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20 février 2025

Sténoses pulmonaire et aortique congénitales du Terre-neuve : le programme français de dépistage est un succès

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Le programme français de dépistage des sténoses aortique et pulmonaire chez les Terre-neuve a examiné plus de 900 chiens en 14 ans et détecté 9 cas ; aucun sur les trois dernières années (cliché : Ecureuil 222, wikimedia).
Le programme français de dépistage des sténoses aortique et pulmonaire chez les Terre-neuve a examiné plus de 900 chiens en 14 ans et détecté 9 cas ; aucun sur les trois dernières années (cliché : Ecureuil 222, wikimedia).
 

Mis en place à partir de 2010, le programme de dépistage des futurs reproducteurs de race Terre-neuve pour la présence de sténoses pulmonaire ou congénitale s'est appliqué de manière obligatoire en France. Il a permis, par l'examen de plus de 900 sujets, de faire reculer la prévalence de ces affections congénitales, en n'en détectant aucun cas sur 2021-2023. C'est un succès inédit, puisque les auteures de ce bilan, publié récemment, indiquent que des programmes comparables n'ont pas eu le même succès outre-Manche ni outre-Atlantique.

Pas de test génétique

Le sur-risque de développer une sténose aortique sous-valvulaire est x 35 chez le Terre-neuve, du fait de la prédisposition raciale à une sténose pulmonaire ou aortique. Et les chiens concernés, quand la sténose aortique sous-valvulaire est « modéré à sévère présentent un risque plus élevé de développer des signes cliniques (par exemple intolérance à l'effort, syncope), une mort subite, une endocardite infectieuse et une insuffisance cardiaque congestive gauche », obérant leur espérance de vie. Il y a une cause génétique à cette prédisposition, dont le mécanisme n'est pas encore clairement identifié (donc pas de test génétique), mais permettant d'espérer qu'une sélection des futurs reproducteurs sur ces phénotypes pourrait se révéler efficace pour limiter leur prévalence chez leurs descendants. Un tel programme de dépistage « a été proposé en 2009 au Club Français du Chien Terre Neuve et du Landseer », écrivent les spécialistes de cardiologie de l'ENV d'Alfort et de la clinique vétérinaire Boulogne Roland Garros. Le programme a été adopté l'année suivante et supervisé sur ces 14 années par la première auteure de l'étude, qui était la seule à revoir et valider les examens Doppler des animaux.

Examen clinique, ECG et échocardiographie

Ce programme, « identique à celui adopté pour la race boxer », prévoit que chaque chien (il y en a eu 921 de dépistés sur la période) subisse un examen clinique complet, « suivi d'une échocardiographie transthoracique standard (mode M, mode bidimensionnel (2D) et Doppler spectral) avec traçage électrocardiographique (ECG) concomitant ». Ces examens pouvaient être réalisés par des praticiens généralistes, et chaque examen donnait lieu à un rapport standardisé comprenant des images « de bonne qualité » et des courbes Doppler « bien définies, accompagnées des tracés ECG ». En cas de défaut sur les courbes Doppler, il était demandé à ce que l'examen soit renouvelé. Ce qui permettait d'attribuer à chaque animal un statut (de 0 à 3) pour chaque sténose (absente, légère, modérée ou sévère). Les 921 sujets inclus ont été examinés par des praticiens dans toute la France (n=133, dont 11 % de spécialistes et itinérants), outremer inclus (6 chiens).

Neuf cas sur 879 chiens

Il y a eu 1 014 examens en tout. Dans plus de 9 cas sur 10 (90,6 %), les données transmises étaient de qualité suffisante pour attribuer d'emblée un statut aux animaux correspondants, mais pour 6,6 % des animaux, le renouvellement de l'examen, demandé, n'a pas été réalisé. Pour 860 chiens, un statut a été déterminé au regard des deux sténoses, plus 16 chiens au regard de la seule sténose aortique et 19 pour la sténose pulmonaire. Aucune sténose modérée ni sévère n'a été détectée (l'âge médian des chiens à l'examen était de 1,9 ans). Il y a eu 8 chiens avec une sténose aortique légère et 2 à sténose pulmonaire sévère, un seul sujet présentant les deux. Pour tous ces 9 chiens, un souffle systolique basilaire avait été détecté (trois chiens indemnes de sténose en présentaient aussi un). Les auteurs ne détectent pas de sur-risque lié au sexe, l'âge à la consultation, le poids de l'animal ni leur niveau de consanguinité (calculé à partir du pedigree). Par ailleurs, 3,3 % des Terre-neuve examinés présentaient une maladie cardiaque congénitale autre que l'une ou l'autre des sténoses (soit une fréquence trois fois supérieure aux affections ciblées par le dépistage), mais presque toutes étaient modérées. Aucun des 921 tracés ECG ne présentait d'anomalie.

Selon les auteures, le bilan des 14 premières années de ce programme représente « l'une des plus importantes populations canines de Terre-neuve étudiées en cardiologie vétérinaire ». À ce titre, elles saluent « la forte implication des praticiens sur l'ensemble du territoire », aucun dossier n'étant arrivé incomplet avant supervision. Les signes du succès de ce programme sont qu'il n'y a eu aucun animal détecté avec une sténose entre 2021 et 2023. « Les derniers cas de sténose aortique et de sténose pulmonaire ont été diagnostiqués et 2019 et 2020, respectivement », ce qui a « contribué à améliorer la santé cardiaque de la race ». Elles estiment nécessaire « de maintenir un tel programme de dépistage sur les prochaines années ».