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24 novembre 2023
ÉcoAntibio3 : réduire les usages d'antibiotiques en canine de 15 % sur 5 ans au plus
L'annonce phare du troisième plan ÉcoAntibio, dévoilé par le ministère de l'Agriculture le 18 novembre, est « une réduction de 15 % de l'exposition des animaux de compagnie aux antibiotiques » au plus tard en 2028 par rapport à la moyenne 2020-2022. Ce plan concerne aussi l'ensemble des filières de productions animales, et élargit le champ de son application aux antimicrobiens autres que les antibiotiques (antiprotozoaires et antifongiques) ainsi qu'aux antiparasitaires, pour en promouvoir « le bon usage », en même temps que celui des antibiotiques.
Derrière cette annonce de réduction chiffrée figure le constat qu'en 2022, « le niveau d'exposition des chats et des chiens par les voies orale et parentérale est proche de celui estimé en 2011. Après une baisse estimée à 19,5 % au cours du premier plan EcoAntibio, [leur exposition aux antibiotiques, mesurée en Alea] a augmenté sur les dernières années », même s'il elle a reculé de 3,1 % entre 2021 et 2022, soulignait l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) dans son rapport du suivi de consommation des antibiotiques vétérinaires en 2022 publié en début de semaine. Elle prévenait même que, « dans ce contexte d'une augmentation probable de la médicalisation des animaux de compagnie, l'évolution de l'exposition des chats et des chiens devra être surveillée ». Ce qui va donc être fait sur les années à venir.
Outre la hausse d'exposition, le rapport de l'ANMV relevait aussi une « augmentation de l'exposition aux pénicillines, enregistrée depuis 2016 ». Celle-ci « concerne plus particulièrement les comprimés associant de l'amoxicilline et de l'acide clavulanique qui représentent 46 % de l'exposition des chats et chiens en 2022 », et une augmentation de 47,8 % par rapport à 2016 (voir le graphique ci-dessous). Il s'agit d'un report « probable » depuis d'autres classes. Toutefois, l'association amoxicilline-acide clavulanique « est classée dans la catégorie C “Attention” selon la catégorisation de l'AMEG », c'est-à-dire des antibiotiques de seconde intention. « L'administration de ces antibiotiques est à envisager seulement s'il n'existe pas d'antibiotique efficace au plan clinique dans la catégorie D » (première intention), à laquelle appartient l'amoxicilline seule. Pour ces raisons, le plan ÉcoAntibio3 estime que les reports vers l'association « doivent être endigués par la promotion d'un usage raisonné, optimisé et diversifié des antibiotiques et par un effort de conservation d'un panel suffisant d'antimicrobiens ». Enfin, le risque zoonotique est aussi avancé comme justification de cette mesure : « si les animaux de compagnie représentent une faible proportion dans le tonnage total d'antibiotiques vendus, et que cette filière a réalisé des efforts importants en matière de réduction de l'usage des antibiotiques critiques, leur proximité avec l'homme nécessite de poursuivre activement les efforts afin de diminuer l'utilisation d'antibiotiques chez l'animal de compagnie, dans une démarche “une seule santé” ».
Pour les équidés, espèce ayant également fait l'objet d'une appel à la vigilance dans le rapport e l'ANMV, « un des objectifs du plan ÉcoAntibio3 sera de mieux évaluer l'exposition en considérant les spécificités de la filière et continuer de promouvoir l'usage raisonné des antibiotiques ». Comme pour les autres espèces animales, cette réduction des usages pourra être maintenue au travers de la promotion de « la vaccination chez les animaux de rente et de compagnie contre les maladies animales induisant un recours aux antimicrobiens et aux antiparasitaires », sans oublier biosécurité et zootechnie. Les « grands objectifs du plan » comprennent aussi « la bonne application de la règlementation en matière de prophylaxie et de métaphylaxie [pour laquelle] le déploiement de l'outil Calypso permettra aux professionnels de disposer de données d'autoévaluation de leurs pratiques ».
Pour « amplifier les bons résultats obtenus depuis plus de 10 ans dans le domaine de la santé animale », le plan prévoit la promotion du bon usage car « l'engagement des professionnels doit être maintenu grâce à des campagnes de communication régulières, permettant de promouvoir les bons comportements et de mettre en avant les bons résultats du plan. Des messages permettant de mieux connaître les règles de bon usage et les risques associés pour l'utilisation des antibiotiques chez les animaux de rente et les animaux de compagnie doivent être diffusés au grand public et aux consommateurs ». Côté professionnels, des actions spécifiques novatrices sont prévues, comme la tenue de réunions de consensus pilotées par l'ANMV, ou encore le recours à des tests d'orientation diagnostique et à des antibiogrammes « au-delà de leur seul cadre réglementaire pour l'utilisation des antibiotiques critiques »…
Vingt-cinq actions sont prévues, avec un bref résumé et un ou des pilotes désignés (le plan a été construit en collaboration avec les parties prenantes de la santé animale). Elles sont regroupées au sein de cinq axes :
Ces actions sont résumées dans le tableau ci-dessous.
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