685 cas sur les 6 ans d'étude

Sur la période d'étude (2011-2016), l'analyse a porté sur les dossiers d'environ 600 000 chiens, également répartis entre mâles et femelles. Et 685 cas ont été recensés. Cela permet de calculer un taux d'incidence de 3,77 cas par 10 000 chiens-années à risque. Les auteurs signalent que ce taux d'incidence est inférieur à ceux de la rupture du ligament croisé antérieur (23,8) et de la luxation de la rotule (15,6) calculés sur la même période dans la même population de chiens.

Dans sa codification, l'assureur distingue l'ostéochondrose de l'humérus (groupant ainsi l'affection de l'épaule et du coude), du fémur (genou) ou du talus (tarse). Les cas sont alors répartis comme suit.

• Ostéochondrose de l'épaule ou du coude : 493 cas ;
• Ostéochondrose du genou : 116 cas, soit un taux d'incidence de 0,64 cas par 10 000 chiens-années à risque ;
• Ostéochondrose du tarse : 80 cas, soit un taux d'incidence de 0,43 cas par 10 000 chiens-années à risque.

L'affection touche rarement plusieurs articulations : épaule/coude et genou (1 cas), épaule/coude et tarse (3 cas). Mais il est possible que des atteintes multifocales subcliniques soient présentes, une étude sur des résultats d'autopsie ayant rapporté 28 % de telles atteintes. Les données étudiées ici ne permettent pas non plus d'analyser la fréquence relative des atteintes bilatérales (rapportées comme fréquentes dans d'autres travaux).

Les grands chiens plus à risque

De nombreuses races sont touchées. Mais plusieurs sont identifiées comme significativement plus à risque par comparaison à l'ensemble des chiens de la population assurée : dogue de Bordeaux, cane corso, bouvier bernois, montagne des Pyrénées, danois, border collie, boxer, hovawart, rottweiler, labrador, berger allemand et golden retriever. Il s'agit de races de taille grande à géante, ce qui était déjà rapporté. Une origine génétique est suspectée, mais divers facteurs entreraient aussi en ligne de compte, notamment l'anatomie, la vitesse de croissance ou l'activité…

Outre les races croisées, d'autres sont significativement moins à risque : teckel, cavalier king-charles, chihuahua, Jack Russel terrier et schnauzer nain.

Concernant l'ostéochondrose du genou ou du tarse spécifiquement, d'autres races s'ajoutent à celles globalement à risque, notamment le broholmer et le léonberg pour le genou et le dogue des Canaries, le bullmastiff, le bull terrier, le staffie et le rhodesian ridgeback pour le tarse.

Les chiens mâles sont plus à risque que les chiennes. Mais cette différence n'est pas retrouvée s'agissant des affections du genou ou du tarse en particulier.

Diagnostic plus tardif de l'ostéochondrose du coude

L'âge médian des chiens au moment du diagnostic est de 0,74 ans, soit près de 9 mois. Il ne varie pas selon le sexe du chien. Il est équivalent pour l'ostéochondrose du tarse, mais les signes d'ostéochondrose du genou, en revanche, sont plus tardifs : l'âge médian au diagnostic est de 2,62 ans. Selon les auteurs, le diagnostic d'ostéochondrose du genou pourrait être retardé par l'attribution initiale des signes cliniques à d'autres causes chez un jeune animal ou en raison de signes cliniques frustres.

Dans quelques races, le diagnostic est significativement plus précoce : chow-chow, dalmatien, cane corso, border collie. À l'inverse, il est plus tardif pour le berger allemand et le boxer.

Signes antérieurs ou postérieurs au diagnostic

Lors d'ostéochondrose du genou, d'autres anomalies de l'articulation sont fréquentes (dans les deux tiers des cas) : douleur, boiterie ou autre signe non spécifique en particulier avant le diagnostic d'ostéochondrose, rupture du ligament croisé antérieur (LCA) après son diagnostic (rapporté à près de 14 % ici). Le lien entre ostéochondrose et rupture du LCA est méconnu.

Il en est de même lors d'ostéochondrose du tarse (à 38 % ici) : notamment, des signes aspécifiques, douleur ou autres, sont régulièrement rapportés chez les chiens atteints avant le diagnostic d'ostéochondrose.

Mortalité élevée

Dans cette étude, 77 chiens sont décédés (par euthanasie) en lien direct avec leur maladie, notamment 20 atteints d'ostéochondrose du genou et 14 atteints d'ostéochondrose du tarse, dans un délai relativement rapide après le diagnostic : immédiatement après jusqu'à 2 ans après, mais plus rapidement lors d'atteinte du genou (0-96 jours) ou du tarse (0-74 jours). L'âge médian au décès est de 0,72 ans (8,6 mois).

Le taux de mortalité s'établit ainsi à 0,70 cas par 10 000 chiens-années à risque toute localisation confondue (0,18 et 0,13 pour les atteintes du genou ou du tarse). Ce taux est voisin de celui de la luxation de la rotule (1 cas par 10 000 chiens-années à risque), mais inférieur à celui de la rupture du LCA (4 cas par 10 000 chiens-années à risque). L'ostéochondrose demeure toutefois une cause majeure de décès chez les chiens affectés, avec une euthanasie fréquente dès l'annonce du diagnostic, en particulier chez un chiot. Les décisions concernant l'euthanasie peuvent toutefois varier selon les pays et les cultures, et ces données ne sont pas nécessairement transposables hors Suède.

Le risque d'euthanasie est plus élevé chez les chiens mâles, ainsi que dans certaines races comme bangkaew de Thaïlande ou le bouledogue américain ici.