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Elanco & Proplan

17 septembre 2024

La relation des propriétaires avec leurs animaux influence leur santé mentale

par Pascale Pibot

Temps de lecture  7 min

Les femmes témoignent moins souvent que les hommes de l'insensibilité apparente de leur animal à leur égard, surtout s'il s'agit d'un chien (cliché Pixabay).
Les femmes témoignent moins souvent que les hommes de l'insensibilité apparente de leur animal à leur égard, surtout s'il s'agit d'un chien (cliché Pixabay).
 

Les relations sociales sont connues pour améliorer le bien-être, réduire la solitude et diminuer le risque de mortalité. Dans ce contexte, de nombreux propriétaires de chiens et de chats déclarent que leur animal joue un rôle important dans leur santé mentale, en particulier en cas de détresse émotionnelle. Une étude britannique a étudié comment la qualité de la relation homme-animal peut être influencée par des concepts bien connus dans le domaine de la psychologie sociale, mais qui n'avaient encore jamais été appliqués à l'analyse des relations entre humains et animaux de compagnie.

Analyse de la qualité de la relation avec l'animal

Une enquête en ligne a été menée auprès d'un large échantillon de personnes majeures (1359 au total), possédant un chien ou un chat. Des données ont été recueillies sur les animaux possédés et les critères suivants ont été évalués à partir des réponses à des questionnaires spécifiques, dont la validité est reconnue chez l'homme et qui ont été adaptés aux relations avec les animaux.

  • Réactivité ou insensibilité perçue de l'animal : le propriétaire estime-t-il que son animal est réceptif ou, au contraire, insensible à ses besoins ?
  • Degré d'attachement entre le propriétaire et son animal.
  • Expansion de soi : cette notion fait référence à l'engagement dans des activités et des perspectives nouvelles, qui permettent d'améliorer l'image de soi, d'augmenter son efficacité personnelle.

La dépression, l'anxiété, le sentiment de solitude, ainsi que les affects positifs et négatifs éventuellement ressentis par les propriétaires, ont également été évalués. Les répondants ont par exemple noté sur une échelle de 1 (« très peu » ou « pas du tout ») à 5 (« extrêmement ») dans quelle mesure ils avaient ressenti 10 émotions positives (par exemple de l'enthousiasme) et 10 émotions négatives (par exemple de la culpabilité) au cours de la semaine écoulée.

Réactivité ou insensibilité perçue

Pour évaluer la réactivité perçue de leur animal à leur égard, les participants à l'étude ont évalué leur degré d'adhésion à des affirmations du type « Mon animal m'écoute vraiment » ou « Mon animal me connaît bien », en utilisant une échelle de 1 (« pas du tout d'accord ») à 7 (« tout à fait d'accord »).

Inversement, les participants ont également noté « l'insensibilité » de leur animal à leur égard, en donnant leur opinion sur des phrases telles que « Mon animal est indifférent à mes sentiments et mes préoccupations » ou « Mon animal n'est pas attentif à mes besoins ».

Les études sur les relations entre humains montrent en effet que la perception d'un niveau élevé de réceptivité de la part du partenaire est associée à une diminution de l'anxiété, de la dépression, de la réactivité aux affects négatifs et au stress, ainsi qu'à un meilleur bien-être en général. À l'inverse, percevoir une insensibilité de la part de son partenaire s'accompagne d'une augmentation du sentiment de solitude, du stress, de l'anxiété et de la dépression.

L'insensibilité apparente, un critère fort

Les résultats de cette étude sont partiellement en accord avec ces constatations : l'insensibilité perçue du chien ou du chat s'est révélé être une variable prédictive forte vis-à-vis d'un état dépressif ou anxieux du propriétaire, et corrélée avec l'importance des affects négatifs. Le fait de percevoir son animal comme insensible conduit aussi l'individu à se sentir plus seul.

