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Elanco & Proplan

13 décembre 2024

Vieux chiens : la déficience cognitive est plus fréquente chez les sujets atteints de deux déficiences sensorielles

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude américaine, sur un nombre limité de chiens, montre que parmi ceux de plus de 8 ans, le fait de présenter à la fois des déficits auditif et visuel constitue un risque accru d'atteinte cognitive. Cliché Leo_65, Wikimedia
Une étude américaine, sur un nombre limité de chiens, montre que parmi ceux de plus de 8 ans, le fait de présenter à la fois des déficits auditif et visuel constitue un risque accru d'atteinte cognitive. Cliché Leo_65, Wikimedia
 

« Les chiens âgés de plus de 8 ans présentent un risque plus élevé de double déficience auditive et visuelle et de déficiences cognitives associées ». Les auteurs (américains) de cette conclusion reconnaissent que le fait que les chiens âgés puissent être atteints de déficience visuelle ou auditive n'est pas une nouveauté. En revanche, c'est l'association entre double déficience sensorielle et déclin cognitif qui est nouvelle, bien que la relation de cause à effet leur échappe. Ils estiment que « chez les chiens âgés , [le praticien] doit prendre en compte ces risques de multimorbidité ».

Examinés par des spécialistes

Pour cette étude, les auteurs ont recruté localement les participants : ils ont envoyé leur questionnaire à près de 2 000 personnes des environs de leur université (dans le Wisconsin), en prévenant qu'outre le questionnaire à remplir, les personnes pouvaient se voir demander d'amener leur animal dans les locaux de l'hôpital vétérinaire pour une évaluation clinique. Outre les données démographiques, le questionnaire se fondait sur une grille d'évaluation de l'audition (8 questions), de la vision (17 questions) et de la cognition (17 questions). Pour 91 des 238 maîtres ayant pleinement rempli ce questionnaire, une consultation généraliste a été réalisée sur leur animal, puis sur l'œil et l'oreille qui présentaient le moins d'anomalie :

  • un ophtalmologiste a réalisé une électrorétinographie,
  • et un neurologue et réalisé une mesure du potentiel évoqué du tronc cérébral (audition), unilatérale.

Ces deux examens ne présentant pas de valeur seuil pour qualifier la bonne audition ou la bonne vue, les valeurs du groupe de chiens les plus jeunes ont été prises en référence pour les chiens de 8 ans et plus (46 % de l'effectif).

Aucune anomalie neurologique sévère

L'examen otoscopique (réalisé lors de la consultation généraliste) n'a pas pu être réalisé sur tous les chiens (certains étant rétifs), mais l'anomalie la plus fréquente était la présence d'un bouchon partiel ou total dans le conduit auditif externe (n=21), devant une dermatite (n=15), du prurit (n=14), de l'érythème (n=11), etc. En neurologie, sur les 91 chiens examinés, 70 ont été considérés comme ayant un examen neurologique normal, « c'est-à-dire qu'ils présentaient des déficits minimes ou nuls, 11 d'entre eux présentant une ou plusieurs anomalies à l'examen neurologique, telles que des déficits de placement postural, des douleurs à la palpation et une légère paraparésie ». Mais 32 chiens présentaient au moins une anomalie neurologique (aucune sévère), les trois plus fréquentes étant des déficits de réactions posturales (25/32), de l'ataxie (18/32) et de la parésie (14/32). À l'examen ophtalmologique, tous les sujets ont présenté un réflexe à la menace, mais 21 présentaient une cataracte, dont deux précoces. L'électrorétinogramme a révélé 10 anomalies, dont la pigmentation de l'épithélium ou celle de l'endothélium. Diverses autres anomalies ont été notées.

Double déficience sensorielle = sur-risque cognitif

Parmi les chiens au-dessus du seuil de potentiel évoqué considéré comme marquant une déficience auditive, 82 % avaient plus de 8 ans. Parmi les chiens obtenant la note la plus faible au questionnaire relatif à l'audition, 70 % avaient plus de 8 ans. De même, 87 % des chiens présentant une mesure de l'ERG au-dessus du seuil avaient plus de 8 ans, cette proportion étant de 85 % pour le questionnaire. Lorsqu'ils croisent ces éléments avec les données démographiques, les auteurs observent que le sexe n'est associé à aucun de ces déficits, qu'ils aient été évalués par les maîtres ou les spécialistes. Si aucune déficience sensorielle n'a été détectée chez 59 à 62 % des chiens de moins de 8 ans, cette proportion était de 39-41 % pour les chiens de plus de 8 ans (p<0,03). « De même, la prévalence de l'absence de déficiences sensorielles est de 10 à 12 % chez les chiens gériatriques, contre 30 % chez les jeunes chiens adultes ». Enfin, les troubles cognitifs étaient plus souvent décrits chez les chiens souffrant d'une double déficience auditive et visuelle. Au point que les auteurs calculent en analyse multivariée (limite les biais) qu'un chien de plus de 8 ans, par rapport à un chien de cet âge sans déficience sensorielle, présente un risque x 2 de déficience cognitive s'il a une double déficience auditive et visuelle, quand le déficit visuel concerne la pleine lumière (et x 1,8 pour la déficience visuelle en clair-obscur).

Autrement dit, « les déficiences sensorielles combinées de l'audition et de la vision ont été associées à un risque environ deux fois plus élevé de déficience cognitive chez ces chiens âgés ». Il restera aux auteurs à poursuivre cette étude sur un effectif plus important, pour pouvoir évaluer au plan clinique la déficience cognitive, qui dans ce travail n'était évaluée que par les maîtres. Mais en l'état, ils conseillent aux praticiens de prêter une attention particulière à cette « multimorbidité » chez les vieux chiens.