11 mars 2025
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Les chats sont des prédateurs… quand ils ont accès à l'extérieur, et la quantification de leur poids sur la biodiversité est sujette à de nombreuses études, malheureusement portant toujours sur un intervalle de confiance important. Ce que cette nouvelle étude britannique montre, c'est que les niveaux de prédation élevés ne sont le fait que de quelques sujets : ici 3 des 533 chats suivis. Elle montre aussi que la clochette n'a aucun effet significatif sur le niveau de prédation, ce qui avait aussi été identifié par des études préalables.
Le protocole était comparable à celui utilisé dans une étude française récente pilotée par la Société Française de l'étude et de la protection des mammifères. Un site internet a été mis en place, destiné aux propriétaires souhaitant participer à l'étude. Ils devaient renseigner l'identité de leur animal, ses habitudes (seuls les chats vivant à 100 % en intérieur étaient exclus), son état général (y compris le poids), la présence d'une chatière, si le chat était pourvu ou non d'un dispositif limitant la prédation (clochette, collier). Les maîtres s'engageaient à renseigner ces données le plus longtemps possible, l'étude ayant duré de juin 2018 à décembre 2021. Ils recevaient un guide d'identification des principales espèces de mammifères, d'oiseaux, de reptiles et d'amphibiens susceptibles d'être ramenées par leur félin. Ils étaient encouragés à prendre chaque proie ramenée en photo, et à fournir des détails sur son état (vivante, morte, consommée partiellement ou totalement, etc.). L'absence de cliché n'empêchait pas de saisir les données de prédation (seules 46 % des proies ont été photographiées).
La localisation des chats se faisait à partir du code postal de ses maîtres (donnée extrêmement fiable et précise, outre-Manche). Ainsi, les auteurs observent que les 533 chats renseignés pendant la durée de l'étude habitaient dans l'ensemble du Royaume-Uni, avec de plus fortes densités là où les populations humaines étaient aussi le plus présentes (grandes villes). La durée de participation des maîtres allait de 1 mois à la totalité de l'ouverture du site internet (43 mois). Les données étaient rassemblées par mois de prédation, toutefois, 64 % des mois renseignés indiquaient une absence proie ramenée au domicile. Au total les 533 chats ont ramené 7 013 proies signalées par leurs maîtres, avec une moyenne de 1,5 proie par mois et par chat. Toutefois, pour 70 % des chats, moins de 0,3 proie par mois sont renseignées. Il s'agit :
Ainsi, « la majorité des espèces ramenées par les chats ne sont pas préoccupantes au sens de la conservation » ; ils ramènent même des espèces invasives (6,5 % des captures : rat noir, écureuil gris, lapin).
Du côté des chasseurs assumés, 8 chats ont ramené plus de 10 proies par mois, dont 3 plus de 15/mois. Les auteurs les ont baptisés « super-prédateurs ». Les auteurs fournissent plus de détails sur ces trois chats en tête des tableaux de chasse :
L'absence de profil type du super-prédateur fait proposer aux auteurs que ce caractère soit du ressort « d'une grande variabilité individuelle ».
Pour les facteurs favorisant ou limitant la prédation, le statut stérilisé ou non n'a pas été intégré aux calculs des auteurs car 98 % des chats suivis avaient été stérilisés. En revanche, le sexe a un rôle significatif, les mâles ramenant environ 20 % de proies de plus que les femelles. Pour les auteurs, c'est en lien avec la taille du territoire, les mâles se promenant sur une étendue plus vaste que les femelles. La clochette ne joue par son rôle : alors que plus du quart (27 %) des chats de l'étude en étaient munis, ils ont ramené 35 % plus de proies… Et cet effet était plus important vis-à-vis des oiseaux que des mammifères. Les auteurs soulignent que les seules études où la clochette a été trouvée efficace ont utilisé les mêmes chats avec puis sans clochette (ou l'inverse), et que ces animaux n'étaient donc pas habitués à chasser avec clochette. Ce n'est manifestement pas le cas de ceux portant clochette en permanence. La présence d'une chatière n'est pas retrouvée significativement associée à un niveau de prédation.
Plusieurs autres variables ont été “logiquement” identifiées comme influençant significativement le niveau de prédation :
Pour l'extrapolation, les auteurs ont utilisé une sous-population de 157 chats pour lesquels les données avaient été enregistrées sur au moins 12 mois successifs : la médiane est alors de 5 proies annuelles. Ce qui, pour les 7,45 millions de chats britanniques ayant accès à l'extérieur, fait une prédation de 37,25 millions de proies par an. Un autre mode de calcul serait de prendre en compte les 18 proies par an ramenées en moyenne par l'ensemble de la population étudiée (mais la médiane est nulle puisque la grande majorité des chats ne ramène pas de proies) : cela donnerait alors 140,4 millions de proies par an. Les auteurs soulignent que, parmi les facteurs trouvés ici associés à la prédation, le seul sur lequel les maîtres pourraient avoir une influence sont les sujets en-dessous du poids idéal… Mais rien n'indique que mieux nourris, ils ne poursuivraient pas leur activité de prédation. Les auteurs n'évoquent pas la possibilité de sensibiliser les maîtres de chats super-prédateurs à limiter les activités de leur animal, ce qui pourrait être un sujet de recherche en soi…
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