Les effets négatifs de l'insensibilité perçue du partenaire sur la santé mentale sont donc applicables dans le cadre d'une relation entre une personne et son animal. D'autres enquêtes ont précédemment montré que la plupart des gens adoptent un animal pour obtenir de la compagnie et un soutien émotionnel. Si ces attentes ne sont pas satisfaites du fait de l'insensibilité perçue de l'animal, la situation pourrait être particulièrement pénible pour le propriétaire.

Un effet moins net de la réactivité perçue

La réactivité perçue de l'animal apparaît corrélée positivement avec les affects positifs (et négativement avec le sentiment de solitude). Mais ici, ce critère n'a pas constitué un prédicteur significatif dans les modèles de régression multilinéaire.

Effet négatif du degré d'attachement

Le degré d'attachement entre le propriétaire et son animal a été évalué grâce au degré d'adhésion envers des phrases du type « Mon animal compte plus pour moi que n'importe lequel de mes amis », sur une échelle allant de 1 (« pas du tout d'accord ») à 4 (« tout à fait d'accord »).

Les chercheurs avaient supposé qu'un fort attachement à l'animal serait un élément positif pour la santé mentale, mais leurs résultats contredisent cette hypothèse. En effet, le degré d'attachement à l'animal s'est révélé être un critère prédictif positif fort de la dépression, de l'anxiété et de la solitude, et une corrélation négative a été établie avec les affects positifs.

Ces observations pourraient s'expliquer par le fait que les personnes les plus attachées à leur animal sont aussi souvent les plus isolées socialement sur le plan humain, ce qui constitue un facteur négatif pour la santé mentale. Il est également possible que les personnes souffrant d'anxiété ou de dépression s'attachent plus fortement à leurs animaux, mais des études plus poussées seraient nécessaires pour valider cette hypothèse.

Augmentation de l'expansion de soi

L'expansion de soi a été évaluée par les réponses à des questions du type « Dans quelle mesure le fait d'avoir un animal vous permet-il de vivre de nouvelles expériences ? », en les évaluant sur une échelle de 1 (« pas beaucoup ») à 7 (« beaucoup »).

Selon cette étude, l'affirmation de l'expansion de soi est fortement associée à des affects positifs. Sans surprise, ce critère est en revanche négativement associé au sentiment de solitude, ainsi qu'à la dépression, l'anxiété et aux affects négatifs.

Il est probable que la présence d'un animal donne l'occasion de participer à des activités qui permettent de rencontrer d'autres personnes et de s'affirmer socialement, faisant ainsi diminuer l'expérience de la solitude. Le niveau d'expansion de soi n'a cependant pas été corrélé à des niveaux de dépression plus faibles, comme des recherches antérieures sur le sujet l'avaient pourtant montré.

Influence du sexe (du propriétaire) mais peu de l'espèce (d'animal)

Les résultats relatifs à la perception de la réactivité ou de l'insensibilité de l'animal, au degré d'attachement et à l'expansion de soi ne sont pas indépendants du sexe du propriétaire ni de l'espèce de l'animal.

La réactivité perçue de l'animal, le degré d'attachement à ce dernier et l'expansion de soi sont ainsi, en général, plus élevés chez les femmes interrogées que chez les hommes. La perception de l'insensibilité de l'animal est moins fréquente chez elles. Les femmes semblent donc tisser des relations de meilleure qualité avec leurs animaux.

Les résultats sont similaires en revanche lorsque l'on compare les résultats obtenus par les propriétaires de chiens par rapport aux possesseurs de chats, ce qui confirme des observations déjà publiées. Dans cette étude, le sentiment de solitude des propriétaires de chiens est toutefois moins prononcé que chez les propriétaires de chats.

Ainsi, les résultats de cette étude indiquent que la réactivité ou, au contraire, l'insensibilité perçue de la part des animaux, le degré d'attachement et l'expansion de soi sont des critères corrélés avec la santé mentale en général. L'importance particulière de la perception de l'insensibilité de l'animal tend à montrer que le fait d'avoir un animal pourrait aggraver la santé mentale des personnes fragiles.