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Elanco & Proplan

11 janvier 2016

Collapsus trachéal : 7 à 9 cas sur 10 répondent au traitement médical

par Agnès Faessel

Entre un tiers et deux tiers des cas de collapsus trachéal surviennent chez des chiens de race Yorkshire terrier. Le caniche nain, le carlin, le bichon maltais, le chihuahua et le spitz nain sont également des races fréquemment atteintes. D’après Tappin, JSAP 2016 (cliché Wikipedia).

Un collapsus trachéal s’observe fréquemment chez les petits chiens d’âge moyen. Une revue bibliographique balaye son étiologie, son diagnostic et sa prise en charge.

 
Entre un tiers et deux tiers des cas de collapsus trachéal surviennent chez des chiens de race Yorkshire terrier. Le caniche nain, le carlin, le bichon maltais, le chihuahua et le spitz nain sont également des races fréquemment atteintes. D’après Tappin, JSAP 2016 (cliché Wikipedia).
 

Le premier numéro de l’année du Journal of Small Animal Practice publie en libre accès une revue sur le collapsus trachéal chez le chien. En première intention, le traitement médical apporte généralement de bons résultats.

25% des chiens présentent des signes dès 6 mois

Le collapsus trachéal s’explique par une dégénérescence des anneaux cartilagineux de la trachée conduisant progressivement à un affaissement dorso-ventral de celle-ci et une laxité de sa membrane dorsale. Il est souvent associé à un collapsus bronchial.

Il s’agit d’une maladie évolutive, qui survient principalement chez les chiens de petites races et races naines d’âge moyen. Toutefois, environ un quart des animaux touchés présentent des signes cliniques dès l’âge de 6 mois, laissant supposer une origine congénitale. D’autres atteintes du tractus respiratoire (infection, paralysie laryngée, bronchite chronique), mais aussi une intubation trachéale ou un surpoids, peuvent favoriser l’apparition des symptômes.

Devenu clinique, le collapsus trachéal s’auto-entretient : l’inflammation chronique locale génère une toux qui aggrave l’inflammation, etc. La sécrétion muqueuse est également perturbée.

Radiographie à l’expiration

Le motif de consultation est avant tout une toux sèche, observée lors d’exercice ou de prise alimentaire. Elle peut être associée à un stridor (bruit aigu) respiratoire haut. Son évolution est généralement chronique. Mais certains chiens présentent une détresse respiratoire aiguë d’origine obstructive, liée à un facteur déclenchant (chaleur, excitation, stress, pneumonie).

La dyspnée est généralement inspiratoire lorsque le collapsus est localisé sur la trachée extra-thoracique, expiratoire s’il touche la partie intra-thoracique.

L’examen clinique (palpation – prudente – et auscultation de la trachée) permet d’établir une suspicion parfois forte de collapsus trachéal. Sa confirmation, sa localisation et sa sévérité requièrent des examens d’imagerie. Une radiographie au pic expiratoire est conseillée, car le collapsus même marqué est souvent invisible à l’inspiration. Malgré ces précautions, l’examen sous-estime souvent la gravité de l'atteinte.

La fluoroscopie est un examen plus précis. Dans une étude, elle a détecté 8 % de cas non visibles à la radiographie. Une échographie peut également être pratiquée.

L’endoscopie, enfin, représente un examen de choix pour localiser et évaluer la sévérité du collapsus : grade I (diminution de 25 % de la lumière trachéale) à IV (perte totale). Elle est réalisée sous anesthésie générale.

Maladies concomitantes

Des pathologies concomitantes peuvent être recherchées, notamment une paralysie laryngée, présente dans jusqu’à 30 % des cas, une insuffisance mitrale (17 % des cas), ou une hépatomégalie, souvent associée.

Traitement médical sauf urgence

En cas de détresse respiratoire grave, la stabilisation de l’animal est évidemment prioritaire, avant le diagnostic : supplémentation en oxygène, environnement calme et frais, sédation le cas échéant. Si une intubation est requise, elle occasionne l’établissement du diagnostic de collapsus trachéal et son éventuelle prise en charge chirurgicale.

Mais dans la plupart des cas – 71 à 93 % selon les études – le traitement médical est efficace à long terme (plus de 12 mois). Il est progressivement stoppé chez 50 % des chiens.

Médicaments et amaigrissement

Ce traitement vise à rompre le cercle vicieux entretenant l’inflammation et la toux. Il associe antitussifs et bronchodilatateurs, éventuellement des corticostéroïdes (à faible dose et sur une courte durée). Les antibiotiques ne sont pas utiles sauf en cas d’infection.

L’obésité est un facteur aggravant : l’augmentation de la masse adipeuse dans les tissus thoraciques gène la respiration en limitant les mouvements du thorax. Aussi, un traitement diététique et la reprise de l’exercice physique sont-ils souvent associés à une amélioration clinique.

Stopper l’inhalation de fumée de cigarettes est bénéfique pour le chien présentant un collapsus trachéal, « mais ce conseil est difficile à suivre » (cliché Pixabay).

Un environnement non fumeur et le remplacement du collier par un harnais sont également à conseiller pour éviter l’irritation et la compression de la trachée.

Chirurgie : avant 6 ans

L’article s’intéresse ensuite au traitement chirurgical du syndrome. Celui-ci est proposé si le cas est réfractaire au traitement médical ou si les symptômes sont graves (cyanose, intolérance à l’exercice, dyspnée), soit une atteinte de grade II ou plus (lumière trachéale réduite de plus de 50 %).

Le pronostic à long terme est également meilleur, quelle que soit la gravité clinique, si le chien n’est pas âgé de plus de 6 ans.

L’intervention n’est pas curative mais vise à rétablir le flux d’air sans rompre le système mucociliaire. Il n’empêche pas toujours de devoir continuer le traitement médical, antitussif en particulier.

Aujourd’hui, les principales techniques chirurgicales utilisées en traitement du collapsus trachéal sont la pose de prothèses extraluminales (prothèses en forme de C disposées le long de la trachée) et – moins invasive – celle d’un stent trachéal (implant intraluminal).