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6 février 2025
Pour limiter leurs effets sur le stress et l'anxiété, les incivilités au travail devraient déclencher une réaction de soutien
Faute de procédure préalablement en place, faut-il ignorer les incivilités dont peuvent être la cible un ou des membres d'une structure vétérinaire ? Une enquête réalisée par des psychosociologues du travail britanniques auprès d'un groupe inhabituellement important de professionnels propose des pistes. Car, selon leurs résultats, les incivilités, qu'elles soient du fait de clients ou de collègues, participent à l'anxiété, au stress et à la volonté de changer d'emploi.
L'incivilité sur le lieu de travail « est généralement définie comme un comportement insensible ou irrespectueux dont l'intention peut être ambiguë et qui va à l'encontre des attentes en matière de civilité ». Mais au-delà de cette définition un peu scolaire, cela recouvre des situations bien réelles pour les praticiens et les ASV. Ces sociologues ont rassemblé des personnes travaillant en structures vétérinaires dans le monde entier, démarchées via les réseaux sociaux et des courriels ciblés. Sur les 169 participants à l'enquête, 88 % étaient des femmes ; les pays représentés étaient avant tout le Royaume-Uni (78 %), devant le reste de l'Europe, l'Amérique du nord et l'Australie/Nouvelle-Zélande (6 % chacun). Il y avait 45 % de praticiens, 20 % d'ASV, 19 % de réceptionnistes, 8 % de gestionnaires de clinique et 3 % de soigneurs (le restant des participants n'ayant pas identifié leur poste). Dans la majorité des cas, l'exercice se faisait en canine (78 %), devant les structures mixtes (10 %) ou équines (7 %). Ces participants devaient répondre à un questionnaire en ligne, divisé en quatre volets, mais pouvaient sauter une question à tout moment.
Outre la description de leur situation, deux volets décrivaient quelques incivilités, qu'il fallait noter de 0 (jamais) à 5 (souvent) vécues. Une partie portait sur les incivilités liées à l'environnement professionnel (par exemple lorsqu'un collègue « ne prête pas attention à ce que vous dites ou à vos opinions ») et une autre à celles manifestées par des clients (sur les 6 derniers mois). Les réponses apportées aux incivilités étaient demandées (ignorer l'incivilité, faire face au comportement, en parler à un ami ou à un collègue, rendre la pareille, quitter la salle…). Un autre volet portait sur la satisfaction au travail, le stress, l'anxiété, le burnout (à noter sur différentes échelles). Enfin, le dernier volet explorait le soutien obtenu au sein de la structure lors de manifestations d'incivilités (obtention d'écoute, de soutien, manifestations de compréhension, respect dans les échanges…).
L'analyse statistique des réponses montre que « les incivilités par les clients sont corrélées positivement aux niveaux de stress, d'anxiété et de burnout » évoqués par les répondants. Le fait d'avoir subi des incivilités de la part de clients « est un prédicteur fiable d'un niveau de stress perçu comme élevé ». Pour ce qui est des réponses apportées à ces manifestations négatives :
Lorsque l'incivilité est manifestée par des collègues, elle est :
Lorsqu'ils analysent plus en détail ces incivilités, les auteurs observent un effet très net sur le niveau d'anxiété, qui est amoindri quand l'employé se sent soutenu par l'organisation de son site d'exercice. Quant aux réponses apportées spontanément par la personne ayant ressenti ces incivilités :
La majorité des répondants indique qu'il n'y a pas de procédure en place sur leur lieu d'exercice pour gérer les incivilités : « elles sont simplement ignorées ». Quand un référent sénior est présent, son intervention rapide est souhaitable, s'il en est informé. Les répondants circonscrivent trois recommandations : « agir immédiatement, écouter, soutenir », le soutien venant de la hiérarchie plutôt que de la base. Il est jugé important par les auteurs de réunir la personne à l'origine de l'incivilité au travail et la personne ciblée – « sauf quand le perpétrateur est justement le référent »…. Mais « il est aussi possible d'ouvrir la discussion sur le sujet au sein de l'équipe ». Le sujet peut aussi être lancé lors des réunions d'équipe sans qu'il ait été rapporté à une personne en particulier : « nous avons une réunion commune quotidienne où toutes les voix sont écoutées », précise un répondant. Vis-à-vis d'un client, il est aussi possible « de signaler son comportement, de le retirer de la liste des personnes dont les animaux seront suivis, voire de le réprimander ».
Pour une fois dans ce type d'étude, les auteurs concluent sur une proposition pratique de gestion en trois points :
La recherche (4 études publiées) indiquait déjà un impact négatif potentiel des incivilités sur le personnel vétérinaire, avec des rapports faisant état d'une baisse de confiance en soi, d'une humeur négative et d'une augmentation de l'anxiété. Ce travail complète ces aspects en distinguant les effets de l'incivilité par un client ou un collègue, en soulignant ses effets sur le stress et le burnout et en mettant en évidence le rôle positif que peut avoir un soutien de la part de la structure. Pour les auteurs, « la prochaine étape de cette recherche consistera à examiner les stratégies individuelles et les mécanismes de soutien organisationnel, afin d'identifier les meilleures pratiques de gestion des incivilités ».
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