titre_lefil
Elanco & Proplan

10 janvier 2023

Cystolithotomie percutanée : une alternative efficace à la cystotomie traditionnelle

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

 

La cystolithotomie percutanée est une technique décrite pour la première fois en 2011. C'est une technique mini-invasive, utilisée en alternative à la cystotomie, traditionnellement employée pour le retrait chirurgical de lithiases urinaires (vésicales et urétrales). En effet, la cystotomie traditionnelle est associée à des complications, telles qu'une douleur et une hématurie postopératoires, une obstruction de l'urètre, des adhérences intraabdominales, etc. La procédure de cystolithotomie percutanée, moins invasive, ne nécessite qu'une incision cutanée ventrale d'environ 1 cm (contre 2 à 7 cm pour une cystotomie), afin d'introduire un endoscope permettant d'accéder à la vessie et l'urètre, et retirer les calculs.

Potentiellement plus sûre et efficace pour retirer la totalité des calculs présents, n'est-elle pas plus longue et (parfois) laborieuse ? L'étude rétrospective de 81 cas opérés par l'une ou l'autre des techniques montre que leur efficacité est similaire, de même que le temps opératoire, mais aussi le risque de complication.

Une 40aine d'animaux opérés par chaque technique

L'étude a porté sur une durée de 4 ans (2014-2018), incluant tous les cas de chiens et chats opérés dans une même structure de référés par l'une des deux techniques, indépendamment du nombre et de la localisation des calculs (vésicaux, urétraux ou les deux) et des caractéristiques démographiques des animaux. Le dossier médical, en revanche, devait être complet avec, notamment, le rapport de la chirurgie et un suivi postopératoire d'au moins deux semaines.

Dans tous les cas présentant des calculs urétraux, ces derniers avaient été préalablement refoulés dans la vessie par urohydropulsion rétrograde. Le protocole anesthésique était identique quelle que soit la technique chirurgicale mise-en-œuvre, choisie en concertation avec le propriétaire. Ainsi,

  • 10 chats et 31 chiens ont été opérés par cystolithotomie percutanée, soit 41 au total (groupe 1) ;
  • 7 chats et 33 chiens l'ont été par cystotomie traditionnelle, soit 40 au total (groupe 2).

Les deux groupes sont sans différence d'âge ou de poids, pour chaque espèce (voir tableau en illustration principale), et les résultats des analyses de sang (marqueurs rénaux) sont équivalents.

Des interventions aussi longues

Les résultats montrent que la durée de l'anesthésie est équivalente dans les deux groupes (90 minutes en médiane pour le groupe 1 et 98 minutes pour le groupe 2, voir détail par espèce dans le tableau).

La durée de la chirurgie n'est pas plus longue dans le groupe 1 : 45 minutes contre 48,5 minutes pour le groupe 2 (différence non significative).

Assez étonnamment, le nombre de lithiases présentes (plus ou moins de 10) n'affecte pas le temps chirurgical, chez le chat comme chez le chien.

Hospitalisation plus courte des chiens

La seule différence significative est la durée d'hospitalisation, significativement plus courte pour les chiens lors de cystolithotomie percutanée : les animaux sont rendus à leur propriétaires après 11 heures en médiane, contre 28 heures lors de cystotomie. Chez le chat, la différence n'est pas significative (24 heures versus 57), mais l'effectif réduit étudié a pu limiter l'analyse statistique.

Globalement, 70 % des animaux du groupe 1 (les 10 chats et 18 chiens) ont pu rentrer à domicile le soir même du jour de l'intervention, un délai très apprécié des propriétaires (qui ont le plus souvent déposé leur animal le matin) et qui réduit le coût. Cela n'a été le cas que pour 2 animaux (1 chat et 1 chien) du groupe 2. Le temps postopératoire est effectivement plus court lors de cystolithotomie percutanée, technique moins invasive autorisant une récupération plus rapide.

Efficacité comparable

Le retrait complet des urolithes était contrôlé par une radiographie en postopératoire immédiat (lors de calculs radio-opaques, ce qui était la grande majorité des cas). Un seul cas de retrait incomplet a été observé, chez un chien du groupe 1, qui présentait plus de 100 calculs… Devant la durée particulièrement prolongée de l'intervention (plus de 2h30), les chirurgiens ont intentionnellement laissé quelques petits calculs dans la vessie (mesurant moins de 1 mm de diamètre), qui se sont révélés sans conséquences cliniques par la suite.

Les complications étaient également évaluées, et ne montrent pas de différence significative entre les groupes. Les complications majeures sont celles mettant en jeu la survie de l'animal, ou nécessitant, par exemple, de basculer d'une cystolithotomie percutanée vers une une cystotomie en peropératoire, ou, en postopératoire, de pratiquer une reprise chirurgicale. Elles sont considérées à court terme si survenues dans les 3 jours après l'intervention, à moyen terme sinon. Et les résultats montrent que ces complications sont rares, avec l'absence de complication majeure en peropératoire dans le groupe 1, notamment. En postopératoire, des complications mineures ont été rapportées pour 32 % des animaux du groupe 1 et 45 % de ceux du groupe 2 (une hématurie ou une inflammation de la plaie chirurgicale, par exemple, toutes résolues en 10 jours) ; des complications majeures sont survenues dans 2 cas du groupe 2, à court terme, dont une obstruction urétrale chez un chat, provoquée par un calcul persistant.

Au final, le succès total de l'intervention, avec un retrait complet des lithiases, est observé chez 97 % des animaux dans chacun des groupes.

Alternative efficace

Les auteurs concluent de ces résultats que la cystolithotomie percutanée est une technique alternative sûre et efficace pour le retrait des lithiases du bas appareil urinaire, chez le chat et le chien.

Outre l'inspection visuelle de la vessie, l'un des avantages de la technique est l'exploration de l'urètre, qui a été réalisée dans son intégralité ici (groupe 1) chez toutes les femelles (4 chiennes et 3 chattes), et tous les chiens mâles de plus de 6 kg (22 cas). Chez les chats mâles, il a été exploré sur ses deux-tiers, et chez les petits chiens mâles (< 6 kg) jusqu'à l'os pénien.

La récupération post-chirurgicale est aussi plus rapide. Les auteurs soulignent que le format de l'étude (rétrospective et sans protocole analgésique standardisé) ne leur a pas permis d'évaluer la douleur associée à la chirurgie, potentiellement moindre avec une technique mini-invasive telle que la cystolithotomie percutanée. Le suivi à long terme n'a pas non plus été évalué ici.

Enfin, si le coût de l'intervention peut être diminué par la réduction de la durée de l'hospitalisation de l'animal, il reste que la cystolithotomie percutanée nécessite un équipement spécifique, ainsi qu'un temps de préparation et de nettoyage de la salle du bloc qui peuvent représenter un facteur limitant.