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Elanco & Proplan

31 octobre 2024

Chlorhexidine, ou povidone iodée, pour la préparation du site opératoire en humaine ? C'est (presque) pareil

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Une méta-analyse brésilienne de 16 études randomisées d'humaine portant sur l'effet protecteur des infections du site opératoire (superficielles et profondes) par une préparation du site avec de la povidone iodée ou de la chlorhexidine identifie un avantage pour cette dernière, essentiellement liée à la prévention des infections superficielles (LeFil, d'après Felix de Farias Santos et coll., 2024).
Une méta-analyse brésilienne de 16 études randomisées d'humaine portant sur l'effet protecteur des infections du site opératoire (superficielles et profondes) par une préparation du site avec de la povidone iodée ou de la chlorhexidine identifie un avantage pour cette dernière, essentiellement liée à la prévention des infections superficielles (LeFil, d'après Felix de Farias Santos et coll., 2024).
 

Une nouvelle méta-analyse, vient confirmer qu'en humaine, la préparation du site opératoire par la chlorhexidine est significativement plus protectrice que par la povidone iodée au regard des infections du site opératoire (ISO) superficielles. Ces résultats semblent spécifiques de la médecine humaine. La peau des carnivores domestiques héberge une flore différente, et les rares essais comparatifs des deux désinfectants publiés décrivent une efficacité comparable de l'asepsie cutanée, au plan microbiologique comme pour les infections du site opératoire vétérinaire.

Seize essais randomisés

En propédeutique chirurgicale, expliquent ces auteurs, la povidone iodée est préférée à la chlorhexidine du fait de son moindre coût, et pour son large spectre antiseptique. Pour ce qui est de l'efficacité des deux désinfectants sur la prévention des infections du site opératoire, ils rapportent des « études contrastées » dans leurs résultats, les plus récentes ne trouvant pas de différence entre chlorhexidine et povidone iodée. Face à cette controverse, ils ont donc eu recours à une méta-analyse. Ces spécialistes de l'hygiène hospitalière de plusieurs université fédérales du Brésil ont passé en revue 2 058 références, à la recherche d'essais randomisés contrôlés, dans différents types de chirurgie (abdominale, cardiaque, osseuse, etc.). Les études comportant des patientes enceintes étaient écartées. Au final, seules 16 études ont été incluses dans la méta-analyse.

13 000+ patients

Elles ont impliqué au total 13 721 patients : pour 6 836 (49,8 %) la povidone iodée avait été utilisée, contre la chlorhexidine pour le restant (n=6 885 soit 50,1 %). Ils étaient âgés de 15 à 79 ans, et leur suivi, renseigné dans chaque étude respective, avait été effectué entre 3 jours (décès) et 3 ans (visites de suivis). Neuf études portaient sur les infections profondes et 7 sur les infections superficielles. Quatorze pays étaient représentés, et les patients provenant de pays en voie de développement représentaient 12 % de l'effectif total.

Avantage chlorhexidine…

Au bilan de la méta-analyse :

  • les taux globaux d'ISO étaient significativement plus élevés dans le groupe povidone iodée (OR=1,25 et intervalle de confiance à 95 % : 1,06 - 1,48 ; p = 0,007) que dans le groupe chlorhexidine (voir l'illustration principale).
  • De même, les taux d'ISO superficielles étaient plus élevés chez les patients ayant reçu une préparation par la povidone iodée que par la chlorhexidine (OR=1,67 ; IC à 95 % : 1,25 - 2,24 ; p < 0,001).
  • En revanche, pour les ISO profondes, la réduction du risque était non significative (OR=1,00 et IC à 95 % : 0,66 - 1,50 ; p = 0,994).

… mais non-infériorité de la povidone iodée

Les auteurs rappellent que les études incluses portent sur différents types de chirurgie, certaines pouvant ne pas être sources d'infections profondes. Or « les ISO profondes sont plus susceptibles d'entraîner des complications graves, des séjours hospitaliers prolongés et une augmentation des coûts ». Et sur ces infections, la povidone iodée s'avère non inférieure à la chlorhexidine. « Par conséquent, la povidone iodée reste une option efficace, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les considérations de coût sont cruciales » en milieu hospitalier. Enfin, ils rappellent que « 60 % des ISO peuvent être prévenue par des mesures de prévention », selon 6 stratégies, le choix du désinfectant pour la préparation du site opératoire n'étant que l'une d'entre elles. Dans tous les cas, pour la préparation des sites chirurgicaux, les recommandations sont en faveur de ces produits sous forme de solution alcoolique.

« En conclusion, ces résultats suggèrent que [les deux produits] peuvent être choisis en fonction de la disponibilité de la solution, des allergies du patient ou des considérations de coût », sans perte de chance pour les patients.