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1er octobre 2024
L'hypoalbuminémie chez le chat malade : fréquente et associée à un moindre pronostic
L'albumine est une protéine plasmatique essentielle, produite par le foie et représentant jusqu'à 50 % des protéines circulantes. Son dosage est fréquent dans les bilans sanguins de routine. Et des chercheurs écossais ont été les premiers étonnés de la fréquence d'une hypoalbuminémie chez le chat : son incidence est de 32,7 % d'après leurs observations, un chiffre plus élevé que rapporté chez le chien.
L'hypoalbuminémie est fréquente chez les animaux malades. Elle a été associée à des défauts de cicatrisation, un surrisque de déhiscence des plaies, une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Elle entraîne aussi une baisse de la pression oncotique dans le plasma, favorisant œdèmes et épanchements. Des études menées dans l'espèce canine ont montré que l'albuminémie constitue un paramètre pronostique fiable, pour diverses affections (entéropathies chroniques, néphropathies, pancréatite…), amenant à l'inclure dans plusieurs scores cliniques.
Des données équivalentes font défaut dans l'espèce féline, ce qui a motivé cette nouvelle étude. Dans cette espèce, par exemple, le rôle de l'albumine comme protéine de phase aiguë négative n'avait pas été prouvé. Et plus généralement, une hypoalbuminémie sévère et ses conséquences étaient présumées moins fréquentes que chez le chien.
Pour l'évaluer, ces chercheurs ont donc mené une étude rétrospective sur 5 ans : ils ont recensé tous les cas de chats pris en charge dans leur établissement (hôpital vétérinaire universitaire d'Édimbourg) et présentant une albuminémie sous le seuil de 28 g/l (intervalle de normalité : 28-39 g/l), entre janvier 2018 et janvier 2023.
Exclusion faite des chats en bon état de santé, ils ont retenu 533 cas parmi les 1632 chez lesquels l'albuminémie avait été mesurée sur place, ce qui représente ainsi une incidence de 32,7 %, soit presque 1 sur 3. Chez le chien, cette incidence est évaluée entre 10 et 25 %. Ce résultat est d'autant plus inattendu que l'hypoalbuminémie féline était présumée peu fréquente.
Ces chats étaient de divers âges (4 -mois à 19 ans, avec un âge médian de 10 ans) et races, et en majorité des mâles (56,8 %).
Ces cas ont aussi été répartis selon la gravité de l'hypoalbuminémie :
Les cas ont été répartis par maladies, selon le système ou appareil touché. Et ils ont été classés aussi selon le type d'affection (dégénérative, infectieuse, métabolique…).
Les résultats montrent ainsi la prédominance des maladies gastro-intestinales (154 cas soit 28,9 %), devant les maladies respiratoires (86 cas soit 16,1 %), hépatobiliaires (74 cas soit 13,9 %), puis urogénitales (67 cas soit 12,6 %). Les autres catégories totalisent chacune moins de 10 % des cas. La plupart des cas de maladies endocriniennes (n=45) sont des hyperthyroïdies, une maladie qui pourrait accélérer le catabolisme de l'albumine.
En tenant compte de la gravité de l'hypoalbuminémie, la proportion des cas d'atteinte modérée ou grave est aussi plus élevée dans le cadre des maladies digestives (50 %) ou respiratoires (41,8 %).
Parmi les maladies gastro-intestinales, les tumeurs sont sur-représentées (49,4 %), en particulier les lymphomes digestifs ; elles sont aussi le plus souvent associées aux cas d'hypoalbuminémies modérées ou sévères. Suivent les maladies inflammatoires, et infectieuses. Les auteurs de l'étude pointent ainsi l'importance du lien entre hypoalbuminémie et tumeur digestive, amenant à considérer de caractériser (et prendre en charge) une entéropathie avec perte de protéines dans ces cas.
Les trois types d'affections les plus fréquentes, indépendamment du système concerné, sont les maladies tumorales (29,8 %), les maladies inflammatoires (29,6 %) et les maladies infectieuses (17,6 %). À l'exception des infections (la PIF à 27,8 %), les hypoalbuminémies restent majoritairement légères.
Ce lien avec les maladies inflammatoires conforte le rôle de l'albumine comme protéine de phase aiguë (PPA) négative, chez les chats aussi. Ces PPA négatives, à l'instar de la transferrine, sont diminués lors d'inflammation, à l'inverse des PPA positives, comme la protéine C-réactive, qui sont alors augmentées.
Dans la catégorie des maladies inflammatoires, les entéropathies chroniques sont les plus fréquentes (21/158, soit 13,3 %), suivies par les cholangiohépatites, les pancréatites, donc la « triade » féline, puis les affections dentaires.
Les chercheurs ont aussi exploré – et confirmé – la véracité de l'albuminémie comme facteur pronostique dans l'espèce féline.
Ainsi, la gravité de l'hypoalbuminémie est significativement associée à la durée d'hospitalisation, significativement prolongée lorsque l'hypoalbuminémie est modérée ou sévère versus les cas où elle est légère, et dans les cas où elle est modérée versus sévère.
Le coût des soins est également corrélé à cette gravité, avec un total significativement inférieur dans les cas d'hypoalbuminémie légère.
En tenant compte de l'âge des chats, et du type d'affection, l'analyse montre aussi un lien significatif entre hypoalbuminémie et mortalité. Ainsi, chaque augmentation de 1 g/l d'albumine dans le sang est associée à des chances de survie augmentées de 13,1 %. Et les cas d'hypoalbuminémie sévère ou modérée sont associées à de moindres chances de survie que les cas de légère hypoalbuminémie. Les auteurs proposent alors d'inclure l'albuminémie dans les scores de gravité clinique de maladies félines, à l'exemple de l'index des entéropathies chroniques du chien (CCECAI) ou le score APPLE utilisé en contexte d'urgence chez le chien.
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